Le changement de statut juridique lui permettra de lever les fonds nécessaires à l’atteinte de ses objectifs. Les dirigeants de l’organisation en ont décidé ainsi lors du rendez-vous de la capitale rwandaise
Le magistral «Convention centre» de Kigali a abrité hier la cérémonie d’ouverture du 5è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de «Transform Africa».
L’événement a enregistré la présence de trois dirigeants du continent : Paul Kagamé du Rwanda, l’hôte du sommet, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali et Uhuru Kenyatta du Kenya. La salle était remplie d’universitaires, d’industriels, d’innovateurs, d’investisseurs, tout ce beau monde partage en commun la passion des technologies de l’information et de la communication (TIC) qui font actuellement des merveilles dans tous les domaines à travers le monde.
La cérémonie s’est déroulée en deux temps. La première partie a été consacrée à la visite des stands des exposants par les trois chefs d’Etat. Startups, investisseurs, innovateurs, tous ont présenté leur savoir-faire aux visiteurs de marque et aux nombreux participants qui ont fait le déplacement dans la capitale rwandaise.
La seconde partie de la cérémonie a été réservée aux discours et à la série des questions-réponses. Le premier intervenant fut le directeur exécutif de Smart Africa, l’Ivoirien Lacina Koné. Après avoir mis l’accent sur le thème du sommet : « Stimuler l’économie numérique en Afrique », le patron de Smart Africa dira que l’Afrique, considérée comme le continent le plus jeune du monde, a besoin d’une plateforme pour se transformer vers un marché numérique unique. « Pour atteindre cet objectif, nous devons connecter et interconnecter nos Etats, innover nos approches de développement afin de transformer et propulser notre continent vers une économie basée sur la connaissance. Cela représente les enjeux et les défis à relever par Smart Africa», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Lacina Koné a rappelé que Smart Africa est basé sur cinq piliers qui sont la politique, l’accès aux TIC, le e-gouvernement, le secteur privé (entrepreneuriat) et le développement durable. Ces cinq piliers reposent, à leur tour, sur quatre outils transversaux en vue de faciliter la mise en œuvre des actions de Smart Africa.
De son côté, le président rwandais, initiateur du sommet «Transform Africa », a réitéré sa détermination de tout mettre en œuvre pour que Smart Africa puisse atteindre ses objectifs, à savoir assurer l’interconnectivité des Etats, placer les TIC au centre de l’agenda national de développement socio-économique, améliorer la responsabilité, l’efficacité et l’ouverture grâce aux TIC, tirer partie des TIC pour promouvoir le développement durable, améliorer l’accès des populations aux TIC et donner la priorité au secteur privé.
BAMAKO SMART CITY DE DEMAIN – Lors de la séance des questions-réponses, le président Ibrahim Boubacar Keïta a justifié sa présence à ce sommet par le fait que le Mali fait partie des pays fondateurs de Smart Africa en 2013 à Kigali. Mais ce n’est pas tout.
Le numérique, a-t-il dit, est aujourd’hui incontournable pour accélérer le développement socio-économique sur le continent. Par ailleurs, le président Ibrahim Boubacar Keïta pense que le terrain sur lequel se propagent le terrorisme et la pauvreté, il y a lieu pour nos Etats de faire des efforts sur le plan économique. Et pour cela, les TIC constituent un outil efficace pour créer des conditions économiques viables dans nos pays.
En outre, le président Keïta a souligné que notre pays a fait beaucoup d’efforts en matière d’accès aux TIC. « Le Mali a une couverture téléphonique fabuleuse avec 26 millions d’abonnés au téléphone. Il y a aussi 6 millions de Maliens qui sont connectés à Internet », a-t-il relevé, ajoutant que le pays continue à développer ce secteur pourvoyeur d’emplois. «Aujourd’hui, je crois à ce signe du temps qu’un sommet se tienne ici à Kigali sur comment booster l’économie numérique en Afrique. Par ces temps-ci, c’est une preuve de l’engagement de ce pays à être dans le sens de l’histoire, et à faire en sorte que l’Afrique entière s’engage sur la voie du développement numérique», a développé le président de la République dans une interview accordée aux envoyés spéciaux de l’ORTM et de l’AMAP.
Le président Keïta a également souligné que les TIC peuvent aider notre pays à relever des défis dans les domaines de la sécurité, de la santé, de l’éducation. « Quand il y a un pays aussi enclavé que le nôtre, aussi vaste que le nôtre (il y a des zones difficiles d’accès), ce qui est aujourd’hui réussi ici peut être très utile là-bas aussi », a-t-il indiqué.
«Je dis encore toute ma foi au numérique qui fait aujourd’hui de Kigali une Smart City, et que nous aussi nous fassions de Bamako une Smart City demain, que le e-développement arrive chez nous… Je crois qu’on n’a pas le choix, il est grand temps que nous embarquions dans le train du numérique.
D’ailleurs, ce n’est pas non plus un hasard si nous avons aujourd’hui un ministère de l’Economie numérique et de la Prospective. Cela a son sens. Je pense que tout cela nous vaut d’être ici et nous avons bien fait d’être ici et de partir avec beaucoup d’engagements intéressants», a expliqué le président Keïta, ajoutant que le changement de statut juridique de Smart Africa lui permettra d’accéder aux investissements à hauteur de souhait.
A l’issue de la cérémonie, le président Ibrahim Boubacar Keïta a été reçu en audience par son homologue rwandais, Paul Kagamé. Une audience au cours de laquelle les deux chefs d’Etat ont parlé de la compagnie aérienne du Rwanda (RwandAir) qui va bientôt desservir Bamako. Pour le président Keïta, ce projet sera très utile pour notre pays.