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Lutte contre le terrorisme: exigences européennes aux États du Sahel
Publié le jeudi 16 mai 2019  |  Info Matin
Combattants
© Autre presse par DR
Combattants du groupe Ansar Dine près de Tombouctou au Mali, avril 2012
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Les ministres Affaires étrangères et de la Coopération internationale ainsi que de la Défense des pays du G5 Sahel et leurs homologues de l’Union européenne ont pris part, ce mardi 14 mai 2019, à une réunion conjointe autour de la lutte contre le terrorisme et la sécurité au sahel. Au moment où l’UE considère que les efforts de ses États membres, en faveur du G5 Sahel, augmentent, paradoxalement, la situation sécuritaire de ce vaste espace se dégrade. Les discussions, selon des sources participantes, ont été souvent chaudes entre les des deux parties, mais empruntes de civilité et de respect mutuel.

Les pays du G5 sahel et ceux de l’UE partagent toutefois une évidence, l’horreur des attaques terroristes face à laquelle, il faut nécessairement une course contre la montre. Pendant leurs débats et alors qu’ils venaient de respecter une minute de silence en mémoire des deux soldats français tués au Burkina Faso lors de l’opération de sauvetage des otages enlevés au Bénin, les participants apprenaient qu’un groupe armé avait tué quatre catholiques dans le nord du Burkina. C’est la troisième attaque meurtrière contre des lieux de culte et des fidèles dans ce pays en l’espace de quinze jours. Dimanche, un prêtre et cinq fidèles avaient été tués dans une église.

De nombreuses questions subsistent en tout cas à propos du rôle de la Force conjointe du G5, pour laquelle l’UE a fourni une contribution de 147 millions d’euros qui ne peut couvrir que du matériel non létal. Pour agir dans les zones frontalières, les cinq pays ont mis en place leur propre force de sécurité régionale, soit quelque 5 000 hommes soumis à un commandement centralisé.

Les causes principales du retard de l’opérationnalisation de la force G5 sont le manque de financement, mais aussi la faiblesse d’un certain nombre d’armées de la région. Le G5 n’est en fait que la somme de celles-ci et, entre les pays, les niveaux sont différents.

Au Mali malgré les efforts pour la renaissance d’une armée qui a fait ses preuves dans la région, ses positions sont régulièrement soumises à des attaques meurtrières, comme à Dioura, le 17 mars, où elle a perdu 26 soldats.

Les forces armées maliennes constituent aussi une part du problème lorsque, dans le centre du pays, elles s’avèrent incapables d’empêcher des tueries communautaires comme à Ogossagou, le 23 mars, et se retrouvent périodiquement accusées d’exactions.

Du côté européen, en partenariat avec l’ONU, on insiste d’ailleurs lourdement sur la nécessité, pour les pays de la région, de se conformer aux droits humains et au droit humanitaire international. « C’est important pour rendre confiance à la population », souligne Mme Mogherini. Depuis le début d’année, de nouveaux ministres de la défense et de nouveaux chefs d’état-major ont été nommés, tant au Mali qu’au Burkina Faso.

« Les malheurs d’un pays comme le Mali proviennent de la Libye, affirme pour sa part le chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, présent à ce rendez-vous de Bruxelles. « Il faut que l’Europe se coordonne et agisse davantage pour y favoriser la paix et la stabilité » ; a-t-il poursuivi.

Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères et de la Défense, réplique qu’il appartient aussi aux pays concernés de contrôler leurs frontières et d’arrêter les trafics qui y pullulent. Les Européens appellent également leurs partenaires à désarmer les milices, à réformer les forces de sécurité, à mettre fin à l’impunité, et à redéployer les services publics dans les zones où ils ont disparu.

Pour ce faire, l’Europe, qui aura consacré 8 milliards d’euros à la région pour la période 2014-2020, se dit prête à poursuivre ses efforts, tant financiers que sécuritaires, politiques ou humanitaires.

Aujourd’hui, confesse un diplomate bruxellois, « la vraie question est de savoir si notre stratégie de coopération antiterroriste a une chance de réussir ». Dans une relative discrétion, note-t-il, les États-Unis s’y emploient, eux, depuis dix-sept ans (avec au départ, l’Initiative Pan-Sahel), mais « ils ont déjà conclu qu’ils avaient échoué, ce qui les inquiète moyennement, car la zone reste périphérique par rapport à leurs intérêts ». Ce n’est, évidemment, pas le cas pour les Européens.

Par Sidi DAO

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