Des jeunes leaders de plusieurs Associations ont anime ce démanche 19 mai une conférence de presse pour dénoncer les propos du général français jean Bernard Pinatel appelant à donner un statut aux peulh et aux touareg. Lors de cette conférence de presse les leaders de ces Associations ont décidés d’organiser un grand meeting populaire le samedi prochain pour condamner et demander le départ des troupes françaises au Mali.
Nous vous livrons ici l’intégralité de leurs discours :
Le peuple malien a entendu avec consternation certains propos inamicaux, voire haineux tenus successivement par un officier, universitaire et médias français aux ordres d’un État qui s’ingénie depuis des décennies à travestir notre histoire en tant que nation pour l’adapter à son projet méphitique d’opposer nos communautés qui ont toujours vécu dans la symbiose les unes aux autres.
C’est d’abord le Général Jean-Bernard Pinatel qui a ouvert ce bal en déclarant qu’au Mali « la situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les touaregs et les peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud ». Depuis quand une communauté peule du Mali s’inscrit dans l’irrédentisme ? Tous les peuls sont-ils leucodermes? la majorité des touaregs se reconnaissent-ils dans les propos de Pinatel ? Absolument non! Peut-être qu’il y a au Mali des français peuls et touaregs qui pensent ainsi, tels que Emanuel Ould Macron, Jean Ives Diallo, Philippe Sidibé. Il est inadmissible que les français, engagés militairement au Mali au nom de la préservation de son l’intégrité territoriale, se permettent une telle liberté à notre égard.
A sa suite, Alexandre Del Valle, un soit-disant universitaire a surpris le monde entier en faisant un exposé de son ignorance à la fois de l’histoire des communautés maliennes et des réalités de ce pays. « Depuis la création du Mali, les gens du Nord, non-noirs, non-africains, ne veulent pas vivre avec leurs anciens esclaves du Sud et les gens du Sud veulent se venger sur les anciens esclavagistes du Nord », pensent-ils ! Il est évident que cette fabrication des démons de la haine ne saurait résister à l’analyse, car il suffit de s’interroger : quel empire arabo-berbère a consacré la domination des tribus du Nord sur le Sud? Le métissage et le brassage culturel s’est opéré comment ? Alexandre pousse l’outrecuidance jusqu’à affirmer sur les médias qu’une partie de la population du Nord est non-africaine! Ça peut être quelle tribu? Quelle région ? Évidemment, pour ceux qui vivent de la Guerre, pour les agents d’un État voyou, la honte a vécu.
Nous maliens sommes convaincus que cette série de déclarations préjudiciables à notre unité nationale n’est pas une dérive isolée quand on sait les profils de leurs auteurs et le moment choisi( quatrième anniversaire de la signature de l’Accord issu du processus d’Alger, qui veut dire tout et son contraire). On se souvient des déclarations similaires faites en 2015 au Mali par Jean Ives le Drian, ministre de La Défense d’alors, selon lesquelles il y aurait deux « peuples » au Mali qui peinent à cohabiter. On se rappelle également la polémique créée l’année dernière autour du lycée français à Bamako où des sujets d’évaluation portant sur Azawad avaient été soumis aux élèves.
Nous avons donc compris que toutes ces entorses faites à notre histoire, cet entêtement à vouloir mettre à mal notre unité, ne visent qu’à diviser notre pays afin de faire main basse sur ses ressources naturelles et bénéficier des intérêts géostratégiques.
Le peuple digne du Mali ne saura tolérer l’exécution d’un tel projet funeste, il n’acceptera jamais la dislocation de son pays. C’est pourquoi, nous allons engager les forces vives de la nation sur la seule voie compatible avec notre dignité et notre unité nationale.
Ainsi, avons-nous décidé de :
- condamner vigoureusement les propos haineux et désobligeants tenus par l’officier, Professeur Alexandre et les médias français et exigeons une rectification immédiate assortie d’excuses publiques au peuple malien;
- condamner le silence de nos autorités et particulièrement la chaîne diplomatique, de la classe politique et d’une partie importante de la société civile ;
- mettre en demeure le Ministre des affaires étrangères d’interpeller immédiatement l’ambassadeur de la France au Mali pour éclaircissements ;
- condamner le silence coupable et habituel de la MINUSMA et de la communauté internationale.
Notre action va s’inscrire dans la durée, elle durera autant que durera l’occupation de notre pays. C’est pourquoi, dès samedi prochain, nous invitons l’ensemble de la Nation à un meeting populaire à l’esplanade de la bourse du travail à 16h pour dénoncer le jeu trouble de la France chez nous.
Comme le président Modibo Keita nous disons :
Pour la République du Mali, si nous devons consentir jusqu’au sacrifice ultime, nous n’hésiterons pas, nous ne reculerons pas, nous le jurons !