Au moins 16 personnes ont été tuées dans des inondations causées par des pluies torrentielles qui se sont abattues sur Bamako, le jeudi dernier, entre 3 heures et 5 heures du matin. Les dégâts matériels sont «particulièrement importants», des blessés et des sans-abris sont aussi à déplorer.
16 morts et 2 blessés. Tel est le bilan provisoire des inondations qui sont survenues dans certains quartiers de Bamako, le jeudi 16 mai dernier, faisant d’importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Les personnes ayant perdu la vie ? 6 sont à Niamakoro, 6 à Kalaban-Coro, 2 à Missabougou et 1 à Faladiè. A ce sinistre bilan s’ajoute 02 blessés.
En plus des quartiers ayant enregistré des cas de décès, il importe de signaler que bien d’autres ont été submergés. Il s’agit entre autres, de Banconi, Daoudabougou, Bacodjicoroni, Tièbani et Kabala, Yirimadio, Kalaban-Coura et Sotuba.
Un phénomène à répétition
Les inondations dans la ville de Bamako durant la saison des pluies sont monnaie courante. En août 2013, déjà les inondations avaient fait plus de 30 morts et des dégâts matériels importants dans la ville. Les causes de ces dégâts sont nombreuses. Elles viennent aussi bien des populations que des autorités.
En effet, les autorités se limitent le plus souvent à un curage à 2 ou 3 mois de l’hivernage et le reste de l’année elles restent impassibles aux raisons du remplissage, aucune mesure conservatoire n’est prise, le sable et les ordures excavés sont laissés à la périphérie ou sont enlevés bien après qu’une bonne partie soit réintroduite dans les canaux. Le laxisme des autorités en matière d’urbanisation est patent. Constructions anarchiques et système d’assainissement inadéquat ou entravé (bouché par des constructions ou des ordures ménagères) sont aussi des causes des inondations mortelles dans la capitale malienne.
On peut citer aussi l’occupation anarchique par la population des servitudes des marigots et des rivières mais aussi le déversement des ordures dans les caniveaux. Aussi, ce sont des millions d’ordures plastiques qui vont grossir, dans les canalisations, les tonnes de déchets solides qui empêchent toute évacuation des eaux. Ces déchets solides introduits depuis les habitations dans les canalisations domestiques sont la cause des nombreuses petites et grandes inondations pour lesquels nous subissons tous les conséquences de manière directe ou indirecte.
Déjà en 2013, plus de 82% des parcelles inondées lors des inondations récurrentes sont situées dans les servitudes et lits des cours d’eau et ces parcelles ont été attribuées par la mairie. En plus, 18% des parcelles inondées sont des habitats spontanés, ou des installations anarchiques. Ce qui a provoqué des inondations historiques comme celle de la journée du mercredi 28 aout 2013 à la suite d’une pluie diluvienne de 85mm.
Cependant, les facteurs sous-jacents de ces inondations sont l’occupation anarchique des lits et servitudes des cours d’eau et au non curage des ouvrages de drainage, a souligné Siaka Ballo, maitre-assistant à la Faculté Histoire et Géographie (F.H.G) Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (U.S.S.G B) dans une étude.
Malgré les assurances données par les autorités à la suite des inondations de 2013, rien n’a changé dans la ville de Bamako. Pire, les sanctions promises par les autorités à la suite des inondations de 2013 se font toujours attendre par les sinistrés.
Dans son discours d’investiture plein de promesses et d’engagements, IBK avait promis aux Maliens et au monde entier de mener des enquêtes approfondies pour sanctionner les responsables de cette catastrophe. Dans ce même discours, le nouveau chef d’Etat avait déclaré que nul ne sera au-dessus de la loi et qu’il mettrait fin à l’impunité dans notre pays. « Une enquête approfondie devra établir sans tarder toutes les responsabilités à l’origine de la tragédie récente. Et il en sera désormais ainsi au Mali… », affirmait IBK. Six ans après, rien…
Selon les spécialistes en la matière, les causes de ces inondations sont aussi dues à des remontés d’eau jusqu’à trois mètres dans certaines concessions. Bamako est entouré par des collines, les concessions sont très souvent construites sans respecter les servitudes des marigots » es inondations résultent notamment du mauvais état de maisons souvent en pisé ou bâties dans le lit de marigots. Autre explication des spécialistes : le changement climatique, En effet, en tant que sahélien, le Mali est exposé aux vulnérabilités suivantes ; la sécheresse, les inondations, les vents violents et l’ensablement.
Malheureusement, les autorités ne semblent toujours pas avoir tiré les enseignements de ces drames successifs pourtant, mieux vaut prévenir que guérir. Les précédentes inondations devraient servir de leçons aux plus hautes autorités pour prévenir d’autres inondations. Les inondations du jeudi dernier ne sont que les prémices d’autres drames de plus grandes ampleur. Toutes les conditions sont réunies aujourd’hui à Bamako pour favoriser de nouvelles inondations.