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Inondations A Bamako : «Nous sommes tous coupables», a admis IBK
Publié le lundi 20 mai 2019  |  Le Témoin
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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On n’est pas encore l’hivernage et la ville de Bamako a déjà connu ses premières inondations suite à la pluie diluvienne, le jeudi 16 mai. L’averse a débuté juste après que les fidèles ont fini de consommer leur provision pour le jeûne de la journée. Plusieurs quartiers de la capitale et environs, notamment Niamakoro, Kalaban Coro, Missabougou, Faladiè, Banconi, Daoudabougou, Bacodjicoroni, Tièbani, Kabala, Yirimadio, Kalaban-Coura et Sotuba, etc., ont essuyé ces vagues d’eau irrésistibles et leurs cohortes de dégâts matériels et de pertes en vies humaines et animales. A NiamakoroDougoukoro, en Commune VI du district de Bamako, c’est « l’apocalypse » avec de nombreuses familles sinistrées. Leurs maisons se sont écroulées pour certaines d’entre elles avec des ustensiles de cuisine, fauteuils, lits et matelas éparpillés dans la cour de maisons dont les résidents ont été chassés par l’eau pour y régner en maitre absolu. Les corps inertes des bêtes, notamment des moutons, sont visibles dans plusieurs familles. Mme Coulibaly Aminata s’en remet à Dieu mais pointe du doigt un coupable. « Heureusement que nous étions réveillés avant la pluie sinon, ça allait être pire. Nous nous remettons à Dieu mais ces inondations ont bien une cause. Ils ont construit sur le passage de l’eau. Depuis le début des travaux, nous craignions cette situation et nous voilà dedans», a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il a suffi de deux vagues, pour que sa famille perde tous ses biens. Même son de cloche du côté d’une autre victime tout aussi désemparée. «Toutes mes affaires ont été endommagées», a confié Mariam Diarra, une sexagénaire n’ayant connu que sa concession détruite depuis plus d’une quarantaine d’années». C’est un acte de Dieu, se résigne Fataliste, elle s’en remet finalement a Dieu tout en implorant la mansuétude des autorités pour leur apporter des soutiens urgents.

Oumar Diarra, un autre habitant de la même concession, indique qu’il faut vivre ces événements pour en connaître l’ampleur, tandis que Mlle Diabaté, tout en se plaignant de l’effondrement du magasin familial et de tout son contenu en vivres, pne voit de solution contre l’inondation que dans l’aménagement du lit du cours d’eau au bord duquel les concessions sont construites.

C’est une tragédie semblable qui s’est abattue sur A Bouaré, désormais dépourvu d’abri. La pluie ayant détruit quatre de ses chambres et emporté toute sa volaille, il se dit très reconnaissant de devoir son salut au voisinage qui l’aaidé à sauver ce qui pouvait l’être. Et de pointer un doigt accusateur sur les occupants du passage des eaux. Selon lui, si personne n’avait construit sur le passage des eaux de pluie, les dégâts auraient été moins importants. Même perception du côté D’O Konaté, 65 ans, qui a vu ses maisons s’effondrer et beaucoup de biens détruits. Le sexagénaire en veut également à ceux qui occupent le passage de l’eau et qui l’empêchent de ruisseler convenablement vers le fleuve. «Il faut que les autorités réagissent contre cette infraction, sinon ce genre de drame se produira de nouveau», prévient-il

Mme Keita B Mounkoro, une habitante au bord du cours d’eau, s’est bâti un mur de protection qui n’aura pas suffi pour épargner sa famille. «A l’aube, les enfants, fuyant l’eau qui envahissait leur local, sont venus me rejoindre dans ma chambre. Tous les compartiments de mon appartement étaient pris d’assaut. Les enfants sont montés sur les fauteuils et se sont accrochés aux barres de fer du toit en tôles. L’eau continuait à monter, c’est à ce moment que mon mari a perforé le toit de la maison pour nous trouver une porte de sortie. Nous étions encore accrochés au toit quand le niveau de l’eau a commencé à baisser», raconte la dame en larmes. Idem pour D Sanogo, 45 ans, qui n’a eu la vie sauve qu’en grimpant le mur de sa cour. «Je n’ai plus rien. Même l’habit que je porte m’a été offert par un voisin », confie-t-il, en se tenant debout à quelques mètres du lit du cours d’eau d’où des jeunes gens tentaient de récupérer quelques objets enfouis dans les décombres.

Beaucoup moins chanceuse aura été cette autre femme qui a perdu en un clin d’œil deux petits-enfants tous emportés par l’eau».

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui s’est rendu à NiamakoroDougoukoro, après le Premier ministre, Boubou Cissé, a décrit une scène apocalyptique en engageant la responsabilité des occupants du passage de l’eau en ces termes : «Les lits d’écoulement des rivières et des fleuves ont tout doucement été occupés. On y a construit en dur, en béton en oubliant qu’en le faisant, on expose les plus fragiles aux alentours » . « Nous sommes tous coupables » a-t-il par ailleurs admis en évoquant les enfants, hommes et femmes qui sont morts et promettant qu’il ne se contentera plus de dire. «Nous rappelons aux élus locaux leur devoir qui n’est pas seulement la distribution des lots à usage d’habitation, c’est aussi la protection de la population. Il faut qu’on pense à sauver la vie des gens dans ce pays de plus en plus et de mieux en mieux», a poursuivi le président de la République avant de conclure : «Dans un temps d’hivernage qui s’approche nous devons dès maintenant prendre de mesures idoines de prévention et d’anticipation pour protéger les vies des hommes et des femmes, mêmes celles des bêtes. Il est temps que le civisme reprenne ses droits, que la discipline républicaine revienne, cela peut sauver et protéger des vies. Je suis plus déterminé que jamais à engager l’Etat à assumer ses responsabilités, à engager les élus municipaux à être de la partie, à ne plus penser que tous doivent venir de l’Etat ».

Ousmane CAMARA

Le Temoin

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