Après le Premier ministre, le Président IBK lui-même a rendu visite, ce samedi matin 18 mai 2019, aux populations sinistrées de Niamakoro Dougoukôrô.
C’est un Président IBK effondré face à ce qu’il a appelé une scène apocalyptique qui a requis contre les faillites collectives dans la tragédie qu’on ne saurait mettre sur le compte de la fatalité. Pour lui, An bè no don (« nous sommes tous coupables »), dit-il du laisser-aller et de l’impunité qui sont les causes profondes du drame de ces populations démunies. C’est donc un président en larmes qui engage l’Etat à désormais assumer ses responsabilités, et invite les élus à désormais gérer nos «cités au mieux des intérêts des populations, en les préservant, en pensant à ces populations-là, à leurs vies et non pas à l’argent ». Voici le réquisitoire émouvant du Président IBK à Niamakoro :
« C’est une scène apocalyptique, elle est très dure. C’est simplement l’occasion pour moi au-delà de la douleur, de rappeler certaines règles de notre politique de protection environnementale. Au nombre d’exemple, à l’occurrence des sécheresses, nous avons déjà appris à nous protéger contre certains fléaux tels que l’inondation.
Donc les lits d’écoulement des rivières et des fleuves, tout doucement ont été occupés, et on y a construit, en dur, en béton, en oubliant qu’en le faisant, on expose les plus fragiles alentours, et c’est ce que je vois ici, aujourd’hui.
Certains sous-bassement en béton ont résisté, mais l’eau s’est déversée vers où ? Vers les zones de pauvreté et de fragilité et qui ont payé le prix fort.
Tous ces enfants qui sont morts, toutes ces femmes qui sont mortes, et il y a une grande part de responsabilité humaine, nous sommes tous coupables, non d’avoir dit, mais n’avoir pas sanctionné.
Nous n’arrêterons plus de le dire, nous rappelons encore aux élus municipaux leur devoir qui n’est pas seulement la distribution de lots à usage d’habitation, c’est également la protection des populations.
Ce n’est pas la cupidité qui doit être la gagnante dans cette affaire-là. Il faut qu’elle recule. Il faut que l’on pense à sauver la vie des gens dans ce pays de plus en plus, de mieux en mieux, donc ces zones d’occupation sauvage dont on a vu aujourd’hui les dégâts. Dans un temps d’hivernage qui s’approche, qu’on nous dit cette année de pluies assez fortes et plus fortes encore, nous devons dès maintenant prendre les mesures idoines, de prévention, d’anticipation pour protéger les vies des hommes et des femmes, et même celles des bêtes et notre environnement, nos biens.
Des vies consacrées à réunir un minimum ont été saccagées en deux vagues. Les gens qui ont perdu tous leurs biens sont aujourd’hui très démunis. Tout geste qu’on peut faire est dérisoire. Juste consoler un peu, panser légèrement les plaies. Mais l’effort vigoureux doit venir par des décisions vigoureuses du Gouvernement en matière d’urbanistique, en matière environnementale.
Il est temps, il est temps, il est temps que le civisme reprenne ses droits. Il est temps, il est grand temps que la discipline républicaine revienne. Cela peut protéger, cela peut sauver des vies. On l’a vu ici à Niamakoro
Donc je repars d’ici très ému, certainement plus déterminé que jamais à engager l’Etat à assumer ses responsabilités, engager les élus municipaux à être de la partie, à ne plus penser que tout doit revenir à l’Etat, qu’en les lieux où ils ont été élus pour gérer les cités, ils gèrent les cités au mieux des intérêts des populations, en les préservant , en pensant à ces populations-là, à leurs vies et non pas à l’argent.
De grâce, qu’on ait un peu pitié de ce peuple-là, de grâce ».