«L’occasion ratée par votre attaquant de pointe en 1re mi-temps a été le tournant du match»
C’est un Pathé Diallo soulagé et très heureux du succès acquis par sa sélection, dimanche dernier face à l’Algérie, qu’on a eu hier au bout du fil. Le sélectionneur malien nous a assurés que cette victoire a fait beaucoup de bien à ses joueurs, d’autant qu’elle les remet en course en vue d’une qualification pour la phase finale de la prochaine Coupe du monde. Ce serait, si elle venait à se réaliser, le meilleur des cadeaux qu’on puisse offrir au peuple malien qui vit depuis quelques semaines des moments très difficiles. Entretien !
Avec un peu de recul, comment analysez-vous cette rencontre Mali-Algérie que votre équipe a réussi à remporter (2-1) ?
Comme je l’ai toujours dit, le contexte de ces matchs du mois de juin est très difficile. Jouer de tels matchs internationaux, au terme d’une longue et harassante saison, est très compliqué pour les joueurs et ça demande beaucoup d’énergie. Pour revenir sur cette rencontre face à l’Algérie, et comme vous le savez, la victoire était capitale pour nous. Dieu merci, on a su bien réagir et engranger ces trois points qui nous seront très importants en perspective de la suite du parcours. Notre tâche ne s’annonçait pas facile, devant un adversaire qui restait sur une bonne série de victoires, et qui en voulait vraiment. Ajouter à cela le fait de jouer sur un terrain neutre nous a quelque peu pénalisés, mais on ne retiendra que l’essentiel, à savoir cette belle victoire.
Votre équipe a montré face à l’Algérie un visage séduisant, totalement différent de celui proposé face au Bénin, une semaine auparavant. Comment expliquez-vous cela ?
On a affronté deux équipes avec deux styles différents. Vous étiez présents avec nous en France, et je vous ai dit que ce match du Bénin allait être encore plus difficile pour nous que celui d’après, face à l’Algérie. Face au Bénin, j’ai senti que mes joueurs étaient quelque peu perdus et cherchaient surtout leurs repères. Malgré notre défaite, j’ai vu une belle réaction de mes joueurs en fin de match. Après, j’ai eu le temps d’analyser les choses et de bien préparer la rencontre face à l’Algérie.
Ne pensez-vous pas que si l’attaquant algérien Slimani avait réussi, à la 24’, à concrétiser son occasion, devant les bois vides, le match aurait été d’ores et déjà plié ?
Oui, je crois que cette occasion ratée a été le tournant du match. Maintenant, vous savez, à la fin d’un match, tout le monde peut faire son analyse et dire ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné. Tant mieux pour nous, en tout cas, que votre attaquant ait raté cette occasion, car s’il l’avait mise dedans, on aurait eu beaucoup de mal à revenir dans le match.
Certains spécialistes disent que le Mali s’est, surtout, imposé sur le plan physique. Qu’en dites-vous ?
Certes, physiquement, mon équipe était bien en jambe. Elle a beaucoup pesé sur l’adversaire et même si elle a été rapidement menée au score, elle n’a pas lâché prise et a continué à presser pour égaliser et prendre l’avantage par la suite. J’ai constaté qu’au milieu du terrain et en attaque, on avait plus de puissance par apport aux Algériens. Cela nous a permis de remporter une belle victoire. Aussi, permettez-moi de rajouter quelque chose.
Oui, allez-y…
Avant le match, j’ai tenu à préparer mes joueurs sur le plan psychologique, car j’appréhendais une ouverture du score des Algériens. Par conséquent, j’ai dit à mes joueurs de ne jamais baisser les bras et de jouer à fond jusqu’à l’ultime minute du match. Mes joueurs ont bien suivi mes consignes et ont montré une force mentale très positive. Ils sont à féliciter.
Comment avez-vous trouvé la sélection algérienne dans ce match, sachant qu’une semaine auparavant, elle avait étrillé le Rwanda (4-0) ?
L’Algérie restera toujours une référence au niveau continental. J’ai toujours déclaré avant le match qu’on respectait beaucoup cette sélection algérienne, mais qu’on ne craignait pas. Maintenant, vous savez, les matchs se suivent et ne se ressemblent pas. Face au Rwanda, l’Algérie évoluait à domicile, devant ses supporters et avait réussi à faire rapidement la différence. Contre nous, c’était un tout autre contexte. En première mi-temps, j’ai vu des joueurs algériens plus agressifs, sauf qu’en seconde période, on a su prendre l’ascendant et mes joueurs ont démontré un tout autre état d’esprit. Ils en voulaient plus et c’est ce qui a fait la différence, je pense.
Quel a été votre discours, avant et pendant le match, pour remobiliser vos joueurs et les pousser à croire en cette victoire ?
Mon discours était simple, car les joueurs étaient déjà conscients de l’enjeu que représentait ce match face à l’Algérie. Vous savez, quand vous avez des joueurs qui répondent présents à cette période de l’année et qui sacrifient leurs vacances pour défendre les couleurs de leur pays, vous n’avez pas à les motiver. Mes joueurs étaient déterminés à gagner et ils ont eu ce qu’ils voulaient.
Avec quatre points récoltés en deux matchs, le Bénin est bien parti pour créer la sensation dans ce groupe H. Vous avez affronté cette équipe lors de la 1re journée. Vous en pensez quoi d’elle ?
Beaucoup d’observateurs ont mis l’Algérie et le Mali comme étant les favoris de ce groupe, et moi, j’avais dit, au départ, qu’il fallait faire attention aux deux autres nations, le Rwanda et le Bénin. Ce dernier a démontré contre nous beaucoup de bonnes choses et ça serait une erreur pour nous, comme pour l’Algérie, de le prendre à la légère. Ça va se jouer uniquement sur le terrain et tout le monde devra s’accrocher pour espérer finir en tête.
Quels sont les points faibles que vous avez décelés dans cette équipe algérienne ?
Ce n’est pas à moi de vous le dire. J’ai bien analysé l’Algérie et j’ai pu déceler des points faibles et aussi des points forts. J’ai mis en place ma stratégie qui s’est révélée payante.
Halilhodzic craignait beaucoup les duels aériens, c’est ce qui l’a poussé à aligner des joueurs de gabarit en défense. Qu’en pensez-vous ?
Chacun a sa stratégie et sa vision qu’il peut avoir de l’adversaire. Le football n’est pas une science exacte aussi, et il n’est pas toujours évident de mettre en place un schéma qui se révélera payant. Je crois sincèrement que la lutte pour cette première place du groupe va être rude et va se jouer jusqu’à l’ultime journée.
Beaucoup pensaient que la sélection du Mali n’avait pas vraiment la tête à ces éliminatoires, du fait de la situation que traverse le pays sur le plan politique…
On n’a pas d’autre choix que de faire avec. C’est vrai que la situation n’est pas au mieux au pays depuis quelques semaines, mais les joueurs comptent tout faire pour représenter le plus dignement possible leur pays et donner un peu de joie au peuple.
Concernant votre avenir et après cette belle victoire acquise face à l’Algérie, allez-vous continuer votre mission à la tête de la sélection ?
Je ne sais pas encore. Croyez-moi, je ne suis pas préoccupé par mon avenir à l’heure actuelle. Moi, tout ce que je souhaite, c’est que la paix revienne au Mali et que les choses aillent mieux. Après, moi, je suis là et je répondrai toujours présent lorsque le pays aura besoin de moi.
Ça serait un beau cadeau que vos joueurs pourraient donner au peuple malien, en cas de qualification à la Coupe du monde…
Et comment ! Inch’Allah, on fera tout pour réaliser cet objectif et apporter du bonheur aux milliers de Maliens qui souffrent en ce moment.
Source: lebuteur.com - 13-06-2012 | 00:00 | Par SAÏD FELLAK