Mamoutou Diarra est un jeune homme de 25 ans, étudiant en licence 3 arabe à la FLSL, a sauvé une famille de 9 personnes de la noyade, à Niamakoro Dougoukoro, inondé, jeudi à cause de la pluie diluvienne ayant fait 24 victimes à Bamako.
C’est la belle mais triste histoire de la semaine à Bamako. Jeudi dernier, de fortes précipitations nocturnes ont provoqué des inondations subites qui ont surpris la population au petit matin. La famille d’accueil de Mamoutou Diarra se retrouve comme de milliers d’autres familles prises au piège par cette eau qui a tout emporté sur son passage. “J’ai vu la mort” témoigne le jeune.
Mais voilà, Mamoutou a eu la chance de s’échapper à travers la porte qui, sous la pression des eaux, a été ouverte de force. Engagé et comme par magie, il grimpe sur le toit. “J’ai d’abord fait un trou sur le toit en tôle avec ma main. C’est à travers ce trou que j’ai pu extirper les victimes coincées dans les deux chambres”, raconte le jeune Diarra. Après avoir réussi à faire monter les victimes sur le toit, toute la famille a été secourue par d’autres voisins.
“J’ai fait ça presque inconsciemment”
Etudiant en arabe-licence 3 à la Faculté des langues et lettres de l’université de Bamako, Mamoutou Diarra, avait pourtant veillé toute la nuit. Musulman, au début de l’inondation, il lisait le coran. “Je pense que je dois mon salut à Dieu. C’est lui qui a guidé mes pas car je ne dormais pas. J’ai fait ça presque inconsciemment”, dit-il.
Arrivé à Bamako en 2014 à cause de ses études universitaires, Mamoutou Diarra salue les autorités pour leur promptitude dans l’assistance. Il félicite principalement le président de la République qui, revenu d’un long voyage, s’est immédiatement rendu au chevet des victimes de l’inondation.
La médaille, c’est bien, mais l’appui d’abord ?
En réponse à notre question sur son avenir, le jeune Diarra, très timide, certainement à cause de sa foi, répond : “Ce qui s’est passé, n’était pas prévu. Ce n’était point notre volonté, mais celle de Dieu. J’ai sauvé des gens comme l’aurait fait tout le monde. Donc j’attends moins en retour. Mais mon souhait le plus ardent est d’avoir un bon travail afin de pouvoir vivre décemment”, dit-t-il souriant, ajoutant que le fait d’avoir survécu à l’inondation est déjà une bonne chance. “D’autres, des voisins à nous, n’ont pas eu la même chance. Je connaissais des gens qui sont décédés à cause de l’inondation”, affirme-t-il, la tête baissée.
Ainé d’une fratrie de treize enfants, le natif de Kokodio, Commune rurale de Koumantou, dans le cercle de Bougouni en 3e région, souhaite aujourd’hui un accompagnement des autorités afin de subvenir aux besoins de sa famille. Malgré sa situation financière difficile, le jeune étudiant multiplie les petits boulots pour aider son père, Lassina Diarra, malade.
Depuis deux ans déjà, pendant ses heures crues à la faculté, il enseigne l’arabe dans l’école Aby Hanifa de Kalaban Coura. Histoire de gagner un peu de sous pour soulager ses parents. Il a dû passer par des moments difficiles, pendant sa première année à Bamako. Il a enchainé avec des petits jobs dans les chantiers. Il marche, tous les jours, plus de 7 kilomètres pour rallier la colline de Badalabougou, où se trouve sa faculté.
Mamoutou Diarra et sa famille se portent bien, mais ils ont quitté leur maison, invivable depuis l’inondation. Ils vivent actuellement à Magnambougou. Le héros, quant à lui, sera bientôt décoré par le président Ibrahim B. Keita.