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Condition de vie et de travail misérable du médecin malien : Dr Sidi Traoré en parle à cœur ouvert
Publié le mercredi 22 mai 2019  |  Le Confident
La
© aBamako.com par FS
La population de Daoudabougou a nettoyé la cour de l`école et le CSCOM.
Le CDQ, la CNJ, la CAFO, la Cheferie et les GIE ont organisé une journée citoyenne le Dimanche 19 Février 2017.
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– Non. Je ne regrette pas de m’être inscrit si jeune à la faculté de médecine après avoir réussi avec brio au baccalauréat alors que j’aurai pu m’inscrire ailleurs;

-Non. Je ne regrette rien de toutes ces années passées à engloutir un savoir médical très souvent ennuyeux et indigeste ;

– Non. Je ne regrette pas mes différents stages à l’hôpital, malgré la vétusté des équipements d’apprentissage, la démission de certains de mes enseignants et formateurs et surtout les énormes risques pris pendant des années au péril de ma santé ;

– Non. Je ne regrette pas toutes ces nuits blanches passées à réviser;

– Non. Je ne regrette pas cette pression morale interne qui me prenait parfois à la gorge, qui me faisait sursauter de mon sommeil avec l’intime conviction qu’il restait encore une leçon à lire, un détail à parfaire…;

– Non. Je ne regrette pas cette pesanteur interne qui m’obligeait à me surpasser à la Fac pour être à la hauteur du métier vers lequel je dirigeais mes pas;
– Non. Je ne regrette pas d’avoir fait tant de sacrifices et de privations pour atteindre ma vocation d’être médecin;

– Non. Je ne regrette pas d’avoir refusé par patriotisme un poste juteux dans un hôpital français juste après y avoir effectué un stage de perfectionnement;

– Non. Je ne regrette pas toutes ces fois où on a du cotiser, dans l’anonymat, avec nos maigres revenus du FONER pour venir en aide à un malade ;

– Non. Je ne regrette pas ces nombreux services (consultations, certificat, échantillons médicaux, avis, constatation d’un décès, pose de VVP….) rendus à l’hôpital, au quartier, en famille, autour de moi et cela sans arrière-pensée ;

En somme je ne regrette pas d’être médecin et tout ce que j’ai dû endurer pour réaliser mon rêve.

– Ce que je regrette, c’est l’indifférence de la population face à la misère que je vis au quotidien;

– Ce que je regrette, c’est que même après m’avoir traité avec dédain, mon serment m’oblige à me plier en quatre pour les tirer d’affaire au moindre pépin de santé ;

– Ce que je regrette, c’est l’absence de reconnaissance à mon égard malgré les multiples sacrifices et années d’études que j’ai dû accepter de faire pour pouvoir les prodiguer des soins de qualité ;

– Ce que je regrette, c’est d’être le dernier là où j’aurais dû être le premier ;

– Ce que je regrette, c’est quand des médiocres moins diplômés que moi, me regardent de leur tour d’Ivoire et me narguent ;

– Ce que je regrette, c’est tous ces médecins qui croupissent dans la précarité et qui ne sont même pas capables de s’assumer en disant que trop c’est trop ;

– Ce que je regrette le premier vœu que l’on souhaite à autrui en début d’année, c’est la bonne santé mais le paradoxe des paradoxes est que, ceux qui dispensent cette bonne santé, peuvent aller se faire foutre sans que s’en émeuve personne ;

– Enfin et pour tout vous dire, ce que je regrette, c’est d’être médecin au Mali. Un pays dans lequel, on s’en contre fiche de mon patriotisme.

Docteur Sidy Traoré
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