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Faculté de droit privé de Bamako (FDPRI) : L’AEEM décrète une grève illimitée
Publié le jeudi 23 mai 2019  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Université de Bamako
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Depuis le lundi dernier, le comité AEEM de la Faculté de droit privé a décrété une grève illimitée. Un bras de fer entre le département et ledit comité serait la cause.

Des vitres brisées, les pneus du véhicule du chef de département écrasés et une grève illimitée décrétée après celle d’une semaine puis celle de 72 heures. L’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) de la Faculté de Droit Privé (FDPRI) malgré la suspension de toutes ses activités suite à des actes de violence il y a quelques mois poursuit ses bavures au sein de ladite faculté.

Tout a commencé le jeudi 16 mai 2019 à l’apparition des résultats des examens de la faculté de droit privé. Ces résultats étant défavorables aux membres du comité AEEM, ceux-ci n’ont pas hésité à déchirer tous les résultats affichés. La cause : la non-obéissance d’une vieille tradition dans ladite faculté, nous dit le chef de département de la FDPRI, M. Mamadou Bakaye Dembélé.

Contacté, le secrétaire général de la FDPRI, Aligui Guitteye, nous fait croire que les raisons de cette grève contrairement à ce qui se véhiculait sur les réseaux sociaux ne sont pas une question de refus de la liste de l’AEEM mais plutôt d’une question de doléance déposée par l’AEEM. À ses dires, les membres de l’AEEM ont eu une audience avec le décanat le 18 avril 2019 autour de leurs points de revendication qui se résument à six (6), à savoir : la réouverture de l’inscription des nouveaux bacheliers, de procéder à la Distribution des cartes d’étudiants qui avait été arrêtée il y a de cela trois ans alors que les étudiants continuent à payer les frais de carte, de cesser de prendre de l’argent aux étudiants pour le retrait des attestations, d’ouvrir une Bibliothèque plus équipée, d’ouvrir une Infirmerie et de rénover les salles de classe, les toilettes, etc.

Cette explication ne peut que nous laisser perplexes, car nulle part dans ces explications il n’est question de liste de l’AEEM. Alors, pour avoir un regard clair sur cette situation, nous sommes rentrés en contact avec le chef de département de la FDPRI qui nous a livré les points de revendication discutés lors de l’audience du 28 avril dernier.

À en croire celui-ci, les doléances soumises à leur appréciation comprennent entre autres : la réouverture de l’inscription des nouveaux bacheliers, la distribution des cartes d’étudiants, la prise en compte de la liste de l’AEEM, avis sur les 5 proclamés (sanction disciplinaire) et l’annulation du paiement des frais pour le retrait des attestations et des relevés de notes.

Ainsi, les points évoqués par le secrétaire général et le chef de département diffèrent les uns des autres. Néanmoins, M. Dembélé nous fait savoir que ce problème constitue une tradition entretenue depuis des années dans cette faculté. Il dit être surpris de constater que les notes des matières qu’il dispense aient été délibérément falsifiées. Sur les relevés de notes qu’il nous a présentés, on pouvait constater que des étudiants qui avaient 0,1 comme note bénéficient de 11 ; d’autres qui avaient 01 se retrouvent avec 11 ; d’autres encore qui avaient 02 se retrouvent avec 12.

À l’en croire, pour cela, il a pris le doyen en témoin qui lui a demandé d’établir un rapport. Mais, la décision qu’il avait prise, précise-t-il, était de saisir le tribunal. « J’ai fini par comprendre qu’il s’agit d’une tradition entretenue entre les étudiants et l’administration universitaire », déplore-t-il avant de préciser le point concernant la liste de l’AEEM. Selon ses explications, il s’agit d’une liste contenant des propositions de noms au passage par le comité AEEM à l’administration. « L’administration s’est catégoriquement opposée à la prise en compte de cette liste. L’AEEM a alors fait comprendre qu’il s’agit d’une tradition à la FDPRI », a-t-il expliqué.

S’agissant de la réouverture de l’inscription des nouveaux bacheliers, le chef de département a fait comprendre que le recteur, bien vrai que le délai des inscriptions soit clos et que cette réouverture relève des compétences du ministère, avait demandé d’amener la liste des inscriptibles qui restent pour qu’il leur donne une dérogation spéciale afin qu’ils s’inscrivent. « Mais les membres de l’AEEM n’ont pu amener même une seule personne », a-t-il dit.

Se prononçant sur le point des cartes d’étudiants, le chef de département explique qu’il n’existe qu’une seule promotion qui n’a pas de carte. Concernant l’avis sur les 5 proclamés, il nous fait savoir que le comité AEEM demande l’annulation des sanctions prises contre certains membres de l’AEEM suite au récent assassinat « commis par eux » et suite auquel le comité de ladite faculté avait été suspendu.

Selon M. Dembélé, ces étudiants sont frappés par deux catégories de sanction : les uns ont été complètement radiés de l’université et les autres ont été interdits à s’inscrire dans les universités pendant deux ans. « Dans ce dernier lot se trouve le secrétaire général de la FDPRI », précise notre interlocuteur.

En ce qui concerne le dernier point, « c’est un arrêté du recteur qui a institué le paiement des 1000 FCFA comme frais de retrait des attestations et des relevés ». À ses dires, cela s’explique par le fait que les attestations sont maintenant en carton dur et en couleur contrairement à autrefois où c’était sur les papiers A4.

À ses dires, ce sont ces points qui expliquent cette grève illimitée. Mais il dit être persuadé que la cause essentielle de cette grève constitue cette question de la liste de l’AEEM. Quant aux points du Secrétaire général concernant la rénovation des salles, des toilettes, de la bibliothèque, le chef de département était surpris de les apprendre puisqu’ils n’ont pas été l’objet de discussion entre lui et le comité AEEM.

Notons que la violence a toujours été caractéristique des universités maliennes notamment de la FDPRI. C’est ce qui peut se voir dans l’agissement expliqué par le chef du département de la part de ce comité. À ses dires, le comité AEEM est venu le voir dans son bureau en lui faisant savoir que s’il refuse d’accepter cette liste qu’il lui a proposée, il n’y aura pas de cours dans cette faculté cette année. C’est pourquoi lorsque les résultats sont apparus, explique-t-il, et qu’ils les ont déchirés et déclaré une grève illimitée le lundi dernier, « ils ont déchiré les pneus de ma voiture », dit-il avant de préciser que les membres de ce comité lui ont promis également de mettre le feu à ladite faculté. Notons que le chef de département dit être appuyé dans cette lutte par le secrétaire principal de sa faculté, Issaka Coulibaly.

Par ailleurs, suivant les propos du coordinateur national de l’AEEM, Moussa Niangaly, le comité de la FDPRI ne lui a pas fait part d’une quelconque liste de l’AEEM et que dans ses propres investigations au sein de ladite faculté, il a constaté que les points de revendication formulés par Guitteye sont raisonnables. Mais, précise-t-il, s’il y avait une quelconque affaire de liste, il n’allait jamais cautionner que le secrétaire général compromette ainsi l’avenir de tous les étudiants pour cela puisque leur créneau, c’est la culture de l’excellence.

Ce qui est sûr, la tension n’est pas tendre dans cette faculté censée apprendre aux enfants de ce pays le droit et cela depuis quelques années devant l’œil insouciant des autorités. En tout cas, sur cette affaire de grève illimitée, les prochains jours nous en diront plus.

Fousseni TOGOLA

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