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Accord : la faillite collective
Publié le jeudi 23 mai 2019  |  Info Matin
Cérémonie
© aBamako.com par DR
Cérémonie de signature de l`accord de paix au Mali.
Bamako, le 20 juin 2015 au CICB. La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a signé à Bamako l’accord de paix entériné le 15 mai par le camp gouvernemental et la médiation internationale.
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Quatre ans après sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali continue de s’enfoncer dans les vastes étendues sablonneuses du Nord. C’est un constat d’évidence que Ahmed BOUTACHE, président du Comité de suivi de l’Accord (CSA), a pointé du doigt au cours d’une rencontre de la Médiation internationale élargie aux parties signataires, ce lundi 20 mai, en pronostiquant : « si l’application de l’Accord avait évolué comme souhaité par tout le monde, à ce moment, à l’heure qu’il est, nous n’aurions pas encore sur le terrain des hommes en arme ».

Pourquoi Serval a concédé de facto aux combattants prétendument laïques du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) le contrôle d’une cité rebelle, à savoir Kidal à qui est réservé un régime d’exception ? Telle est la bonne question qui est occultée par l’évolution catastrophique de la situation qui a abouti à un accord en passe de devenir plus un problème qu’une solution. Le problème, Ahmed BOUTACHE en pose le mauvais diagnostic en présumant le ‘’souhait de tout le monde’’ d’une bonne évolution de l’application de l’Accord qui stipule en effet en son article 50 : ‘’les Parties reconnaissent que la première garantie de l’aboutissement de l’Accord réside dans leur sincérité, leur bonne foi et leur engagement à assumer le contenu de l’accord et œuvrer à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions dans l’intérêt de la réconciliation de leur pays, ainsi que de la paix, de la sécurité et de la stabilité du Mali et dans la région dans son ensemble’’. Ce qui plombe l’Accord, c’est surtout la non-application de cette disposition essentielle. Quelques exemples corroborent à suffisance cette réalité.

Le 6 novembre 2018 a eu lieu à Gao, le lancement officiel du processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion socio-économique, (DDR), et Intégration accélérés pour 1 600 ex-combattants membres des MOC de GAO, Tombouctou et Kidal.

Mais, selon les confrères du Monde sur place, après le lancement officiel de l’opération l’ensemble des ex-combattants ont tous disparu dans la nature : ‘’dans le couloir cerné de fortifications de sable, il n’y a personne. Autour de l’entrée de la direction régionale de la police de Gao, quelques militaires juchés sur des tanks sécurisent le lieu. Mais, ce mardi 6 novembre, il manque l’essentiel. Aucun des 575 ex-combattants, membres des patrouilles mixtes, formant le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de Gao, ne s’est présenté à la cérémonie’’.

D’autres réalités qui posent problème sont : le refus des mouvements de rendre les armes (lourdes) ; leur obstination à entrer dans l’armée régulière avec le grade qu’ils ont acquis au sein de leur groupe armé non étatique…

Résultat : quatre ans après la signature de l’Accord, l’on est réduit à applaudir l’intégration de seulement 1 309 ex-combattants en juin, alors que 36 000 éléments sont inscrits soit pour l’intégration soit pour la réinsertion socio-économique

Le Gouvernement ? Il valse allègrement entre l’impératif d’honorer ses engagements (il est le seul à en avoir véritablement) et ses intérêts politiques et économiques du moment. Il joue la carte de la procrastination et de la surenchère démagogique.

Il est donc évident que les réticences et les équivoques viennent des deux bords (Gouvernement et Mouvements signataires de l’Accord).

La Communauté internationale, garant de l’Accord (cf : article 54) ? Elle n’a pas le courage de tenir un langage de vérité ni d’exiger une nouvelle donne au Mali. Le régime de sanction, dans ces conditions, gardera encore pour longtemps son statut d’épouvantail.

PAR BERTIN DAKOUO
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