A l’initiative de plusieurs associations de la société civile, des manifestants ont entamé un mouvement de protestation à Bamako, contre l’installation du QG de la force conjointe militaire du G5 Sahel. Pour la population locale, le siège de la force militaire doit se retrouver sur le champ de bataille d’où il a été ramené à la suite d’une attaque terroriste qui a saccagé l’ancien siège de Sévaré.
Après les multiples entraves qu'elle a connues depuis son lancement en 2014 par les 5 pays membres de l'organisation, voilà qu'une fronde populaire vient perturber l'installation du QG de la force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel) dans le quartier de Badalabougou, en plein cœur de Bamako, la capitale malienne. A l'appel de plusieurs associations de la société civile, des manifestants ont envahi la place devant le mess des officiers, là où devrait être installé le siège opérationnel de la force conjointe après son transfert de Sévaré, en plein centre du pays.
Pour les protestataires qui avaient appelé à manifester les 22 et 23 mai, la force du G5 Sahel ne doit pas installer son QG à Bamako. «Nous ne voulons pas du G5 ici. Leur objectif est de lutter contre les terroristes. Ils n'ont qu'à prendre la direction du nord du Mali, et non venir rester à Bamako», a par exemple indiqué à l'AFP, une manifestante présente sur les lieux du sit-in. Les manifestants ont même installé des bâches et des chaises devant les bâtiments qui devront abriter le nouveau siège de la force conjointe, ce qui ne plait pas aux habitants de la capitale malienne. «Il faut que les militaires du G5 partent au front. Ils ne doivent pas rester ici», poursuit un autre manifestant.
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Méfiance et amplification des menaces
Cette fronde contre l'installation du QG de la FC G5 Sahel en plein quartier résidentiel de Bamako illustre la méfiance des populations à l'égard de cette force militaire qui n'a véritablement pas pris son envol. Malgré l'annonce des financements, elle n'a lancé que quelques opérations militaires dans le Sahel où la situation sécuritaire ne cesse pourtant de se dégrader avec la multiplication des attaques terroristes, notamment au Mali, au Burkina et au Niger. En dépit du plaidoyer des chefs d'Etat des cinq pays membres de l'organisation pour l'accélération du décaissement promis afin de donner à la force conjointe plus de moyens matériels, la FC G5 Sahel cherche les moyens pour se déployer sur le terrain.
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Jusqu'en juin 2018, le QG de la FC G5 Sahel était basé à Sévaré, en plein centre du Mali et sur le théâtre des opérations militaires. Depuis que le siège a été complètement dévasté par une attaque terroriste de grande envergure, la décision a été prise, par le commandement de la force militaire, de le transférer à Bamako. Ce qui amplifie la crainte chez la population comme l'explique aux médias, Ousmane Traoré, responsable d'une association de jeunes qui a pris part au rassemblement et pour qui la présence du QG dans une zone résidentielle est un danger pour les populations. «Ici nous ne sommes que des civils. Et s'il y a des attentats, les victimes seront des civils», a-t-il confié.
Les autorités maliennes, tout le secrétariat permanent du G5 Sahel qui est basé à Nouakchott, n'ont jusqu'à présent pas réagi à cette fronde qui risque de prendre de l'ampleur, en raison aussi de l'exaspération de la population face à l'incapacité des forces étrangères (MINUSMA, Barkhane, G5 Sahel) de contenir les menaces sécuritaires.
Dans son dernier rapport sur la force du G5 Sahel, publié le 6 mai, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a confirmé la signature d'un accord avec les autorités maliennes «par lequel un siège provisoire a été mis à la disposition de la force conjointe au mess des officiers à Badalabougou». Avec cette manifestation de 48h contre ce transfert de son QG, la force conjointe ne semble pas prête à se défaire des entraves qui la guettent presque. Sur le terrain, les attaques se poursuivent amplifiant les critiques contre le G5 Sahel qui peine encore à convaincre de son utilité sur le front.