Un millier de personnes ont manifesté samedi à Niamey contre la présence au Niger des bases militaires françaises et américaines, accusées d’inertie face aux attaques jihadistes meurtrières, a rapporté un journaliste de l’AFP. Au rythme de musiques locales dédiées à l’armée nigérienne, les protestataires (...)
Un millier de personnes ont manifesté samedi à Niamey contre la présence au Niger des bases militaires françaises et américaines, accusées d’inertie face aux attaques jihadistes meurtrières, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Au rythme de musiques locales dédiées à l’armée nigérienne, les protestataires ont sillonné les rues aux cris de: « Vive le Niger, vive l’armée nigérienne » avant de tenir un meeting devant le parlement.
« A bas les bases militaires étrangères », « A bas l’armée française », « A bas l’armée américaine », « A bas les jihadistes et Boko Haram », ont scandé les manifestants, essentiellement des étudiants, des lycéens et des collégiens, qui répondaient à l’appel du l’Union des scolaires nigériens (USN), leur syndicat.
Sur des pancartes on pouvait aussi lire: « Non à la sous-traitance de notre souveraineté nationale », « Notre territoire est indépendant depuis le 3 août 1960 ».
« Nous ne voyons pas la plus-value de la présence de ces bases militaires étrangères parce que chaque jour que dieu fait, notre pays est victime d’attaques », a déclaré à l’AFP Idder Algabid, le dirigeant de l’USN. Ces attaques pourraient être évitées si toutefois il y avait « une franche collaboration et un soutien extérieur » des armées étrangères.
La manifestation « autorisée par la mairie de Niamey », selon lui, vise « à soutenir nos Forces de défense et de sécurité (FDS) victimes d’attaques répétées, enregistrant des morts et des blessés ».
Le dirigeant estudiantin a « exigé du gouvernement la dotation en moyens suffisants et adéquats des FDS afin de garantir la sécurité du pays et sa souveraineté nationale ».
Vendredi, il avait demandé « le départ pur et simple de ces bases militaires qui ne sont ici que pour obstruer notre souveraineté nationale ».
Le 17 mai, le groupe Etat islamique a revendiqué une attaque perpétrée dans l’Ouest, ayant tué 28 soldats et un assaut – infructueux – contre une prison de haute sécurité proche de la capitale, où sont détenus de nombreux jihadistes.
– Coopération renforcée –
Niamey, qui combat aussi le groupe jihadiste nigérian Boko Haram dans le Sud, a toujours justifié la présence des forces américaines et françaises sur son sol par la nécessité de « sécuriser les frontières » contre des infiltrations de groupes jihadistes venant du Mali voisin.
« Sans les renseignements que nous donnent les pays comme la France, nous sommes un peu aveugles », avait affirmé en 2014 le président nigérien Mahamadou Issoufou.
« Les terroristes tentent de reprendre pied au Niger, ce que nous n’accepterons pas. Nous nous battrons pour qu’ils ne s’installent pas au Niger », a déclaré la semaine passée le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari.
Vendredi, M. Moutari a visité la base aérienne de la force française Barkhane à Niamey. « (…) Nous avons parlé des moyens de renforcer cette coopération (militaire) opérationnelle » entre le Niger et la France, a commenté l’ambassadeur de France au Niger, Alexandre Garcia.
Au Niger, la France possède une base sur l’aéroport de Niamey à partir de laquelle des avions de chasse et des drones – non armés – opèrent. Dans le cadre de l’opération Barkhane, les forces françaises disposent aussi d’une base à Madama, dans le Nord.
Le Niger a également permis la construction d’une importante base américaine de drones à Agadez (nord), dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars, et qui donne aux Etats-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan.
Le Niger a récemment autorisé les Américains à armer leur drones.
L’Allemagne dispose d’une base logistique à Niamey pour ravitailler ses troupes engagées au Mali voisin.