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Religion/ soufisme confrérique au Mali : Les raisons d’une influence auprès des populations traditionnellement animistes
Publié le jeudi 30 mai 2019  |  Le Démocrate
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© aBamako.com par Momo
Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe
Le CICB a abrité le Jeudi 27 Août 2015, l`Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe. Photo: Soufi Bilal
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Le succès de l’Islam au Mali, notamment sous sa forme soufie, revient principalement à l’existence d’une convergence organisationnelle entre le soufisme confrérique et la religion ancestrale du pays. Le fétichisme comme religion ancienne du Mali, avant l’avènement de l’Islam, était structuré et hiérarchisé à l’instar des confréries soufies. Les membres appartenant aux confréries animistes étaient soumis à des règles très strictes.

La religion traditionnelle se constituait de divers éléments, entre autres:

La case isolée et encerclée par une cloison, pour mieux camoufler le centre des activités rituelles. Ceci représente clairement les « zāwiyas » dans le soufisme, où les aspirants s’isolent pour effectuer des exercices spirituels.
La cotisation des membres appartenant au fétichisme dans le but d’entretenir leur temple animiste et de venir en aide aux plus démunis de la société. Ce point correspond de façon nette aux présents dits « ḥadiyya » dans le soufisme. Ces cadeaux sont également destinés à financer le guide spirituel et toutes les activités rituelles de la confrérie soufie.
Le chef de la confrérie traditionnelle qui joue un rôle prépondérant dans la gestion du culte animiste et préside les assises rituelles. Il est ainsi similaire au Cheikh dans les voies spirituelles, car ce dernier en est aussi le centre autour duquel tournent tous les composants de la tarîqa.
Le test des nouveaux adhérents à la confrérie fétichiste qui se tient sous l’égide du chef des fétichistes. Ce test consiste à soumettre le néophyte à l’épreuve physique et intellectuelle. Une fois assuré qu’il résiste aux conditions dures de la vie et qu’il connaît suffisamment la tradition ancestrale qui régit la confrérie, il y est ouvertement admis. Un casque traditionnel lui est délivré en signe d’appartenance. Ceci constitue également un point de convergence avec le soufisme. Car le nouvel aspirant voulant se soumettre à une tarîqa subit en général une épreuve de la part du guide spirituel avant d’y être admis. Une fois les épreuves réussies, le novice recevra un bonnet blanc et parfois un habit particulier ou un chapelet comme signes d’appartenance.
La cérémonie composée de musique et de danse rituelles, régulièrement organisée par la confrérie traditionnelle pour rendre hommage à leur fétiche et consolider les liens sociaux entre les adeptes. Les confréries soufies offrent également des prestations semblables, le ‘sam‘ et le ‘raqs’ représentant dans le soufisme la musique et la danse rituelles, auxquels s’adonnent les soufis à des fins spirituelles.
Le passage d’un niveau inférieur à un niveau supérieur dans la religion animiste s’effectue en fonction de l’âge des adeptes. Les plus jeunes doivent une obéissance totale aux plus âgés, alors que ces derniers doivent une protection et une solidarité indéfectibles à l’égard des jeunes. Le soufisme est également constitué de différentes étapes, commençant par mouride, le novice, puis muqaddam, khalife et terminant par cheikh. Ces étapes sont accessibles en fonction du degré spirituel des aspirants. L’obéissance aveugle est requise pour les adeptes occupant les étapes supérieures, ces derniers veillent également, en contrepartie, au bon exercice spirituel des novices.
La retraite dans des lieux sacrés des animistes, afin d’entrer en communion avec les esprits de la nature fort conseillée par la confrérie traditionnelle. Cette retraite prônée par la religion ancienne du Mali est remarquablement identique aux retraites spirituelles « ẖalwa » observées par toutes les confréries spirituelles.
Ces pratiques décrites dans la religion traditionnelle du Mali, correspondant singulièrement aux pratiques adoptées dans le soufisme, ont particulièrement fasciné le peuple malien, qui n’a éprouvé aucune gêne pour se convertir à l’islam sous sa forme soufie. Car il s’y reconnut aisément et ne fit qu’échanger un style culturel pour un autre quasiment identique sur le plan organisationnel. Le soufisme a ainsi connu une adhésion étendue et une forte influence sur la population de l’ancien Soudan.

Sambou Sissoko
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