Les multiples demandes de pardon de Djenè Sogodogo n’ont pas été suivies d’effet. IBK, le principal concerné par les injures de la jeune femme, n’a pas daigné accéder aux sollicitations des autorités religieuses du Mali tendant à obtenir sa libération.
Une faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on. Cette pensée ne semble pas animé le président de la République Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Le lundi 3 juin, malgré le fait que ce soit un jour consacré au pardon chez les musulmans il a eu des mots très durs à l’endroit de Djenè Sogodogo. La militante du CDR est incarcérée depuis le mois d’avril pour avoir proféré des injures à l’encontre d’IBK et d’autres dirigeants maliens. Après les excuses publiques présentées par Djenè, IBK garde toujours au fond de lui l’affront qu’elle lui a infligé. Non seulement, il ne va pas bouger le petit doigt pour qu’elle soit libérée, il enfonce davantage le cas de la mère de famille en ordonnant au corps judiciaire de continuer à appliquer la loi dans toute sa rigueur. Même si IBK a affirmé lui accorder son pardon, tout porte à croire que le président n’est pas sincère.
Djenè Sogodogo a pourtant prouvé à plus d’une reprise regretter ses condamnables actes et implorer la clémence de ceux qu’elle a offensé. Tout s’est déroulé comme dans un film d’espionnage où des agents sont contraints à avouer des actes pour ensuite les anéantir. Que dire du cas de Djenè si ce n’est cela ? En effet, après plusieurs semaines derrière les barreaux, dans les dures conditions de vie carcérale malienne, la mère de famille est apparue dans plusieurs vidéos pour demander pardon nommément à IBK et tous les autres. Cet acte honorable a même failli faire oublier le contexte dans lequel il se déroule. Mais peu importe. Ce qui comptait là, c’était simplement l’acte et son éventuelle issue.
Une issue heureuse encore lointaine à l’aune des récents développements.
Les excuses émouvantes des enfants de la prisonnière, l’émoi national ajoutés à l’intervention des leaders coutumiers et religieux n’y changeront rien. Djenè croupira en prison, pas parce qu’elle a tué mais qu’elle a insulté. « La loi est dure mais c’est la loi », a argué IBK. S’est-il au moins souvenu de l’existence de cette même loi quand il faisait libérer des terroristes, auteurs de crimes atroces, au nom de la paix ? Quelle valeur ont les lois de la République quand des chefs rebelles, des tueurs, sont entretenus par l’argent public au nom de la réconciliation ? Où se situe la règle juridique quand les auteurs de détournement des milliards de deniers publics sont laissés libres alors qu’ils sont épinglés dans les accablants rapports du vérificateur général ?
IBK, le défenseur de la loi a occulté le fait que Djenè Sogodogo était incarcérée quand elle enregistrait et diffusait ses vidéos de repentance. Quelle loi autorise les gardiens de prisons à laisser des détenus diffuser des messages ? Y a-t-il eu des sanctions ? Il faut croire que l’infraction de la loi est minime quand il s’agit de demander pardon à IBK. La satisfaction ne peut être qu’encore plus grande quand la repentie perd mainte fois sa dignité.
Cette analyse ne vise nullement à faire la promotion de l’impunité. Elle cible une imposture, une hypocrisie institutionnelle qui ne s’applique qu’aux faibles de la République. Toute cette mascarade n’avait qu’un seul but: humilier Djenè Sogodogo. Objectif atteint. Le film est terminé. Zappez, la gouvernance émotionnelle continue.