Le 25 mai dernier, le président de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidatt défrayait la chronique, en ne respectant pas l’exécution de l’Hymne national du Mali, au cours d’une cérémonie organisée par le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL). La lettre ouverte de Mossa Ag Attaher qui se présente comme cadre de l’Azawad a été perçue par l’opinion dans sa plus large expression comme un casus belli supplémentaire. L’incident peut, a priori, être diversement interprété et le degré de gravité peut également être fortement tributaire du jugement que l’on porte sur l’acte de Ould Sidatt et celui de Ag Attaher.
Mais, l’acharnement médiatique d’une rare virulence, preuve irréfutable que dans le cas d’espèce la passion l’emporte sur la raison, est un sérieux indicateur que les plaies sont mal cautérisées. Le jugement est étriqué ; il n’y a aucun bénéfice du doute qui est pourtant un principe fondamental en matière de justice. Le ou les auteurs de ‘’défiance’’ vis-à-vis de l’État, semblent condamner d’avance. Il suffit d’un élément déclencheur pour que le couperet tombe, tout comme il n’a fallu que d’une étincelle (‘’Sidi Brahim Ould Sidatt était d’abord assis, ensuite quand il s’est levé, avec désinvolture, il avait les bras croisés’’ s’est offusqué Tiébilé DRAME) pour donner lieu au déchaînement de passion auquel l’on a assisté ces derniers jours. ‘’Petite cause, grande conséquence’’, dit le proverbe.
En effet, Sidi Brahim n’est pas que victime d’un incident isolé, mais il paie pour tous les comptes non soldés, les passifs, les frustrations incompressibles des Maliens face à ceux qu’il est convenu d’appeler les ‘’enfants gâtés de la République’’, c’est-à-dire les ‘’Azawadiens’’. Dès lors, l’objectivité cède le pas à la subjectivité, et tout peut devenir agent pathogène. Il n’y a pas de petit incident, d’autant plus qu’il peut mettre le feu aux poudres.
Comment alors relever, dans ces conditions d’extrême volatilité, le pari de la réconciliation qui est clairement le parent pauvre du processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ? Le rapport ‘’Observations sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (avril 2019)’’, en mettant en évidence des ‘’efforts de réconciliation disparates et non coordonnés’’, se fait l’écho des difficultés persistantes.
Il est évident que le chemin de la réconciliation est long et passe surtout par le soin des meurtrissures, par le traitement du passé, la fin des procès en sorcellerie. Aussi, les actes de provocation, et même tout ce qui s’y apparente, devraient donc être proscrits de notre quotidien pour la restauration d’un vivre ensemble harmonieux auquel tout le monde aspire, après tout. Il ne s’agit pas d’une option. La réalisation de la réconciliation est une priorité, une urgence même, comme le disait le Président IBK, lors de sa prestation de serment, à propos de l’unité de la Nation.