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Éditorial : Responsabilités
Publié le mercredi 12 juin 2019  |  L’Essor
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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A l’évidence, les solutions appliquées à la crise malienne sont jusqu’ici inopérantes. En attestent la longue liste des massacres et la prolifération des groupes extrémistes sur le territoire. Depuis le début de l’année, Koulogon, Ogossagou et Sobane sont les épisodes les plus meurtriers d’un feuilleton macabre à scénario unique : des hommes armés débarquent dans un village sans défense, posent des actes criminels et se fondent dans la nature. Après l’horreur, gouvernement, Onu, France pour ne citer que les principaux, se fendent de communiqués dont les termes sont presque invariables, mis à part évidemment le bilan et la scène du crime. Curieusement, les autres intervenants semblent vouloir faire porter le chapeau de l’échec collectif au gouvernement. La Minusma et la France pointent régulièrement l’incapacité des forces de défense et de sécurité maliennes à assurer la sécurité des citoyens.
A première vue, il est de bon ton de rappeler à l’Etat malien ses responsabilités régaliennes. Tout Etat doit protéger ses citoyens et assurer la sécurité sur son territoire. Mais dans le contexte malien, se contenter de rappeler ce principe revient à se cacher derrière son doigt. C’est ce que font nos partenaires étrangers, en soulignant constamment l’incapacité du gouvernement à assumer ses responsabilités. Ils masquent ainsi leur part de responsabilité dans la gestion de la crise malienne.
Il est inutile de rappeler que si le Mali avait les moyens d’assurer la sécurité sur son territoire, il ne ferait pas appel à des forces étrangères pour l’épauler. Quand éclata la crise en 2012, nos voisins furent les premiers à voler à notre secours dans le cadre de la Misma. La mission africaine s’est muée en mission onusienne devant l’ampleur de la crise. La Minusma a donc vu le jour en réponse au devoir de la communauté internationale d’aider le pays en difficulté à se relever. La mission a été dotée de moyens conséquents en termes de budget et d’effectifs. Pour l’exercice 2017-2018, le budget de la Minusma se chiffre à 1,077 milliard de dollars ; les effectifs militaires s’élèvent à 10.320 et les policiers sont au nombre de 1.105. Est-ce suffisant ? En tout cas, ces chiffres font rêver les dirigeants maliens.
La protection de la population civile est inscrite en bonne place dans les missions du contingent onusien. Normalement, les Casques bleus devraient aider à combler les lacunes des forces maliennes. Car, l’absence de l’Etat dans certaines parties du territoire, consécutivement à la crise, a amené les communautés à constituer des groupes d’autodéfense afin de se protéger contre les assassinats ciblés. Mais en matière de déploiement pour protéger les civils, les hauts faits d’arme des soldats de la paix ne sont pas très connus. Pourtant, on ne pourrait pas taxer leurs communicants d’inefficacité.
Quant à l’autre partenaire, la France en l’occurrence, son importance et son influence sur la crise malienne crèvent l’œil. L’intervention de l’Onu obéit à la vision de la France et donc forcément elle est conforme aux visées françaises. Les résolutions du Conseil de sécurité renouvelant les mandats annuels de la Minusma portent les marques de la plume des diplomates français. La France est présente militairement sur notre sol depuis 2013 avec l’objectif de combattre les groupes terroristes.
Mais bizarrement, l’ancienne puissance colonisatrice n’est comptable d’aucun échec. La barque de l’Etat malien est constamment chargée. Dans la presse française, le Mali bashing est un sport favori. Les Maliens et leurs dirigeants sont présentés comme des corrompus incapables de se défendre. Les Français nous font peut-être la réplique du mépris souverain que leur opposaient les Anglo-américains, venus libérer la France, lors de la Seconde Guerre mondiale.
L’Etat malien n’est écouté ni sur les solutions à adopter ni sur la communication sur la crise. Personne ne prête attention à ses précautions de langage quand il évite soigneusement de désigner une ethnie comme étant l’unique victime de l’insécurité.
Lors des précédents massacres, il y a eu un matraquage médiatique pour tenter d’accréditer l’idée de la stigmatisation d’une ethnie. Existe-t-il des villages mono ethniques au Mali ? Assurément non. Des pyromanes attisent le feu de la division. A dessein, pourrait-on dire. Car, les foyers de tension sont porteurs d’opportunités pour les humanitaires et les consultants de tout poil, les trafiquants de tout acabit. Les images macabres favorisent la levée de fonds-fundraising pour utiliser l’expression à la mode – prétendument destinés aux victimes. Quant aux trafiquants et autres acteurs de l’économie de guerre, ils ont la possibilité de faire fructifier leur business.
Contrarier les velléités des profiteurs de la crise ? C’est possible. A condition que les différents partenaires acceptent de se serrer les coudes pour combattre les groupes radicaux qui sont à l’origine des troubles chez nous.

B. TOURÉ
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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