La coopération entre pays africains contre le terrorisme est une nécessité absolue pour le président du Rwanda. Sinon, ce sera un échec, selon lui.
Paul Kagame prend les choses en main. Quelques heures après un nouvel épisode du cycle d'atrocités intercommunautaires qui frappe le Mali depuis plusieurs mois, attisé par les jihadistes locaux, le président rwandais fait ce constat : les pays africains "doivent travailler ensemble" pour lutter contre le terrorisme. Sinon, a-t-il expliqué à Libreville le 10 juin 2019, en réponse à une question sur la lutte contre le terrorime, "nous ne réussirons pas à mettre fin" aux problèmes sécuritaires sur le continent.
C'est aux Africains de résoudre les problèmes africains
Cette coopération est "nécessaire" car "certains problèmes traversent les frontières, ils ne sont pas confinés à une zone ou à un pays", a précisé M. Kagame lors d'une conférence de presse en anglais, à l'issue d'une rencontre avec le chef de l'Etat gabonais Ali Bongo Ondimba. Pour le président rwandais, la chose est entendue : la résolution des problèmes africains doit être africaine.
Des aides "venues de l'extérieur du continent (...) peuvent parfois compliquer encore plus les problèmes", a-t-il développé dans une allusion à l'opération française Barkhane au Mali. "La meilleure façon" de résoudre les problèmes "est de travailler avec les pays africains et des institutions comme l'Union africaine (...) et de venir ensuite les aider dans leurs initiatives."
Le continent africain fait face à plusieurs menaces venant notamment degroupes jihadistes opérant dans les pays du Sahel et dans la corne de l'Afrique. Le président rwandais a assuré la présidence tournante de l'Union africaine en 2018, avant de céder sa place à l'Egypte en février dernier.
Tout n'est pas rose à Kigali
Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que le groupe rebelle qu'il dirigeait, le Front patriotique rwandais, a renversé en juillet 1994 le gouvernement extrémiste hutu. Ce dernier avait déclenché un génocide qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsie. Depuis, le président rwandais est crédité du spectaculaire développement, principalement économique, d'un pays exsangue au sortir du génocide. Mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d'expression et de réprimer toute opposition.