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Cinquième rapport de la fondation Scelles sur l’exploitation sexuelle : « La prostitution n’est ni un travail ni du sexe … »
Publié le jeudi 13 juin 2019  |  Le Pays
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La semaine dernière, la fondation Scelles a rendu son 5e rapport sur l’exploitation sexuelle et la traite des êtres humains dans le monde. Un rapport qui révèle des constats alarmants.

67% de personnes victimes d’exploitation sexuelles dans le monde. C’est ce qui ressort du 5e rapport mondial sur l’exploitation sexuelle de la fondation Scelles.

Lien entre les nouvelles technologies et la prostitution

La prostitution aussi bien que l’exploitation sexuelle notamment sur l’internet sont en pleine expansion dans le monde, nous précise le rapport de la fondation Scelles. C’est ce que nous lisons entre ces lignes : « La prostitution en ligne est une industrie en plein essor. Les agences d’escorting, les annuaires d’annonces d’escortes, les sections « adultes » ou « massages » des plateformes d’annonces en ligne y prospèrent et les propositions de rencontres plus ou moins explicites se développent sur les sites de rencontres, les forums liés à la sexualité… » Ce phénomène s’est accru à travers l’internet parce que cet outil permet entre autres : la dissimulation, l’anonymat et la discrétion.

Ce rapport reconnait les énormes avantages qu’offre le numérique aux femmes, mais reconnait de même que le cyberspace ne constitue toujours pas un espace de sécurité pour elles. Il rappelle alors le résultat des enquêtes menées par l’ONU Femmes en 2018 où il était mentionné que 73% de femmes ont déclaré avoir subi des violences en ligne.

La fondation Scelles, à travers ce document, identifie pour ainsi dire deux types de sites d’escortes : « d’une part, les annuaires spécialisés proposant des annonces d’escortes détaillant leurs prestations sexuelles en omettant de préciser le tarif et, d’autre part, les sites d’agences d’escortes indiquant pouvoir réserver certaines femmes lors de leur passage en France (les « sex tours »). Sur le profil de chaque escorte sont précisées les prestations sexuelles qu’elle propose, ainsi qu’un tarif. » Elle prend à ce titre l’exemple sur le français Vivastreet qui serait leader dans le domaine du proxénétisme avec plus 30 millions de visiteurs, dont 10 millions, en France. Un site qui proposerait théoriquement des services sexuels sans contrepartie. Mais une enquête du parquet de Paris, précise le rapport, le soupçonne d’être un facilitateur d’une « prostitution déguisée » dans laquelle il tire d’énormes profits.

À lire ce document, nous comprenons que les nouvelles technologies ont largement contribué à la recrudescence de la prostitution jusqu’à le banaliser. Le e-commerce aurait, selon ledit rapport, été adopté au préalable par les sites pornographiques. « La technologie serait-elle au service de l’exploitation du corps des femmes ? La pornographie a envahi Internet, les deux-tiers de la prostitution ont lieu en ligne et l’industrie des poupées et des robots masturbatoires est en plein développement. Quelles sont les conséquences de ces avancées ? Les robots confortent les comportements masculins de domination et la prostitution se cache désormais derrière la façade d’une simple transaction en ligne… L’imbrication technologie-prostitution n’aboutit qu’à banaliser toujours plus un phénomène d’exploitation », lit-on dans ce document qui déplore que les « termes pornographiques » soient les plus recherchés sur Google partout dans le monde.

Pourquoi les poupées sexuelles ?

Parlant des poupées sexuelles, l’auteur du rapport écrit : « L’industrie des poupées et robots masturbatoires est une extension de la prostitution. C’est parce que la prostitution de femmes et de jeunes filles existe qu’il est possible de concevoir l’usage d’une telle robotique. L’industrie se développe parce qu’il existe une demande masculine. » Sur cette question, un long développement est fait dans ce rapport. La plupart font office de justification du choix des hommes qui choisissent ces jouets sexuels. À en croire aux contenus de ce document, c’est pour réduire les violences des hommes sur les femmes. Chose que le rapport conteste en ces termes : « En quoi les robots pourraient changer leurs comportements ? La véritable transformation serait de faire comprendre aux hommes violents qu’ils sont entièrement responsables de leurs actes inacceptables, et non de leur faciliter la tâche en leur procurant des jouets ou des femmes à prostituer. Les robots ont été créés dans un contexte où la violence masculine existe déjà et la nature lucrative est telle que les producteurs ont tout intérêt à maintenir cette violence. Plus la société valide les crimes des hommes violents en leur offrant des exutoires à leurs soi-disant besoins, plus ces besoins seront normalisés et perpétués. »

En fin de compte, le rapport arrive à l’explication que ces créations tentent juste de positionner l’homme comme un créateur de la femme accordant ainsi plus de crédits aux mythes allant dans ce sens. « La prostitution est un système où la souffrance est industrialisée et la question des robots lui est intimement liée. La prostitution, en particulier celle filmée, transforme les femmes en objets, et vice-versa », précise-t-on dans ce document qui déplore la prise en otage des médias du monde entier par des discours pro-prostitutionnels. À en croire le document, ces discours ont pour objectif de cacher la réalité de l’exploitation sexuelle sous « une illusion normative : « les personnes exploitées deviennent des travailleurs et travailleuses du sexe (sex workers), la prostitution un « travail » émancipateur pour la femme et une forme de sexualité consensuelle alternative à la pointe du XXIe siècle !» « La prostitution n’est ni un travail ni du sexe. C’est la marchandisation de la personne humaine. C’est l’exploitation scandaleuse du corps des femmes, des enfants, et, de plus en plus, d’hommes », précise le rapport.

Mettre fin à l’exploitation sexuelle

« La lutte contre la traite des êtres humains comporte un volet répressif, un volet de protection et d’aide aux victimes, mais également un volet de prévention», précise la fondation, auteur du rapport en question après avoir indiqué dans sa préface: « Banaliser l’exploitation d’autrui à des fins marchandes comme à des fins de domination sexuelle ne peut en aucun cas être toléré sous peine de laisser triompher la loi du plus fort, du plus riche, du plus violent ».

Aux dires de ce document, des mesures de prévention contre l’exploitation sexuelle sont encouragées par des cadres normatifs. Elles consistent notamment en des formations ou des actions de sensibilisation, à la prévention en s’attaquant à ses causes, à favoriser l’assistance aux victimes et à décourager la demande d’exploitation sexuelle. « L’enjeu aujourd’hui est de donner à ces initiatives les moyens matériels et humains de servir leurs ambitions », précise le document avant d’inviter : « C’est par la formation des publics confrontés aux victimes que l’on pourra faire progresser la lutte contre le système prostitutionnel et mener à une prise de conscience collective. » Puis de poursuivre : « La lutte contre toutes les formes d’exploitation sexuelle doit être une priorité clairement définie par les gouvernements, dotée de moyens à la hauteur des enjeux. Le phénomène continue dangereusement à se développer et à évoluer. » La fondation Scelles ajoutera : « une véritable gouvernance reste à construire dans un contexte où la coopération avec les acteurs de l’internet reste aléatoire. En effet, les États-Unis veulent un Internet libre et ouvert, qui leur permet de maintenir une mainmise économique à travers les grands groupes que sont Google, Apple, Facebook et Amazon (les GAFA) qui tendent à contester la souveraineté des États. La lutte doit se poursuivre sans relâche. »

Rappelons que la fondation Scelles a été créée afin de « connaitre, comprendre et combattre l’exploitation sexuelle ».

Fousseni TOGOLA
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