Avec un bilan provisoire de 95 morts et de 19 portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées, Sobame Da figure en bonne place des villes martyres. Mais, les cafouillages affligeants, autant autour de l’appellation exacte du village que du bilan de l’expédition, interpellent au plus haut niveau.
Le Gouvernement, dans son communiqué, parle de Sobame Da : ‘’le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’une tragique attaque armée a été perpétrée ce lundi, vers 3 heures du matin, dans le village de SobaMe Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti (…)’’.
Le Président de la République, dans son message, depuis Genève où il participait à la 108e session de la Conférence Internationale du Travail (CIT) prévue du 10 au 12 juin 2019, a parlé de SobaNe : «c’est avec une grande tristesse et une profonde consternation que j’ai appris les tragiques évènements survenus dans la nuit de dimanche à lundi, dans le village de Sobane Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti, qui ont coûté la vie à plusieurs de nos concitoyens’’.
Ainsi, entre les berges du Djoliba et la colline de Koulouba en transport à Genève, le M de Sobame Da s’est mué en N sans qu’on ne sache par quel tour de magie. Il s’agit pourtant du même village.
Cet incident n’est pas rappeler un autre qui a jeté l’opprobre sur un pays tout entier quand un appareil d’Air Algérie s’est crashé, le 24 juillet 2014, près du village de Boulekessi, dans les environs de Gossi (Commune de Mondoro, Cercle de Douentza, région de Mopti).
Dans le communiqué du Gouvernement, en date du 24 juillet 2014, on pouvait lire : ‘’l’avion transportait 116 passagers, dont 6 membres d’équipage a disparu dans le nord du Mali’’.
Il est évident que des cours de rattrapage scolaires pour les leçons de géographie du Mali s’imposaient alors. Parce que, Mopti ne fait pas partie du Nord, mais représente même le cœur du Centre.
Au demeurant, pour lever toute équivoque, il aurait été aisé de s’enquérir de l’appellation exacte du village auprès du Maire de Sangha qui était sur le lieu de la tragédie, par conséquent joignable. Le Gouvernement dit en effet dans son communiqué : ‘’le bilan provisoire établi par une mission du Poste de Sécurité de Diankabou dépêchée immédiatement sur les lieux, en présence du maire de Sangha, fait état de 95 morts et de 19 portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées’’.
Autre cafouillage : les bilans contradictoires des victimes de ce village qui méritaient tout sauf un tel sort. Alors que le Gouvernement annonçait un bilan provisoire de 95 morts ; le Gouverneur de la région de Mopti, Sidi Alassane TOURE, se déchire totalement sur la Chaîne nationale, en évoquant 35 morts.
Au-delà des cafouillages constatés, l’expression d’une légèreté chronique entrée dans nos mœurs, une telle étourderie de la part du Chef de l’Exécutif régional, en un moment aussi grave, est forcément choquante. De quoi faire de lui la cible parfaite des francs-tireurs de la toile mondiale ; mais également de tous ceux qui ont été ébranlés par l’ampleur de ce massacre qui s’inscrit dans une spirale de violences, en passe de devenir une fatalité.