95 morts, selon le Gouvernement, environ 200 morts, de sources médiatiques, le massacre perpétré dans le village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti, révèlent l’étendue de la dégradation de la situation sécuritaire au Centre. Pis, il réveille les velléités de réactivation des groupes d’auto-défense définitivement convaincus de l’utopie de compter sur une protection de l’État. Le Centre est aux portes de l’enfer.
Le Gouvernement a communiqué : ‘’le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’une tragique attaque armée a été perpétrée ce lundi, vers 3 heures du matin, dans le village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti. Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre ce paisible village.
Le bilan provisoire établi par une mission du Poste de Sécurité de Diankabou dépêchée immédiatement sur les lieux, en présence du maire de Sangha, fait état de 95 morts et de 19 portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées. Des renforts sont actuellement déployés dans le secteur et mènent un large ratissage pour traquer les auteurs’’.
Bilan provisoire, puisque selon d’autres sources le village qui compte environ 300 personnes a été réduit en cendre. En toute logique, selon les mêmes sources, on devrait dénombrer au moins 200 morts.
C’est donc le cycle infernal de tueries en masse qui se poursuit dans le centre du pays qui occupe le devant de l’actualité nationale et internationale.
Selon les Conclusions préliminaires de la mission d’enquête spéciale de la MINUSMA sur les graves atteintes aux droits de l’homme commis à Ogossagou le 23 mars 2019 : ‘’au cours de l’attaque, les assaillants ont tué au moins 157 membres de la communauté peule, dont au moins 12 individus appartenant au groupe d’auto-défense’.’
Auparavant, un communiqué de la MINUSMA informait : ‘’le 01 janvier 2019, aux environs de 5 heures du matin, au moins 37 personnes auraient été tuées lors d’une attaque dirigée contre le village de Koulogon Peul (village situé dans la commune de Koulogon Habé, cercle de Bankass), par des éléments armés non encore identifiés portant des tenues des chasseurs traditionnelles (Dozos). Au moins 37 personnes civiles auraient été tuées dont des femmes et des enfants, plusieurs autres sont portées disparues et d’autres blessées. Des maisons, hameaux et greniers auraient été volontairement incendiés’’.
Après la tragédie de Sobame Da, la population descend à bras raccourci sur l’État incapable de faire face à l’une de ses missions régaliennes, à savoir la protection des personnes et des biens.
Pour les victimes directes de ces bains de sang répétitifs, c’est un sentiment de révolte qui prend le pas. À cet effet, dans son communiqué après l’hécatombe de Sobame Da, si Dan Na Ambassagou ‘’condamne avec la dernière énergie cet acte terroriste et génocidaire intolérable’’, elle n’en reste pas là. En effet, l’Association ‘’invite les populations à la mobilisation pour la défense de leur terroir’’. Les couleurs sont annoncées, d’autant plus qu’elle ‘’considère cette attaque comme une déclaration de guerre et en prend acte, rassure les populations de sa disponibilité à assurer davantage leur sécurité, car il est désormais établi que ni l’État ni la communauté internationale ne s’intéressent à la vie des populations meurtries depuis bientôt 5 ans’’.
En s’inscrivant dans la logique selon laquelle le sang appelle le sang, ce qui semble prévaloir désormais, la porte est ouverte à toutes les dérives possibles. Un péril d’autant plus réel que certains responsables peulhs seraient dans une dynamique d’armement pour la défense de leurs communautés. Tous les ingrédients sont ainsi réunis, sans alarmisme aucun, pour une guerre civile. Va-t-on attendre la réalisation de ce scénario catastrophe (comme on est resté apathique jusqu’à l’occupation des 2/3 du territoire) pour prendre la pleine mesure de la situation et appliquer les solutions qui s’imposent ? En tout cas, pour le moment, il nous revient que le Gouvernement est bien conscient du péril, puisque le Premier ministre a instruit au ministre de la Justice de saisir le Procureur pour des besoins d’enquêtes afin de situer les responsabilités de ce crime contre des populations civiles.
De son côté, le Président de la République en mission à Genève, en Suisse, a annoncé, dans un communiqué de ce 10 juin 2019, sa décision d’écourter son séjour. Il est était attendu à Bamako depuis hier soir pour se rendre sur les lieux du massacre. En attendant, IBK a condamné ‘’avec la plus grande fermeté cet acte lâche’’ avant de présenter ses condoléances aux familles endeuillées et de souhaiter prompt rétablissement aux blessés.