Prorogation du mandat : Un pays fou de ses députés

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Publié le vendredi 14 juin 2019 | La Sirène

© aBamako.com par A S
Le premier ministre devant l`Assemblée Nationale du Mali
Le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maiga était ce lundi 7 Janvier 2019, devant les députés de l`Assemblée Nationale pour s`expliquer sur l`insécurité au centre du Mali.

La prorogation du mandat des députés souligne à quel point le Mali est attaché à ces représentants de la population. Pourtant, ces élus qui auraient dû être déchus de leur fonction ne sont plus en odeur de sainteté auprès de la population, ces gens qu’ils sont censés représenter à l’Hémicycle. Il y a en tout cas une histoire de passion dans le fait que ces députés aient plusieurs fois la chance de voir leur mandat prorogé.
L’annonce de la seconde prorogation du mandat des députés la semaine passée a soulevé de vives critiques au sein de la population. Les Maliens ne voient en ces députés que de politiciens grassement nourris aux dépens du peuple qu’ils sont censés représenter à l’Assemblée nationale. Beaucoup souhaitent que le budget consacré à l’entretien et au salaire des parlementaires soit utilisé à d’autres fins.
En effet, le pays est dans une crise financière grave, sans précédent, si bien que des secteurs sensibles de l’administration et des services sociaux sont en dangers. Au moment où on refuse aux enseignants des augmentations de salaire souhaitables et des primes à la hauteur de leur sacrifice, on continue de prolonger le mandat des députés sans prendre des mesures d’économie sur le budget alloué à l’institution.
Autres cas évoqués par les détracteurs de la prorogation du mandat des députés, c’est le sort de certains travailleurs de l’Etat. Les catégories de fonctionnaires comme la magistrature, le corps des administrateurs, sont dans une situation inquiétante. Ces fonctionnaires se sont battus en vains pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, une amélioration qui est considérée comme l’une des solutions au problème de corruption dans ces services représentant l’Etat.
Par ailleurs, la Constitution malienne se trouve être malmenée par les multiples prorogations du mandat des députés. Cela est une des raisons de la colère des chefs de parti comme Dr. Soumana Sacko de CNAS Faso Nièta. L’ancien Premier ministre Cheick Modibo Diarra, le président du RPDM, est aussi dans la même logique et demande depuis la fin de la présidentielle dernière le remplacement des députés par une Assemblée constituante.
Même au sein de la coalition de partis qui a soutenu la réélection d’IBK, il y a des voix qui se lèvent contre la prorogation du mandat des députés. Ce qui dérange le plus, c’est que la nouvelle prorogation donne un an de plus aux élus de la nation pour profiter de leurs privilèges sans être en phase avec le peuple dont la méfiance à leur égard a cependant diminué à la faveur d’évènements politiques récents.
On peut citer en l’occurrence la programmation d’une motion de censure dans le but de chasser l’ancien gouvernement. Les députés avaient, surtout ceux de la majorité présidentielle, avaient joint un mouvement politique d’opposants et de religieux pour faire partir l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et son équipe
Avec tout ça, l’Etat continue de s’accrocher aux députés avec une passion qui étonne tout monde. Qu’est ce qui empêche le président d’en finir avec ces élus pour amener de nouveaux représentants du peuple à l’Assemblée?
Dougoufana Kéita

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