Il ne fait l’ombre d’aucun doute que tout le monde a sa part de responsabilité dans la tuerie en masse et à répétition au centre du Mali. Le Gouvernement du Mali en premier lieu, qui n’arrive pas à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Les forces étrangères, comme Barkhane, la MINUSMA et le G5 Sahel dont la vocation première est de lutter efficacement contre le terrorisme, mais refusent de jouer leur partition et renvoient la balle dans le camp de l’Etat malien. Les communautés Peuls et Dogons elles-mêmes qui, après plus de deux siècles de cohabitation, d’union et de vivre-ensemble tombent dans le piège de ceux qui veulent diviser le Mali. Quid du peuple tout entier, à travers ses représentants et les structures de la société civile pour sa passivité vis-à-vis des gouvernants. Que faut-il faire pour arrêter cette saignée et préserver la forme unitaire de l’Etat ?
Le Mali est devenu la risée du monde depuis l’ignoble coup d’Etat perpétré par une junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le 22 mars 2012 a été le début de la périlleuse marche de la République du Mali que nul ne saurait deviner l’issue. Ce coup d’arrêt à notre processus démocratique a permis à la horde Djihado-indépendantiste d’ouvrir des hostilités contre l’Etat malien afin d’assouvir leur machiavélique dessein. L’élection d’un Président qui n’a ni programme ni vision pour le Mali, à savoir IBK, n’a pas arrangé les choses. Le Mali suit fatalement son destin malmené et taillé sur mesure de la France et de ses collaborateurs.
L’Etat a été tellement fragilisé sous IBK que les conditions de son effondrement sont réunies. Va-t-on être complice de cet effondrement et répondre demain devant le tribunal de l’histoire ? La réponse doit surement être Non. Le peuple doit se mobiliser et prendre son destin en mains. Il doit s’assumer en demandant le départ des forces d’occupation que sont la MINUSMA et Barkhane. Le peuple souverain devra ensuite puiser dans ses recettes et autres mécanismes de gestion de crise, les solutions idoines à cette guerre civile à relent communautaire. Descendants des grands conquérants, des rois qui ont unifié des petits royaumes en véritables vastes ensembles dotés d’une constitution appelée la Charte de Kurukanfuga, les maliens n’ont aucune leçon de gestion de conflits à recevoir de qui que ce soit. Nous sommes l’un des rares pays en Afrique et même au monde où la nation a précédé l’Etat. Donc, Peuls et Dogons ne sauraient être des ennemis, ils ne pourraient qu’être manipulés par d’autres forces aux agendas connus.
En somme, pourquoi les dirigeants actuels du Mali ne peuvent pas s’inspirer de l’exemple du premier Président du Mali Indépendant vis-à-vis de la France ? Modibo Keita avait, dès les premières heures de l’indépendance du Mali, tourné le dos à la France impérialiste pour se tourner vers le bloc socialiste incarné par l’URSS et la Chine. Le Mali doit son décollage économique à la Chine et à l’ex Union Soviétique. Il n’est pas encore tard pour le Mali de se tourner encore vers ses anciens amis, malgré la mondialisation.
Youssouf Sissoko