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Le chef de l’Etat à Sobane Da : Appel à un sursaut national pour mettre fin à la barbarie
Publié le samedi 15 juin 2019  |  L’Essor
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© Autre presse par DR
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S’adressant à la presse à la fin de sa visite, le président Keïta a soutenu qu’il n’y a aucun conflit inter ethnique au Mali. Il a rassuré ensuite les habitants du village que les auteurs des crimes seront traqués et traduits devant la justice

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, s’est rendu hier dans le village de Sobane Da, où une attaque barbare a été perpétrée par des individus armés. Cet événement macabre a créé un vif émoi dans l’ensemble du pays.

Le chef de l’Etat était accompagné d’une forte délégation composée de plusieurs ministres, de l’archevêque de Bamako, le cardinal Jean Zerbo, du président de l’église chrétienne protestante, Marc Goïta et de nombreuses autres personnalités. Depuis lundi après le passage meurtrier des assaillants, Sobane Da a enterré ses morts dans la dignité mais peine toujours à se relever de cette attaque ignoble. Des maisons calcinées, des cadavres d’animaux jonchant le sol, des motos incendiées, c’est dans ce décor apocalyptique que l’hélicoptère transportant le chef de l’Etat a atterri hier vers 11 heures à Sobane Da.

Sur place, Ibrahim Boubacar Keïta a rencontré les rescapés toujours traumatisés et profondément attristés. Après les salutations, le président Keïta a fait une intervention en bambara avant de visiter quelques maisons brûlées par les assaillants. Il s’est ensuite recueilli sur les tombes des disparus dans une atmosphère très lourde.
En effet, aucune âme humaine ne peut rester insensible à cette barbarie dont ont été victimes les habitants de Sobane Da. La douleur est encore plus grande quand on sait que les auteurs de ce massacre courent toujours.

De retour à Mopti, le chef de l’Etat et sa délégation se sont rendus à l’hôpital Somino Dolo de Sévaré pour visiter les blessés et leur souhaiter prompt rétablissement.
Dans une interview accordée à la presse à l’aéroport de Mopti, le président de la République a été très clair : «il n’y a aucune espèce de conflit inter ethnique dans notre pays. Et les jours qui viennent, nous en aurons encore la preuve. Qu’il y ait de la manipulation et des actes odieux aux fins de déstabiliser le Mali oui, mais ces actes là seront contrecarrés de la plus belle de façon», a-t-il assuré, ajoutant que le pôle antiterroriste et nos forces armées et de sécurité sont déterminés à atteindre cet objectif.

Pour le chef de l’Etat, il est aujourd’hui temps de mettre fin à ce qui se passe dans la région de Mopti. «Plaise à Dieu que nous soyons en train d’aller vers l’épilogue d’un temps très très douloureux pour le Mali », a-t-il laissé entendre, en s’inclinant pieusement sur la mémoire de ceux qui ont été martyrisés et qui ont perdu la vie à Sobane Da dans les «conditions d’inhumanité absolues».

«Que tout cela nous serve de leçon pour que nous opérions un sursaut salvateur, c’est ce sursaut seul qui aujourd’hui doit être le souci de tous les Maliens. La survie du Mali, d’un Mali de dignité, d’un Mali de fraternité, d’un Mali de convivialité, d’un Mali de vivre ensemble tel qu’il a toujours été».

Enfin, le chef de l’Etat a tenu à rappeler que les communautés (peul et dogon) ont toujours vécu en parfaite symbiose sur ces terres. «Il n’y a aucun conflit inter ethnique au Mali, je le dis très clairement», a répété le président Keïta, tout en précisant que tous ceux qui parlent de conflit inter ethnique doivent revoir leur copie, et que personne n’a le droit de «jeter l’huile sur le feu».

Des maisons calcinées
ZONE TOURISTIQUE DE RÉPUTATION MONDIALE – Le cardinal Jean Zerbo et le Pasteur Marc Goïta ont également lancé un appel à la paix, à la cohésion sociale, à la fraternité et surtout au retour à nos valeurs traditionnelles pour que demain soit meilleur.

«Ce qui s’est passé à Sobane Da est très grave, il y a eu des précédents dans ce pays. J’ai eu l’impression que ces conflits surviennent parce qu’on n’a plus de respect pour les valeurs ancestrales (le sanankounya, le bon voisinage). C’est vrai qu’il est difficile de vivre ensemble, mais que ça atteigne ce seuil (il y a eu des centaines de morts, des trentaines de morts), c’est extrêmement grave. Même si c’est un seul mort, c’est trop», a déclaré l’archevêque de Bamako, avant de prier pour toutes les victimes des conflits au Mali.

«Mon grand souhait, c’est que le Mali entier prenne conscience de ce que nous sommes en train de vivre. Si nous ne faisons pas attention, ça va faire éclater le pays. L’instinct de vengeance va s’installer partout, et les règlements de compte vont dépasser les zones de conflit pour se transporter ailleurs», a mis en garde le premier responsable de l’église catholique du Mali, pour qui cette visite à Sobane Da a pour but de renforcer la paix et la coexistence, de contribuer à apaiser les cœurs et à dire aux gens qu’ils ne gagnent rien en s’affrontant.

De son côté, le Pasteur Marc Goïta s’est dit profondément ému des exactions que les habitants de Sobane Da ont subies dans la nuit du dimanche au lundi dernier. «Il y a eu des actes inhumains ici qu’on devrait éviter. Ce sont tous les Maliens qui soufrent aujourd’hui de ces exactions. Il faut que nos concitoyens comprennent que ce n’est ni la vengeance ni la force qui va faire la paix, c’est plutôt le pardon et l’amour du prochain. Et c’est ce que nous demandons à chacun», a-t-il indiqué. Zone touristique de réputation mondiale, le Pays Dogon est en proie aujourd’hui à des conflits qui ont fait plus de 250 victimes depuis le début de l’année.

Koulogon, Ogossago et récemment Sobane Da sont des localités mondialement connues pour avoir été le théâtre de massacres. L’absence des forces armées à maints endroits du territoire a exacerbé ces conflits car les auteurs des massacres demeurent impunis. En plus des victimes humaines, c’est l’activité économique dans la région de Mopti qui est totalement paralysée par ces conflits jusque là incompréhensibles.

Envoyé spécial
Madiba KEITA
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