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La France, pompier et pyromane au Mali
Publié le vendredi 14 juin 2019  |  Le Canard Déchaîné
Rassemblement
© aBamako.com par Momo
Rassemblement de l`Imam Mahamoud Dicko
Bamako, le L`imam Mahamoud Dicko a rassemble des dizaine milliers de personnes pour dire non aux massacre contre les civils
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Après avoir créé, financé et armé le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) – le mouvement politico-armé par lequel la crise malienne est arrivée -, ouvert la boîte de pandore à travers l’effondrement de la Libye, la France accuse les Chefs d’Etats ouest-africains de laxisme, face aux attaques djihadistes. Mais tous les Français ne sont pas de cet avis. Fort heureusement.


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« Si notre action a été saluée au Mali en 2013, reposez la question dans les rues de Bamako et vous allez voir », écrivait le général à la retraite Bruno Clément-Bollée. C’était, dans une interview accordée, le 07 juin dernier, à RFI.
L’ancien commandant de la Force Licorne, en Côte-d’Ivoire, aujourd’hui consultant international en matière de sécurité, déplore le laxisme de la Force Barkhane et de la Minusma, face à l’insécurité rampante au Nord et au centre du pays ; mais aussi, face au massacre des populations civiles. Pourtant, ajoute-t-il, le coût de la Minusma est de 1 milliard de dollars par an ; tandis que celui de Barkhane, 700 millions d’euros. Soit, 458,5 milliards CFA.
L’imposture de la France
En janvier 2013, Paris avait justifié l’opération « Serval » par sa volonté d’aider le gouvernement malien à recouvrer l’intégralité de son territoire, dont les 2/3 étaient occupés par les djihadistes et les séparatistes du MNLA.
Après avoir conquis, aux côtés des troupes françaises, les régions de Mopti, Tombouctou et Gao, l’armée malienne a été empêchée de rentrer à Kidal par les troupes françaises. Lesquelles en profitent pour remettre en selle, à Kidal, le MNLA, dont les combattants avaient été chassés du Nord du Mali par ses ex-alliés du MUJAO. La suite, on la connaît.


Dès le lendemain, les leaders du MNLA déclarent avoir repris Kidal sur les ondes de RFI.
Six ans après cet épisode, et quatre ans après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, la huitième région du Mali reste inaccessible aux forces de défense et de sécurité du Mali. Aux officiels maliens, aussi. Pour s’y rendre, ils ont besoin d’une autorisation de Barkhane. Ou de la Minusma, elle-même, télécommandée par la France.
L’objectif visé par la France, à travers l’intervention « Serval », était double : faire, d’une part, main basse sur les ressources naturelles, dont regorge la région de Kidal. Et, d’autre part, occuper la base militaire de Tessalit, zone stratégique convoitée, aussi, par les Etats-Unis d’Amérique.
L’épuration ethnique
Pour détourner les regards des Maliens de ces deux objectifs, le curseur de l’insécurité a été déplacé vers le centre du pays. Notamment, dans la région de Mopti confrontée, depuis plusieurs mois, à des affrontements intercommunautaires. Avec, à la clé, des massacres de populations ; mais aussi, des villages entiers rayés de la carte. Le dernier en date, le « massacre d’Ogossagou », qui a vu, le 23 mars 2019, 160 civils d’ethnie peulh – dont des enfants de 6 mois et des vieillards de plus 100 ans – se faire massacrer à la kalachnikov. Les greniers sont incendiés. Le bétail, aussi.
En dépit de l’indignation de la communauté internationale, le massacre des populations civiles se poursuit. En toute impunité.
« Il n’est pas scandaleux de parler de logique d’épuration ethnique au Mali », prévient Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies.
De sources bien informées, ces horreurs seraient commises par des mercenaires à la solde d’une « puissance étrangère ».
Composés d’Ivoiriens, de Libériens et de Sierra-Léonais…, ils se déguisent en chasseurs dozos pour commettre leurs forfaits. Sans que les autorités maliennes daignent y mettre le holà.
Dernier massacre des populations civiles en date: l’attaque du village de Sobame, dans la nuit du dimanche 9 juin, qui a fait plus de 95 morts.


« Ce que j’observe de pire, ce sont les affrontements intercommunautaires qui commencent à se multiplier. On a parlé des Dogons contre les Peulhs, avec 200 morts au mois de mars », poursuit le général Bruno Clément-Bollée. Avant de conclure : « Arrêtons le massacre dans le Sahel ! ».
Mais au lieu de reconnaître la responsabilité de la France dans cette crise multidimensionnelle, qui assaille le Mali depuis bientôt sept ans, et de trouver le moyen d’y remédier, le chef de la diplomatie française n’a rien trouvé de mieux que d’accuser les Chefs d’Etats ouest-africains de « laxisme », face à la multiplication des attaques terroristes.
« Les autorités des pays du Sahel ne doivent pas rester dans une zone de confort, ou penser que Barkhane est derrière eux… Barkhane ne peut pas tout faire ».
Mais ce que Jean-Yves Le Drian ne dit pas, c’est lui qui – alors ministre français de la Défense – a fait pression sur les autorités maliennes. Afin qu’elles signent, avec la France, un « accord de défense ». Lequel interdit à l’Etat malien de se doter d’armes adéquates pour lutter contre le terrorisme. Et, du même coup, défendre son territoire, dont l’intégrité est loin d’être recouvrée, contrairement à la rhétorique élyséenne.
Les députés rompent le silence
« La France et ses complices sont en train de démembrer mon pays, de le détruire, de le dépecer, méthodiquement. Hélas, ils le font en l’endeuillant à longueur de semaines ; un génocide planifié, un pogrom qui a déroulé, irrésistiblement, son rouleau compresseur, des massacres dignes de gangsters… », écrit l’honorable Moussa Diarra, député à l’Assemblée nationale, dans une lettre ouverte adressée, la semaine dernière, au président français.
Maliens, réveillez-vous ! Car, nul ne viendra défendre notre pays à notre place.
Réveillez-vous ! Car, cette fois-ci, c’est un sommeil de trop. Dormir, c’est mourir un peu ; c’est mourir tout court.
Oumar Babi
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