En un très court intervalle de temps, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est appelé à effectuer un déplacement sans tambour ni trompette dans le centre du Mali. Les populations ou plutôt les rescapés des massacres qui le voient venir dans les villages réduits en champs de cendre, auraient aimé l’accueillir, en tant que chef de l’Etat, d’une autre manière, notamment dans la liesse populaire, lui permettant au besoin un bain de foule comme il l’aime, pour se sentir encore très près de la population.
Mais hélas, le président de la République et sa délégation sont accueillis dans un silence de cimetière que sont devenus les villages victimes d’attaques aux relents ethnicistes. A chaque fois, le chef de l’Etat se désole, condamne avec emphase, promet l’enfer aux auteurs et revient à Bamako, s’il n’est à l’étranger pour les besoins de sa fonction présidentielle. Mais la nature ayant horreur du vide, la centrale du crime organisée revient sur ses pas, occupe le terrain et frappe encore et encore, et toujours plus fort.
Dire qu’il y a une faillite sécuritaire est de la lapalissade. Et justement, on se demande : où sont nos forces de défense et de sécurité ? Que sont devenus les milliards déclarés investis dans la sécurisation du Mali ? Que font nos troupes stationnées au centre du Mali et qui arrivent souvent à la fin des sinistres opérations des assaillants pour uniquement décompter les morts ? On peut se poser mille questions sur ce qui se passe actuellement au centre du Mali – et on a le droit – mais on ne trouvera jamais de réponse en mesure de calmer notre colère et notre tristesse de voir nos frères et sœurs, nos parents et amis, abattus comme du gibier ou brûlés vifs. Quelle horreur ! Quelle ignominie ! Quelle sauvagerie ! Quelle barbarie ! Quel… ! Quelle… ! Les mots me manquent car c’est mon cœur qui s’exprime et déborde mon esprit. Lorsque le cœur, plein à craquer se déverse, il devient comme une mer furieuse, avec ses vagues déferlantes pour tout dévaster sur son passage.
Mais cette furie, vous et moi, nous devons la transformer en énergie positive pour sortir de cette spirale de tueries sans raison. Les incantations, les déclarations aux allures de procès d’intention, les accusations à la va-vite n’y pourront rien. Il faut agir. Agir ensemble, vite et bien, pour couper le mal à la racine.
Nous sommes tous indignés, mais j’accuse : nous sommes tous coupables ! Coupables de savoir que des esprits malintentionnés sont en train de semer les graines de la haine entre communautés du Mali, sans jamais réagir ouvertement et franchement contre cette situation. Au contraire, des associations formées sur des bases communautaires se réunissent régulièrement au nez et à la barbe des services de sécurité, à Bamako, pour y tenir des discours va-t-en-guerre contre des frères, Maliens. J’accuse pace que dans certaines de ces réunions on dit carrément aux gens : “Il faut venir à sa réunion hebdomadaire avec sa cotisation qui permet d’acheter des balles”. Non pas des balles pour permettre aux enfants des villages de jouer et de s’épanouir, mais des balles de fusil pour tuer son prochain.
C’est dire que ce problème du centre du Mali se règle depuis Bamako où sont tapis les grands serviteurs du diable qui attisent le feu à Bandiagara, à Koro, à Banghass… Jusqu’à quand devra continuer ce jeu dramatique qui endeuille à chaque fois des centaines de familles ? Pendant que, bien à l’abri dans les salons feutrés de Bamako, la classe politique se fend de communiqués pour présenter des condoléances et profiter de l’occasion pour se rappeler au bon souvenir des Maliens.
Ce qui e passe au centre du Mali doit mobiliser plus que pour des élections. Mais a-t-on vu de hauts responsables politiques, qui ont sillonné le pays lors des campagnes électorales pour fouler le sol du plus petit hameau du pays, descendre sur le terrain et parler de paix et vivre ensemble aux populations ? Eh bien non ! J’accuse : nous sommes donc tous responsables et il est temps de dépasser le stade des incantations. L’heure est à l’action, mieux, à la pro action.
A ce sujet, le mouvement Malien Tout Court est un exemple d’action citoyenne en faveur de la paix et de la cohésion sociale. Les opérateurs économiques comme Ousmane Sidibé, Mamadou Sacko, Seydou Coulibaly et tant d’autres, regroupés autour du Pdg d’IBI Groupe, Ibrahim Diawara (le président de Malien Tout Court), sont en train d’utiliser leur temps et leur avoir pour sauver le Mali du naufrage qui le guette. Ils sont convaincus que ce naufrage ne surviendra pas parce que, résolus qu’ils sont, ils tentent d’empêcher le Mali qui tangue de chavirer.
Leur appel a trouvé un écho favorable dans toutes les couches sociales et des actes ont été posés, même si la symbolique l’emporte encore sur l’efficacité pour éteindre cet immense brasier qu’est le centre du Mali. En effet, chaque acte posé par Malien Tout Court, comme l’Appel à la paix et la cohésion sociale de Bandiagara, doit être consolidé par les autorités auxquelles il incombe d’abord d’assurer la sécurité des citoyens. Ce qui n’est pas fait.
La défaillance sécuritaire est telle que n’importe qui peut se lever un matin, créer une milice armée et opérer sans être inquiété. Qui dote les milices d’armes de guerre dernier cri ? Qui les entretient ? En un mot comme en mille, qui les finance, les arme et les soutient ? J’accuse : on a beau tenter de ne pas croire que ceux qui commettent ces actes soient des Maliens, mais les actes criminels des milices n’échappent à personne et en plus, il a été prouvé que chaque massacre est dirigé par des hommes en civil qui orientent les bourreaux. S’ils jouent ce rôle, c’est parce qu’ils connaissent bien le terrain ou sont donc les patrons de mercenaires non Maliens qu’ils utilisent. Dans tous les cas, le ver est dans le fruit.