À la faveur de la prière de « Laylatoucadr » le lundi 3 juin 2019, le Président de la République a sacrifié à la tradition au lendemain de la célébration de la fête de Ramadan. Il a ainsi fait son Sambè-Sambè 2019 en se rendant dans les vestibules des familles fondatrices de Bamako et leurs marabouts cela peut se comprendre. Mais profiter de l’occasion pour solliciter leur soutien et leur accompagnement concernant l’épineuse question des réformes politiques et institutionnelles en vue (le dialogue social national et le référendum sur le projet de révision constitutionnelle) dans notre pays afin que le Mali soit désormais contemporain de son temps n’était pas approprié.
Il devrait se limiter aux salutations traditionnelles pratiquées par tous même, si les hôtes coutumiers et religieux ont renouvelé leurs vœux et prières de santé, de longévité, de soutien et d’accompagnement à toutes les actions patriotiques d’IBK. Ils ont salué et félicité le Président IBK pour son exemplarité, son sens de l’écoute, son leadership, son humilité, son esprit rassembleur pour le seul bénéfice du Mali, son respect et son accompagnement constants envers les chefs coutumiers et religieux. Ils ont également apprécié cette marque d’attention, très importante de sa part, qui est ancrée dans la tradition sociale du Mali, qu’il a incarnée bien avant de devenir Président de la République du Mali.
En parlant de politique dans ces lieux, le dos du nageur vient d’être aperçu à la surface de l’eau. La sollicitation excessive du pouvoir public à l’endroit des familles fondatrices de Bamako et de leurs marabouts est le signe de leur implication dans la politique, au moment où ils doivent se limiter uniquement à donner des conseils en faveur de la bonne gouvernance. Pendant la campagne électorale avant et entre les deux tours IBK ne s’est pas privé d’aller leur donner un bonjour tout en leur annonçant sa candidature.Pendant le séjour du hérisson SoumeylouBoubèyeMaïga à la Primature, ce dernier aussi a emboité le pas à IBK en allant le mercredi 31 octobre 2018 déclarer aux familles fondatrices de Bamako qu’il envisage d’organiser une conférence sociale sur les salaires et le découpage administratif.
Sincèrement, qu’est-ce que les familles dites fondatrices ont à voir avec la révision constitutionnelle sans l’apport des autres maliens ou une conférence sociale ? Est-ce que ce sont les familles dites fondatrices qui payent les salaires des fonctionnaires ? Si cela est vrai, depuis combien de temps ? Le Président IBK se trompe d’interlocuteurs. IBK veut donner aux familles dites fondatrices un statut étatique et un rôle constitutionnel auxquels elles n’ont pas droit. Ils doivent savoir que notre code civil a abrogé toutes coutumes dites traditionnelles dans nos pratiques républicaines. La coutume fournit des guides pour orienter les actes et les comportements à l’usage des anciens. Mais cette coutume n’accorde pas de statut particulier à un groupe. Elle doit se limiter strictement à cela. Malheureusement, nous constatons que de plus en plus, c’est un régime faible, sans vision pour le Mali, qui va se jeter dans les bras des familles dites fondatrices de Bamako et leurs marabouts. Voici qu’à chaque évènement nos dirigeants transportent nos programmes de travail gouvernemental chez les Niaré, Dravé et Touré. En 2013, au mois de juillet à la veille de l’élection présidentielle, les familles dites fondatrices selon l’honorable Oumar Mariko avaient cautionné la fraude électorale en mettant en garde les candidats qui contesteraient les résultats au motif que seule la paix était l’essentielle pour le Mali. Pour quelles raisons se sont-elles attribué le rôle d’agir sur notre processus électoral ? Il est temps que les maliens mettent un frein à cette tentative imposée de confondre les rôles de l’administration et ceux des familles dites fondatrices de Bamako. Certains pensent que ce rôle institutionnel attribué aux Niaré, Dravé et Touré est fait à dessein, car pour qu’une manifestation contre le régime réussisse à Bamako, il faut absolument les habitants de Bagadadji, Niaréla, Missira, Quinzambougou et Bossola. Si ces quartiers sont acquis à une cause, la voie royale est ouverte pour l’accomplissement de n’importe quelle disposition. À ce rythme, le palais de Koulouba va descendre et s’installer à Niaréla.