Berceau de toutes les civilisations africaines, le Mandé une terre de culture est en train de perdre toutes ses valeurs traditionnelles. Plongé dans une acculturation profonde, la nouvelle génération a plus que jamais besoin d’être imprégné dans la riche culture du Mandé. Pour cela, ce n’est pas des vieux conservateurs désireux de transmettre leur savoir qui manquent. Appartenant au 3ème âge, le vieux Fousseyni Keïta, résidant à Kita a bien voulu nous entretenir sur une partie de l’histoire du Mandé.
Premier sujet évoqué l’importance du coton. Pour le vieux Keïta, dans le Mandé le coton occupait un rôle très important dans la société. Cultivé et transformé localement, le coton intervenait dans presque tous dans le mandé. Le coton servait à protéger les enfants et habiller toute la communauté. « Malheureusement, les gens s’habillent n’importe comment de nos jours » a-t-il regretté.
Gonlo ou Pogon, une autre riche culture en voie de disparition.
Dans l’entretien, le conservateur Keïta, a aussi fait un exposé sur le ‘’gonlo’’ ou ‘’ Pogon’’. Selon lui, cet habit porté par les enfants à l’âge de 5ans, servait de couverture devant et derrière pour cacher leur partie intime.
A ses dires, le PogoN est de deux sortes. La première est simple et la seconde avec des poches. Ce dernier type de Pogon avec la poche est porté à l’enfant entre la tranche d’âge de 7 à 10 ans. A lui de préciser, que les femmes qui avaient les moyens faisaient porter à leurs enfants le Pogon batitiki, appelé en bambara ‘’ Sebebayé’’.
Par rapport à cet accoutrement traditionnel presque obligatoire autrefois dans le Mandé pour des enfants, il dira que certains jeunes qui se rendaient au Sénégal pour la culture de l’arachide ont préféré un autre que ça. « Ils ont découvert au Sénégal un autre modèle appelé Wolofobula » a-t-il souligné, tout en précisant que les enfants n’étaient plus habillés avec le Wolofobula ou Pogon, une fois l’âge d’entrée à l’école.
Circoncision collective, un cadre d’initiation à la vie dans le Mandé
Aux dires du vieux Keïta, à l’âge de 9 à 10 ans, les sages du village envoyaient les enfants chez les forgerons pour leur circoncision. C’est par cet acte, dit-il, qu’ils devenaient des hommes. A la fin de la circoncision, il dira que les enfants étaient surveillés et gardés par un seul vieux du village pendant 20 à 30 jours jusqu’à la cicatrisation. « Ce surveillant était un vieux qui a beaucoup appris dans les coutumes et dans les mœurs du village » a-t-il précisé.
D’après le vieux Keïta, durant ces 20 ou 30 jours, les enfants apprenaient tous ce qu’un homme doit faire et ne pas faire.
Au sujet de la circoncision, il a précisé que ce jour n’était pas choisi au hasard. Selon lui, pour que les liquides du corps soit conservées et éviter l’impuissance sexuelle aux enfants, les sages choisissaient entre le 16ème jusqu’au 30ème jour du mois, une période ou la lune devient sombre. « Si l’on circoncit un enfant en période de clarté de la lune, il est fort possible qu’il puisse avoir des problèmes d’impuissance sexuelle » a-t-il précisé, tout en regrettant que les africains sont attirés par les occidentaux alors qu’ils savent mieux faire souvent qu’eux.
Selon lui, c’était après cette période d’initiation aux valeurs de la société que les enfants devenaient de ‘’koulouchitiki’’. Toute chose, dit-il, qui montre que les enfants entrent dans la phase de la responsabilité. Après le koulouchitiki, précise-t-il, il y a le Kamaléguissi qui commence à l’âge de 40 jusqu’à 55 ans. Ces derniers, à ses dires sont chargés de gérer les mariages, les querelles et toute autre affaire dans le village. « De 55 ans jusqu’à la mort c’est l’étape de la vieillesse, c’est eux les sages du village. Ils sont là pour instruire les hommes en bonne conduite de la vie » a déclaré le vieux Kéita.