Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale a abrité, hier lundi 17 juin, la 14e session du Comité bilatéral stratégique Mali-Algérie, créé en 2014 pour les consultations entre le Mali et l’Algérie autour du processus de paix. La rencontre était coprésidée par le ministre des Affaires étrangères du Mali, Tiébilé DRAME, en présence de son homologue algérien, Sabri BOUKADOUM.
Les consultations de cette 14e session ont porté sur le processus DDR, les réformes institutionnelles ainsi que d’autres questions majeures touchant les différents volets de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Le ministre algérien des Affaires étrangères et de la coopération a affirmé que la présence de sa délégation à Bamako témoigne de l’attachement de son pays à la consolidation de la tradition de consolidation du dialogue instaurée entre les deux pays et traduit l’ambition commune des deux pays de conférer une nouvelle dimension aux relations bilatérales.
Il a déclaré que cette session est l’occasion d’échanger sur la situation interne qui prévaut dans chacun des deux pays ainsi que sur certains foyers de tensions qui continuent d’agiter plusieurs régions du continent.
« Il faut admettre que nous faisons face à des contraintes sécuritaires multiples dues essentiellement à la présence de groupes terroristes qui s’alimentent du trafic de tout genre, de l’absence de perspectives réelles en termes de développement économique et socio-économique local », a diagnostiqué le ministre algérien.
Il a soutenu que la lutte contre le terrorisme que les deux pays sont appelés à mener solidairement devrait s’appuyer sur un meilleur échange des renseignements particulièrement au niveau des zones frontalières, le renforcement de la coordination pour l’assèchement des sources de financement du terrorisme et du crime organisé, une lutte implacable contre le trafic identifié et la densification des échanges économiques et commerciaux transfrontaliers.
Parallèlement à ces efforts, ajoute Sabri BOUKADOUM, les deux pays sont appelés à poursuivre leur coopération en matière de lutte contre la migration irrégulière et les réseaux de passeurs. Au plan international, le diplomate algérien a noté que les deux pays sont interpelés sur la nécessité de joindre leurs efforts pour contribuer à assurer un règlement de la crise libyenne. Il a réitéré de manière solennelle la disponibilité entière de son pays à accompagner le Mali dans le processus de mise en œuvre des dispositions de l’Accord.
« Les deux pays ont convenu en décembre 2016 d’élargir la mission du Comité bilatéral stratégique au suivi et à l’évaluation de la mise en œuvre des engagements de la grande commission mixte de coopération. Cette session offre le cadre privilégié pour procéder à un bilan des actions de coopération des projets en cours de réalisation et celle devant être identifiée pour consolider cette coopération », a affirmé Sabri BOUKADOUM.
Le ministre algérien des Affaires étrangères a évoqué l’importance du parachèvement des infrastructures routières nécessaires pour le développement des échanges économiques entre les deux pays. En ce qui concerne la coopération dans le domaine de l’énergie, il a réaffirmé la disponibilité de son pays à reprendre les activités sur le bloc 20 dans le passage de Taoudéni dès l’arrivée de la force majeure.
À son tour, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiébilé DRAME, a rappelé que le Mali et l’Algérie sont deux peuples frères et amis liés par l’histoire, la géographie et un destin commun. Selon lui, cela se justifie par le soutien multiforme que les deux pays se sont rendu et continuent de se rendre depuis la guerre de libération nationale de l’Algérie, à l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale en passant par l’Accord de Tamanrasset, le Pacte national…
« Les deux pays ont compris le besoin de resserrer les rangs face aux impératives de l’histoire et aux menaces majeures qui planent. Cet exercice n’est ni inédit ni surprenant et il se situe dans la logique des relations entre les deux pays. Il s’inscrit dans la continuité et le désir commun de soustraire les deux peuples des souffrances de l’instabilité et de l’insécurité », a précisé Tiébilé DRAME.
Pour lui, il revient aux deux pays de rechercher ensemble, au-delà du processus de paix, les voies et moyens pour asseoir définitivement la stabilité et la quiétude dans la région. Pour ce faire, dit-il, le Comité bilatéral stratégique n’est pas un cadre banal de concertation, et doit permettre de pousser le plus loin possible les réflexions afin de servir d’outil de proposition commune malianno-algérienne sur le ressort de l’instabilité en Afrique.
Le ministre des Affaires étrangères a soutenu que la réflexion doit conduire à s’interroger sur le type d’armée et les services de sécurité pour une réponse efficace à la crise, notamment terroriste.