Plus proche est le jour de mon départ pour Bamako, plus grande devient l’inquiétude de mes proches, principalement mes grands-mères et ma tante.
Pourtant, je suis bien préparé pour cette aventure. Préparé contre le soleil avec ma crème indice 50+, préparé contre les moustiques qui ne résisteront pas à mon répulsif, aux maladies avec ma trousse de secours et le rouleau de papier toilette au fond de mon sac à dos, et préparé à tout danger grâce aux recommandations du ministère des Affaires étrangères français. Pourtant, je sais bien que le Mali me réserve des surprises que je ne peux anticiper.
A mon arrivée, il fait déjà nuit. La température est plutôt douce dans l’aéroport. Ce n’est que plus tard, quand j’arriverai à mon logement, que les grosses gouttes de sueur roulant sur mon front trahiront ma faible résistance à la chaleur.
Dehors, rien ne ressemble à ce que j’ai pu voir auparavant. Il est important de comprendre que c’est la première fois que je pose un pied en Afrique. L’odeur de gasoil et les nuages de poussière me prennent à la gorge mais je ne peux m’empêcher de garder la fenêtre du taxi ouverte pour admirer les paysages ocre.
La conduite sur les routes est bien différente au Mali. Pour commencer, il semble impensable d’attacher sa ceinture de sécurité. Ayant déjà fait le test, par réflexe plus que par conviction, je me suis retrouvé toute la journée avec une bande rougeâtre traversant en diagonale mon t-shirt blanc. Puis il y a la conduite en elle-même, plus chaotique qu’en France. A plusieurs reprises, j’ai bien cru que nous allions entrer en collision. Malgré cela, je crois que je prends goût à la conduite en moto, l’escalade des routes escarpées et le sifflement de l’air sur la visière relevée.
Dans les rues, j’ai l’impression que l’on m’épie. Ce sentiment se confirme parfois par une horde de bambins qui s’exclament “Toubabou ! Blanc, en français”. Mais laissons ce surnom aux enfantillages. Cela fait trois jours que je suis arrivé et j’ai déjà été rebaptisé : Djata Keïta.