De Ogossagou à Sodane Da en passant par Koulongo et Hèrèmakono, l’hécatombe se poursuit dans le Centre du Mali avec son lot de victimes. A cette liste déjà longue viennent de s’ajouter le lundi dernier, deux attaques simultanées perpétrées contre les villages de Gangafani 2 et de Yoro situés à moins de 200 kilomètres de Koro. Bilan : une quarantaine de morts. Après chaque attaque, les autorités maliennes et même la CPI ont promis des enquêtes. Où en sommes-nous avec ces enquêtes ? A quand un procès pour les auteurs de ces crimes abominables ? Et les commanditaires ? L’opinion s’interroge au moment où le Centre du Mali s’embrase.
Après Koulongo, Hèrèmakono, Ogossagou, Sodane Da, le spectre de la violence a (encore) endeuillé de pauvres innocents dans le Centre du pays.
Le lundi 17 juin 2019, des « terroristes » ont mené des attaques dans les villages de Gangafani 2 et de Yoro, dans le cercle de Koro (région de Mopti). Bilan : 41 morts et de nombreux blessés.
La première attaque a visé le village de Gangafani 2, lundi vers 17 heures. Selon des sources locales, les assaillants ont d’abord procédé à des tirs de sommation, avant de procéder à l’arrestation des jeunes du groupe d’auto-défense du village. « Ces 17 jeunes du village ont été arrêtés et fusillés par les assaillants », indiquent ces sources.
Après leur forfaiture, Ils ont mis le cap sur village de Yoro. Là, ces « terroristes » ont tué plus d’une vingtaine de personnes, témoigne un habitant de la localité.
Selon les autorités communales, les militaires ont été informés de la présence des hommes armés non identifiés. « Mais aucune disposition militaire particulière n’ait été prise », regrettent-elles…
Mardi 11 juin dernier, le flou persistait sur le bilan de la tuerie du hameau Sodane Da, dans le cercle de Bandiagara (région de Mopti), qui a fait près d’une centaine de morts. Celui, “provisoire”, de 95 morts et 19 disparus, donné par le gouvernement sur la base d’une mission de militaires, a été revu à la baisse.
« Avec les éléments de la protection civile, nous avons minutieusement fouillé, et nous avons sorti 35 corps », a indiqué le gouverneur de Mopti, faisant état de « 11 adultes et 24 enfants » inhumés… Mais le maire de la commune de Sangha, dont dépend le village, Ali Dolo, a maintenu l’estimation d’une centaine de morts, soulignant que certains corps avaient été calcinés.
Le lundi 13 mai 2019 vers 9H, un groupe individus « chasseurs Dozos » a attaqué, un hameau peulh de Hèrèmakono à 8Km de la ville de Niono (Ségou). Ils étaient sur une quinzaine de motos avant de faire irruption dans le hameau situé dans la commune de Hèrèmakono. Selon des sources locales, les assaillants ont d’abord encerclé les habitations. « Ils ont ensuite commencé à tirer dans tous les sens », rapportent les mêmes sources. Un premier bilan faisait état de 15 personnes tuées et 7 blessées dont trois en situation grave.
Le samedi 23 mars 2019 : La localité de Ogassagou-peulh, commune de Dialassagou (région de Mopti) avait été le théâtre de graves atrocités qui ont fait de nombreuses victimes. Bilan : près de 174 morts et de nombreux blessés. Aussi, de nombreuses pertes matérielles sont signalées : cases brulés, greniers détruits, enclos de bétails détruits…
Selon des sources locales, cette paisible localité peulh a été investie, tôt le matin, par des assaillants armés jusqu’aux dents. Ceux-ci, ont, dans leur furie meurtrière, tiré sur tout ce qui bougeait. Ainsi, parmi les victimes, l’on dénombre de nombreuses femmes et des enfants.
Le 1er janvier 2019, une centaine d’individus armés, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos), et appuyés par autres individus venant des villages avoisinants, ont mené une attaque planifiée, organisé et coordonnée à l’encontre de la population peulh du village de Koulongo Peulh », selon le rapport définitif de la mission d’enquête de la Minusma…
Au cours de l’attaque, les dozos ont sommairement exécutés 39 civils, tous membres de la communauté peulh, dont une femme et quatre enfants (deux filles et deux garçons), au moyen de fusils de chasse et d’armes automatiques et semi-automatiques…
En effet, les organisations de défense des droits de l’homme, notamment L’AMDH et la FIDH, ont toujours condamné fermement ces massacres. Elles ont, aussi, réitéré leurs demandes à ce que soient engagées des enquêtes indépendantes et des poursuites judiciaires contre les auteurs « des crimes contre l’humanité commises par toutes les parties depuis 2015 » au centre du pays. De leurs côtés, les autorités maliennes, ainsi que la communauté internationale, à chaque fois, promis de mener des enquêtes pour traduire les auteurs de ces atrocités devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes. Hélas ! Juste qu’aujourd’hui, l’on ne parle que de présumés coupables et/ou suspects, mais jamais de véritables coupables. Alors, où en sommes-nous avec ces enquêtes ?