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Tueries au centre au Mali: Le gouvernement s’explique devant les députés
Publié le jeudi 20 juin 2019  |  Soleil Hebdo
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Suite a l’attaque terroriste perpétrée à Sobame Da (région de Mopti) le 10 juin 2019, ayant fait des dizaines de morts et des blessés, l’Assemblée nationale du Mali a interpellé, jeudi 13 juin 2019, le gouvernement malien à l’hémicycle pour qu’il s’explique sur cette tuerie. A travers cette séance de questions d’actualité, les députés ont voulu en savoir des dispositions prises par le gouvernement pour endiguer le fléau. Selon les députés, malgré les mesures de déploiement des forces de défense et de sécurité au centre, les tueries continuent. Au regard de la situation d’insécurité au centre du Mali, des députés ont souhaité la désignation des personnalités pour conduire les négociations entre les différentes communautés au centre du Mali pour une paix durable. Du côté du gouvernement, on affirme que des mesures sont prises pour corriger les imperfections.
Les travaux de cette séance d’interpellation étaient présidés par le président de l’Assemblée nationale du Mali, Issaka Sidibé. Le gouvernement était représenté par le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection civile et son homologue de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah dit Bill. Selon l’honorable Amadou Maïga de l’opposition parlementaire, la mauvaise lecture et la négligence de la situation sécuritaire par le gouvernement au Mali ont conduit à l'exacerbation de l'insécurité au centre. «Le peuple vous demande d'endiguer l'insécurité grandissante dans le pays. Hier, c'était le nord, aujourd'hui le centre et demain, c'est tout le pays car, déjà une partie du sud vit la même situation. Nous assistons à l'intensification d'un conflit mystérieux entre les fils d'une même nation et le déplacement des populations à l'intérieur du pays. Un phénomène que les Maliens ne voyaient pas, mais qui est devenu une réalité. Monsieur le ministre, Avez vous les moyens de désarmer toutes les milices ? Si oui, quand ? Et comment ? Sinon pourquoi ? Que deviennent les enquêtes déjà ouvertes ? Qui sont les responsables de cette lâcheté ? Quelles sont les dispositions envisagées pour atténuer cette situation ? », a-t-il interrogé. A ses dires, le tronçon Mopti-Douentza-Gao est devenu un mouroir pour les forces armées et de sécurité et les populations civiles. A cet effet, il a souhaité que les mesures soient envisagées par le gouvernement pour construire et sécuriser ce tronçon important pour le développement du Mali. Quant à Seydou Diawara de l’opposition parlementaire, il a demandé au ministre de faire l’état d’exécution du Plan intégré de sécurisation du centre du Mali. « La série des tueries a fortement endeuillé plusieurs localités du nord et du centre. Et à la suite de chaque drame, le gouvernement condamne et s'engage toujours à identifier les auteurs des crimes afin de les punir. A la date d'aujourd'hui, M. le Ministre, peut-on connaître le nombre des personnes suspectes appréhendées et les suites judiciaires appliquées ? L'opinion publique, à tort ou à raison, pense de plus en plus à la forte implication de personnes étrangères aux différentes communautés du centre dans ces différentes tueries qui portent atteinte aux droits humains. M. le Ministre, au regard des investigations déjà menées ou en cours, quelle appréciation pouvez-vous faire sur cette opinion? », a-t-il interrogé. Pour sa part, le député Ousmane Kouyaté de l’opposition a voulu en savoir sur les dispositions prises par le gouvernement pour contrôler les armes dans les zones à conflit. « Malgré les mesures de déploiement des forces de défense et de sécurité au centre, les tueries continuent, qu'est-ce qui explique ce paradoxe ? Qu'en est-il des mesures de désarmement des milices ? Quelles sont les causes de la recrudescence de l'insécurité et surtout les violences intercommunautaires et interethniques ? Les forces de défense et de sécurité disposent-elles suffisamment de moyens pour faire face efficacement à la menace ? Quelles sont les stratégies, les mesures prises pour arrêter les tueries liées aux attaques communautaires», a demandé l’honorable Kouyaté. Selon le député Moussa Diarra de la majorité parlementaire, les Peulhs et les Dogons ne peuvent pas s’entretuer. Pour lui, il faut que la vérité soit dite au peuple malien. L’honorable Abdine Koumaré de la majorité parlementaire dira que le rôle de la Sécurité d'Etat et des renseignements généraux doit être un rôle d'anticipation. Au regard de la situation d’insécurité au centre du Mali, l’honorable Mamadou Diarrassouba de la majorité parlementaire a fait des propositions. D’abord, il invite le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à désigner des personnalités pour conduire les négociations entre les différentes communautés au centre du Mali pour une paix durable. Ensuite, le premier questeur a souhaité l’adaptation des formations des Forces armées maliennes (FAMa) aux réalités du moment. Enfin, il a estimé que les forces de défense et de sécurité et les paramilitaires ne doivent plus se faire peur. Répondant aux questions des députés, le ministre de la Sécurité, Salif Traoré reconnait que le Mali est endeuillé à travers des tueries au centre du pays. Mais selon lui, ça ne fait pas plaisir aux ministres de voir des cas de tuerie. « Notre fierté est qu’il n’y ait pas d’incident au Mali. Tout ce qui ne marche pas, on corrige. La réalité est que des Maliens tuent des Maliens», a-t-il dit. Après l’attaque de Ogossagou ayant fait plus de 100 morts le 23 mars 2019, le ministre Salif Traoré a fait savoir que plus de 200 personnes ont été interpellées et 70 personnes sont présentement aux arrêts. Il a déploré le fait que certains Maliens acceptent de se faire instrumentaliser. A l’en croire, il n’y a pas de problème intercommunautaire au Mali. Pour lui, il n’y aura pas une solution strictement militaire à ce problème du Centre. Par ailleurs, il dira que la crise du nord n’est pas oubliée par le gouvernement. Selon le ministre Boubacar Bah Bill, c’est ensemble que nous allons vaincre le terrorisme.
Aguibou Sogodogo
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