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Mot de la semaine : Dégradation
Publié le vendredi 21 juin 2019  |  Infosept
Attaque
© Autre presse par DR
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La situation socio-sécuritaire s’est fortement dégradée au Mali depuis les événements malheureux ayant occasionné, un 22 mars 2012, la chute du régime démocratiquement élu d’Amadou Toumani Touré. Elle s’est empirée sous le premier mandat d’Ibrahim Boubacar Keita. Et neuf mois après sa réélection, elle est aujourd’hui explosive à cause de son énormité et surtout de la tournure communautariste et de la tension sociale qu’elle a engendrée. Jamais le pays des grands conquérants , des vastes empires et des civilisations millénaires, ne s’est autant mal porté qu’aujourd’hui. La nation est allée à vau-l’eau en laissant place à un Etat, lui-même atteint jusque dans ses fondements. Que reste-t-il du Mali de Modibo Keita, le premier Président après l’accession à l’indépendance ? Un vaste champ de ruine, de désolation et de haine. Le Mali d’aujourd’hui se porte tellement mal qu’il est devenu la risée du monde entier. La situation sécuritaire et la tension sociale ont atteint un degré tel que le Président de la République est désormais sur le fil du rasoir.
La partie septentrionale, jadis immense étendue sablonneuse faisant du Mali un des pays les plus vastes d’Afrique au sud du Sahara, échappe au contrôle du gouvernement central. La carte du Mali selon les géographes se serait limitée à une partie de la région de Mopti, celle qui ne figure pas sur la fantomatique République de l’Azawad. La ville emblématique qui est Kidal, bastion des rebelles irrédentistes et épicentre de la contestation et du rejet de la Malianité, est interdit d’accès aux autorités légitimes du Mali depuis la controversée visite du Premier ministre, Moussa Mara. Dans cette ville règne un climat anti malien. Malgré la signature d’un accord aux forceps entre les autorités et les belligérants, censé mettre fin au quiproquo, Kidal ne sent toujours pas Mali. Toutes les tentatives pour le retour de l’Etat ont été infructueuses et les symboles de la République sont vandalisés sous l’œil complice de la Communauté internationale. La France, l’Algérie, la Mauritanie en complicité avec l’ONU sont les principaux soutiens de la minorité arabo touareg et sont dans le complot pour morceler le Mali. Ce complot international contre le Mali est bel et bien en marche. L’infernale machine de la scission est bien huilée.
Ainsi pour faire oublier Kidal et détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la gravissime crise au nord du Mali, on a allumé le feu au centre entre deux communautés qui ont vécu ensemble pendant des siècles. Peuls et Dogons s’entretuent sans discernement. Le décompte macabre avoisine les mille morts et des millions sont également victimes de la situation de presque guerre civile au centre et cela sous les regards impuissants du gouvernement malien, de son armée et des forces étrangères venues aidées le Mali à lutter contre le terrorisme. Le régime d’IBK a été incapable de ramener la paix au centre par le démantèlement de toutes les milices d’autodéfense et la présence active de l’Etat et de tous les services sociaux de base. Le gouvernement du Mali donne aujourd’hui des prétextes à la communauté internationale qu’il est incapable de gouverner un territoire trois fois plus vaste que la France et, par conséquent, il faudrait morceler en permettant aux touareg de s’affranchir de la tutelle nègre. Tous les regards du monde sont tournés vers le centre du Mali. Mopti, hier la Venise du Mali, havre de paix et regorgeant des meilleurs sites touristiques, est aujourd’hui une région fantôme. Tous les Maliens prient désormais pour que cette région ne soit comme le Rwanda de 1994, où Hutu et tutsi se sont massacrés.
Youssouf Sissoko
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