A la tête de la diplomatie malienne depuis le 5 mai, Tiébilé Dramé fait partie des ministres qui font honneur à leurs concitoyens. Au four et au moulin, il a imprimé une nouvelle marque à la diplomatie malienne et a imposé aux autres le respect de la souveraineté du Mali. De sa cinglante réponse au général français, à son exigence au conseil de sécurité des Nations Unies de voir flotter le drapeau malien à Kidal, en passant par le rappel au respect de l’hymne national du Président de la CMA jusqu’à sa requête à son homologue algérien de reconnaitre que l’Accord ne viole nullement la souveraineté du Mali, Tiébilé Dramé passe aujourd’hui de son statut d’opposant en or à celui de ministre en diamant du gouvernement Boubou Cissé. Son bilan, en si peu de temps, plaide largement en sa faveur.
Qu’on soit d’accord avec lui ou pas l’honnêteté intellectuelle nous recommande de reconnaitre qu’il se bat pour le Mali. Tiébilé Dramé, à la tête du département des affaires étrangères, fait honneur à ses concitoyens au-dedans ou au dehors. Son baptême du feu ou sa première sortie en tant que ministre des affaires étrangères a été la réponse cinglante qu’il a donnée à un général français à la retraite qui, dans une tribune, a fait des allégations à la fois mensongères et racistes sur les Touaregs et les Peuls du Mali qui ne seraient pas d’accord d’être gouvernés par des noirs du sud. Ensuite, s’en est suivi le rappel au respect de l’hymne national du Mali par le Président de la CMA lors d’une réception organisée par Pierre Buyoya, le représentant de l’Union Africaine au Mali, à l’occasion de la fête de l’Afrique le 25 mai dernier. Cerise sur le gâteau, à la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies où il a été question du renouvellement du mandat de la MINUSMA, M. Dramé a non seulement réitéré la demande du Mali pour une année supplémentaire, mais aussi et surtout, souhaité une présence accrue de la MINUSMA dans les régions centre du Mali. Il s’est également indigné de la situation qui prévaut dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas où les autorités maliennes et les symboles de l’Etat ne sont pas visibles.
C’est le vent en poupe qu’il a reçu son homologue algérien, Sabri Boukadoum, lors de la visite de ce dernier au Mali. Le chef de la diplomatie malienne a demandé aux autorités algériennes, de rappeler aux différentes parties engagées dans le processus de paix au Mali que « l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, c’est le respect de l’exercice de la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire, c’est le respect des symboles de l’Etat que sont le drapeau national et l’hymne national ». Faisant un petit cours d’histoire à son homologue algérien, Tiébilé Dramé a rafraichi la mémoire de son hôte en lui rappelant que le Mali et l’Algérie ont été « ensemble depuis Gao », depuis la maison de Sidi Ali M’Barka, devenue le quartier général de l’Algérie combattante au Mali dès 1960. Qu’il soit dit en passant, c’est l’Algérie qui a abrité les pourparlers inter maliens qui ont abouti à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
En somme, ce souffle nouveau imprimé à la diplomatie malienne augure déjà d’un lendemain meilleur dans le raffermissement des relations entre le Mali, considéré aujourd’hui comme la risée du monde. Tiébilé Dramé devrait pouvoir éviter désormais au Mali une certaine déculottée des bandits armés et faire du Mali un pays fréquentable, à nouveau.
Youssouf Sissoko