Le SG adjoint de l'ONU pour les missions de paix Jean-Pierre Lacroix achève une visite de 72 heures au Mali. Les violences dans le centre du pays inquiètent l'ONU et pourraient ralentir l'application de l'accord de paix.
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a entrepris, depuis mercredi 19 juin, une visite de trois jours au Mali. Une visite conjointe avec Pedro Serrano, le secrétaire général adjoint du Service européen pour l'action extérieure. Les deux personnalités ont rencontré les autorités maliennes et se sont rendues à Mopti, région du centre du Mali en proie à des violences graves.
L'objectif est de contribuer à la sécurisation du pays et de consolider la mise en oeuvre de l'accord de paix d'Alger, signé il y a quatre ans, en 2015. Malgré cet accord, censé isoler définitivement les jihadistes dans le nord du Mali, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques. Les violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.
Problèmes des troubles dans le centre du pays
Déjà jugée lente, la mise en oeuvre de l'accord risque si rien n'est fait, d'être encore menacée par les troubles dans le centre. Ces violences et le changement de gouvernement depuis le 5 mai pourraient rendre nécessaire une relance de tout le mécanisme.
C'est en tout cas ce que craint Ruben de Koning. Le coordonnateur du groupe d'experts de l'ONU pour le Mali affirme, dans une interview avec la DW, que le ralentissement de la mise en oeuvre de l'accord serait dû "au fait qu'on a besoin de tout un nouveau dialogue national avant d'opérer une révision constitutionnelle qui doit encore intégrer des réformes institutionnelles prévues dans l'accord." L'expert en veut pour preuve les expériences du passé où ce genre de réformes institutionnelles "ont eu un effet sur le plan sécuritaire".
Enfin, Ruben de Koning est convaincu que le mécanisme de sanctions appliqué au Mali devrait "s'attaquer aussi aux exactions commises dans le centre du Mali."