SociétéGaoussou Sidibé un grand fermier interpelle le gouvernement : “Au lieu de la suspension, nous voulons l’interdiction pure et simple de ces dragues dans nos cours d’eau”
S’il y a une personne qui subit de plein fouet les conséquences de la dégradation de la nature à travers la déforestation et la pollution des cours d’eau par les dragues, c’est Gaoussou Sidibé, un grand fermier qui a consacré plus de la moitié de sa vie au développement d’une ferme qu’il a bâtie au bord du fleuve Bakoye dans le cercle de Kita. Avec la suspension des dragues par le gouvernement pour un an, l’ancien douanier qui parvient à produire 100 tonnes d’orange dans sa ferme de Kita ne cache pas sa satisfaction. Il souhaite cependant que le gouvernement aille plus loin à travers l’interdiction pure et simple.
C’est au Mali seulement qu’on voie l’environnement agressé par ces dragues. Dans la zone de Kita, il m’est arrivé un jour de compter près de 200 dragues dans un rayon très réduit. Pas la peine de répéter que cette activité d’orpaillage a un effet néfaste sur notre environnement avec des produits utilisés comme le cyanure. Et pourtant c’est à partir de cette même eau polluée que nous arrosons nos plantes et nos jardins maraichers. Ce n’est pas tout, aussi les animaux vont pour s’abreuver”, regrette M. Sidibé. Et de rappeler que suite aux nuisances sonores de ces dragues, des espèces aquatiques comme l’hippopotame, le crocodile se refugient à l’air libre où ils sont traqués par les chasseurs.
“Devons-nous assister à ce massacre de notre environnement sans réagir ? Je dis non. C’est pourquoi depuis des années, j’essaye de mobiliser les chefs traditionnels, les communicateurs et les radios de proximité de Kita pour mettre un terme à ce désastre. Et en 2017 que notre combat a porté fruit parce que les autorités ont envoyé une mission d’inspection sur les lieux pour constater de visu ce qui se passe. C’est suite à cette mission que ces promoteurs de dragues ont été sommés de quitter les lieux”, ajoute M. Sidibé, cependant, il notera que ces derniers temps des propriétaires de dragues commençaient à refaire surface juste avant cette mesure du gouvernement suspendant l’usage de ces dragues pour une période d’une année.
“Notre souhait est que le gouvernement interdise à jamais ces engins sinon la vie de notre écosystème est en jeu et surtout notre santé aussi”, souligne M. Sidibé.
“Leur histoire de plan d’aménagement n’est qu’un prétexte”
Si le combat contre les dragues est en voie d’être gagné, celui contre la coupure abusive du bois de vène très prisé en Asie n’est pas encore une réalité.
“Kita regorge de nos jours l’une des grandes réserves forestières du pays, mais cette forêt est en train de fondre comme beurre au soleil. C’est vrai que nous avons crié sur tous les toits à propos de sa protection, mais jusqu’à nos jours la déforestation continue dans cette zone. De part mon ancienne fonction, je sais comment les choses se passaient et grâce à notre engagement, nous sommes parvenus, à travers les ressortissants de Kita interpellés les autorités par rapport à la situation, à mettre fin à un contrat d’exploitation de 7 ans de cette forêt par des Chinois. Ce geste du gouvernement c’était sous ATT a permis de sauver ce qui reste aujourd’hui”, explique notre interlocuteur. Cependant, il poursuit que si des mesures urgentes ne sont pas prises le peu d’arbres qui reste dans la zone est aussi menacé.
“C’est vrai, il été dit à ceux qui ont l’autorisation de couper ces arbres de respecter un certain nombre de consignes par rapport à l’épaisseur des arbres, mais aussi de faire des plans d’aménagement dans les zones où ils interviennent, mais aujourd’hui, ces gens ne respectent pas ces consignes. Et pour le plan d’aménagement, je peux affirmer que c’est du leurre, voire un prétexte pour la simple raison que ces plans d’aménagement ne parviennent pas à compenser ces coupures intempestives d’arbre. Raison pour laquelle, j’interpelle le nouveau ministre de l’Environnement Housseyni Amion Guindo à tout faire pour préserver le peu qui reste de notre environnement, notamment nos forêts, les cours d’eau”, conclut Gaoussou Sidibé.