Après Ségou le vendredi 14 juin, le film “Duga, les charognards” du réalisateur burkinabè, Abdoulaye Dao, vainqueur du prix Uemoa à la dernière édition du Fespaco, a été projeté le 15 juin dernier au cinéma Babemba de Bamako. Une première sortie dans la capitale malienne qui a enregistré la présence du ministre de la Cohésion sociale de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré, parrain de l’événement.
Auréolé du prix de l’Union monétaire des Etats de l’Afrique de l’ouest (Uemao) à la 26e édition du Fespaco, le film “Duga, les charognards”, un long métrage d’une heure 30 mn du réalisateur burkinabè, Abdoulaye Dao, a amorcé sa tournée dans les pays ouest africains, avec comme une première étape, le Mali. C’est ainsi que les villes de Ségou et Bamako ont été choisies pour cette projection. Après donc la cité des Balazans, le vendredi 14 juin, le film a été projeté à Bamako, précisément au Cinéma Babemba, le 15 juin dernier en présence du ministre de la Cohésion sociale de la paix et de la réconciliation nationale, Lassine Bouaré, parrain de l’évènement, du réalisateur Abdoulaye Dao, ainsi que de trois comédiens du film.
A l’issue de la projection devant un public honorable, le réalisateur s’est confié à nous : “Ce film parle essentiellement de deux récits : celui d’un cadavre gênant qu’on n’arrive pas à inhumer et qui est trimballé de lieu en lieu car refusé par son village et les religieux, et celui de ce nouveau-né abandonné dans un carton déposé dans des buissons. Donc nous pensons, à travers ces deux récits, qu’il y’a deux éléments fondamentaux de la vie : la naissance et la mort.
La naissance est l’entrée dans la vie et la mort la sortie. Dans ce film, on se rend compte que l’enfant qui vient de naitre est toute de suite mis dans un carton et abandonné par sa mère et le cadavre qui n’arrive à avoir une sépulture digne de ce nom “ nous explique-t-il.
Dans le film, le corps de Pierre Coulibaly (décédé en ville laissant dernière lui une veuve et une petite fille) avait a été refusé par son village au motif qu’il avait délaissé les coutumes et mœurs du village (ancré dans les traditions) converti en chrétien et installé en ville. C’est un ami de Pierre, Rasmanè Zongo, qui fera de gros efforts pour trouver une solution auprès de quelques jeunes de son quartier appelés les charognards pour inhumer le corps de son ami.
“Nous avons conçu ce film en espérant qu’il sera un élément important pour la cohésion sociale parce qu’il est construit sur l’amitié et la solidarité”, ajoute le réalisateur qui poursuit : “Le film est parti d’une histoire réelle qu’un ami m’a racontée. J’ai trouvé qu’il était possible de la fonctionnaliser”.
Interrogé sur le choix du titre du film “Duga, les charognards”, M. Dao dira que ” Le Duga est cet animal qui nettoie la cité, qui prend toutes les pourritures de la cité, qui donne une vie saine à la cité. De mon point de vue, le titre est beaucoup plus positif “.
Pour sa part, le Ministre a salué le talent des artistes. Il a aussi précisé que le film est comme un hymne à la cohésion sociale et au vivre ensemble et qui, selon lui, aborde deux aspects essentiels. “Je pense qu’au-delà de son aspect divertissement qui n’est pas à négliger, ce film traite des leçons de vie dont la première est bien l’amitié indéfectible entre des personnes malgré leur difficultés quotidiennes, mais qui n’ont jamais oublié le sens de l’amitié. Le deuxième aspect met à nu les travers de la société humaine telle qu’elle est.
Les travers qui n’empêchent pas les autres de se ressaisir à un moment donné dans la vie pour magnifier l’amitié et la solidarité, sans lesquelles, pratiquement aucune société ne peut tenir”explique le ministre Bouaré. Youssouf KONE