Il n’avait rien, lorsqu’il s’est tourné vers l’agriculture. De nos jours, Seydou Kamaté, le président des jeunes ruraux de Débougou en zone Office du Niger, ne manque de rein. Il a acquis richesse et renommée grâce à la riziculture.
Seydou Kamaté est l’actuel président des jeunes ruraux de Débougou en zone Office du Niger. Du haut de ses 1,50 m, il est né d’un père touareg et d’une mère bwa. A priori, le jeune bwa n’a aucun trait apparent d’un paysan agriculteur. Bon teint et robuste, le nom de M. Kamaté (dans le sens digne et noble) est sur toutes les lèvres dans la zone Office du Niger et plus particulièrement à Débougou. Et pour cause ! Ce jeune homme a réalisé des records de productions jamais égalés à Debougou, en termes de production de riz chez les jeunes ruraux. Le jeune Kamaté, après de durs travaux pendant une décennie, est de nos jours une référence dans la zone de Débougou, un modèle.
A 35 ans, M. Kamaté est une figure montante de l’entreprenariat jeune. “L’homme d’affaires”, sobriquet qu’on lui a attribué grâce à son savoir-faire et savoir être, qui n’a aucun diplôme, est parvenu à bâtir, de nos jours, un empire diversifié, faisant de lui l’un des plus grands fortunés de Débougou. Pourtant, il est parti de rien.
De nos jours, M. Kamaté ne descend plus dans le casier rizicole pour faire du repiquage de riz, ni pour cultiver. Ce sont d’autres jeunes qui le font. Ceux qu’il emploie comme ouvrier et qu’il assiste au quotidien dans les travaux. “Je passe tout mon temps dans les champs de riz avec mes ouvriers. C’est ici ma maison”, dit-il.
En dix ans, M. Kamaté a beaucoup produit. Il a même été le meilleur producteur avec plus de 8 tonnes de riz à l’hectare. A ses dires, ces résultats ne sont pas tombés du ciel. Kamaté explique qu’il lui a fallu suivre à la lettre les conseils des techniciens de l’Office du Niger. “Je réalise toutes mes actions à la bonne date. Je respecte le calendrier qui m’a été soumis par les encadreurs de l’Office du Niger. C’est grâce à ça, qu’il y a un rendement conséquent”.
Installé au début sur trois hectares, il avait un rendement de 5 tonnes de riz à l’hectare. Grâce à son courage, sa détermination, sa patience et son esprit d’écoute, il a atteint 8, 100 tonnes à l’hectare en 2013, aux termes de la campagne. C’est au regard de ce résultat, que Kamaté a obtenu le titre de meilleur producteur de la zone de Debougou. Cet exploit n’avait jamais été atteint dans la zone de Débougou par un jeune rural, selon plusieurs témoignages. Ce qui lui a aussi valu les félicitations des responsables de l’ON et surtout du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Le chef de l’Etat l’a d’ailleurs décoré de la médaille du Mérite national en mars 2015. Ce que le jeune Kamaté dit ne va jamais oublier. “Je n’ai jamais imaginé que j’aurai une si grande renommée, les reconnaissances et les félicitations du chef de l’Etat. Mais quand j’ai été décoré par le chef de l’Etat, je me suis dit que je n’avais plus droit à produire en dessous, que je dois foncer afin de garder cette renommée”, a souligné M. Kamaté.
Ainsi galvanisé, le premier producteur de Débougou a eu d’autres ambitions. En 2017, il a fait une demande de 45 hectares à l’Office du Niger. “Sans hésiter, les responsables de l’Office du Niger les ont mis à ma disposition à titre de bail. Sur ces 45 hectares, j’ai fait une culture de contre saison de 10 hectares”, a-t-il affirmé.
Au moment du passage de notre équipe de reportage, des ouvriers recrutés par le paysan modèle, s’affairaient au battage du riz.
Pour l’aménagement de son bail, Kamaté a reçu un financement du Projet de développement des compétences et emploi des jeunes (Procej) à hauteur de 37 millions F CFA dont 20 millions de F CFA de subvention et 17 millions de crédit. Kamaté n’a, jusque-là, pas eu de problème de remboursement du prêt. D’ailleurs, il ne lui reste que 6 mois pour éponger toute sa dette.
Grâce aux revenus issus de la vente de sa production, Kamaté a pu faire des réalisations. “J’ai pu m’acheter une voiture et construis une maison de plus 30 millions F CFA. Qui l’aurait cru “, s’est-il interrogé.
Sûr de lui-même, M. Kamaté est en train de diversifier présentement ses sources de revenus. En plus de l’agriculture, il s’est lancé dans l’embouche bovine.
En zone Office, tous les jeunes l’envient. Mais grâce à son exploit, beaucoup de jeunes qui étaient encore hésitants, se sont lancés à cœur joie dans la riziculture. Kamaté a démontré qu’on peut réussir dans l’agriculture étant jeune. Il remercie l’Office du Niger, sans qui, à ses dires, son succès ne serait jamais possible.
A ses dires, l’Office du Niger est là pour accompagner les jeunes. “A l’Office du Niger, il y a beaucoup d’opportunités. Le travail de la terre est un sacrifice, mais c’est une valeur de réussite sûre”, martèle Kamaté pour qui, le seul regret est que le prix du riz a chuté. La tonne du Ganbianka est cédée à 300 000 F CFA.
Outre Kamaté, une jeune femme a été également médaillée cette année. Fatoumata Bouaré, c’est son nom, ne s’est pas laissée conter les bonnes pratiques de l’agriculture. Grace à son courage, son amour pour la terre, son travail a été reconnu par les plus hautes autorités.
Le jeune Kamaté est aujourd’hui le modèle à suivre pour les jeunes Maliens.