Cela fait maintenant une semaine que je suis arrivé à Bamako. Pourtant logé chez une famille de Kalaban Coro, un quartier plutôt aisé, je ne me suis toujours pas accoutumé à certains usages.
Bien que m’y étant préparé, l’adaptation au fonctionnement de la salle de bain fut parfois compliquée, notamment lorsque les températures extérieures ou celle de l’eau n’atteignaient pas le seuil de confort d’un Français habitué aux douches et aux baignoires.
Le fonctionnement des toilettes fut également une surprise. J’ai beau appuyer chaque fois sur la chasse d’eau, je dois éternellement me résigner à utiliser cette théière en plastique dont le maniement me fait défaut. Un jour, peut-être, réussirai-je à évacuer l’intégralité des impuretés qui encombrent ces cuvettes.
Aucune famille française n’aurait envisagé de repeindre son habitat pour y accueillir un étranger. Le ventilateur, le frigidaire, le four à micro-ondes, et même le repas chaud le soir : mon confort est assuré. Il faut cependant que je reste vigilant face à l’alléchante restauration. Un verre d’eau du robinet ou un morceau de viande mal cuit viendrait douloureusement dérégler mon fragile système digestif. Même les glaçons sont prohibés.
Pourtant, il faut que je m’hydrate suffisamment si je veux lutter contre l’ennemi mortel qu’est la chaleur. Il faut dire qu’en France, l’utilité des climatiseurs est relativement limitée. Celle des chaudières est bien souvent plus importante que celle de ventilateurs. Face à tous ces éléments, force est de constater que ma vie en France baigne dans le luxe des pays occidentaux.
Avachi dans le salon, je me dis que j’ai de la chance d’être bien logé. Quand soudain, le visage d’un curieux apparaît dans l’encadrement de la porte.