Quand on s’appelle Bernard Arnault et que l’on est actionnaire majoritaire de LVMH, le N°1 mondial du luxe, on est forcément assis sur une fortune colossale que les mauvais élèves de nos jours auront du mal à loger dans un tableau de numération des nombres entiers à douze cases.
Selon la dernière évaluation de l’agence américaine Bloomberg publiée le 19 juin dernier, la fortune de Bernard Arnault vient de franchir la cote fatidique de 100 milliards de dollars, soit environ 90 milliards d’euros. A ce palmarès insolent, il rejoint deux autres nababs : Bill Gates (106 milliards), PDG de Microsoft, et Jeff Bezos (119 milliards), patron d’Amazon, le leader mondial incontesté du commerce électronique.
Forcément, Bernard Arnault est le premier français à forcer les lourdes de ce club hyperfermé dont les membres se comptent sur les doigts d’une seule main et qui peuvent se permettre toutes les folies inimaginables du monde. La dernière du bienheureux Bernard Arnault avait été l’annonce, le 15 avril 2019, de deux dons de 100 millions d’euros chacun pour contribuer modestement au financement du chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris ravagée par un incendie dont la violence est encore incrustée dans nos mémoires.
Selon Bloomberg, ni l’heureux élu ni encore moins son groupe, n’a risqué le moindre commentaire sur cette information qui devrait pourtant les combler de bonheur. Quand on est riche à ce point, je suppose qu’on préfère jouer au golfe, à la pétanque, pêcher à la ligne ou changer les couches-culottes de ses petits-enfants… plutôt que de s’occuper de ce genre de détail inutile. Ainsi va notre monde qui concentre les 2/3 de la fortune entre les mains d’une poignée de capitaines d’industries dont l’humeur est fonction des fluctuations quotidiennes des valeurs du CAC 40, du NASDAQ ou du New York Stock Exchange.
Mais revenons à Bernard Arnault, notre cousin gaulois, qui, du haut de ses 70 printemps, devient par la même occasion, l’homme le plus riche d’Europe, cette Europe qui se barricade et ne voudrait pas accueillir sur son sol toute la misère du monde. Les dernières élections l’ont encore démontré en créditant de scores très honorables les partis populistes, ultranationalistes, xénophobes et racistes.
Tout éditorialiste moyennement intelligent pourrait lire correctement ces votes qui traduisent une banalité : « on vous aime tant que vous restez chez vous, tant que nous pouvons piller vos ressources naturelles et tant que vos marchés sont ouverts à nos produits ».
Selon l’agence Bloomberg, l’étincelante santé du groupe LVMH s’expliquerait par l’appétit vorace des consommateurs chinois pour les sacs à main Louis Vuitton et le cognac Hennessy. L’homme est égalementpropriétaire de la marque de champagne Dom Perignon que les compatriotes de Mao Tsé-toung sablent comme si c’était de l’eau plate.
Pour compléter ce tableau qui est une véritable success-story, la presse spécialisée indique que Bernard Arnaultdétient également une participation de 97% dans Christian Dior, la maison de couture fondée trois ans avant sa naissance en 1949.
Comme on peut le voir, l’homme a trouvé sa niche : le luxe. Il y a investi à la fois ses ressources, son énergie, son savoir-faire… et le marché s’est chargé de faire le reste du boulot. D’ailleurs, Bloomberg note que le marché actuel profite à tout le luxe français qui affiche une santé insolente, et il ne serait pas étonnant que dans un proche avenir,Bernard Arnault ait de la compagnie tricolore dans le club des « centimillionnaires », ce qui lui permettrait de sortir un peu du tête à tête avec Bill Gates et Jeff Bezos. Ses poursuivants immédiats sont Françoise Bettencourt-Meyers,première femme du classement Bloomberg, qui apparaît au neuvième rang mondial grâce à L’Oréal (56 milliards de dollars), et François Pinault avec Kering (37,1 milliards) occupe le 23ème rang. Un autre français qui a fait fortune dans la nouvelle économie pointe le bout du nez au 174ème rang mondial. Il s’appelle Patrick Drahi et présente un profil des plus intéressants.
Juif marocain né en 1963 à Casablanca, de nationalité française, luxembourgeoise et israélienne mais établi en Suisse, Patrick Drahi, est un homme d’affaires intrépide à la tête d’Altice, une multinationale spécialisée dans les télécommunications et les réseaux câblés, cotée à la bourse d'Amsterdam. Comme si cela ne lui suffisait pas, Altice France est propriétaire de plusieurs médias français dont Libération, L'Express, BFM TV et RMC. Quand on dispose d’un gros compte en banque et, par ailleurs, on contrôle de nombreux médias, on ne peut que dérouler ses affaires en toute tranquillité surtout que la structure du capital international autorise de placer ses billes partout où elles peuvent se multiplier facilement et rapidement en toute sécurité.
Cocorico pour les patrons français qui devraient être inspirants pour le Mali et l’Afrique francophone puisqu’ils sont notre modèle et presque notre unique source d’inspiration. Il n’y a qu’à faire comme les Chinois : aller à l’école du capitalisme, le dompter et en faire l’arme stratégique de son expansion économique. A cette seule condition, on pourrait compter des Maliens et des Africains dans les cercles très fermés des milliardaires et pourquoi pas des sparring partners aux Bill Gates, Jeff Bezos et autres Bernard Arnault ?