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Contrôle de routine dans les services : Pas d’exception dans un État d’insécurité !
Publié le lundi 24 juin 2019  |  Le Pays
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Qu’un ministre respecte les procédures de contrôle dans un lieu public comme un aéroport sort de l’ordinaire au Mali. Cela, nonobstant l’insécurité grandissante. Cette attitude du ministre des Transports et de la Mobilité Urbaine la semaine dernière soulève certaines réalités pas honorifiques dans notre pays qu’il faudrait remédier pour le bien de tous.

Le changement semble être le bec noir de l’homme en général. Outre, l’habitude est une seconde nature, dit-on dans un dicton. Ce qui se corrobore avec l’attitude des Maliens qui, malgré la recrudescence de l’insécurité dans le pays, peinent à se défaire de certains comportements laxistes susceptibles de porter atteinte à leur intégrité physique et morale.

La semaine dernière, ils ont été nombreux à partager largement sur les réseaux sociaux le passage du ministre des Transports et de la mobilité urbaine, Ibrahima Abdoul LY, à l’Aéroport international Modibo Keita de Bamako Senou. Pourquoi faire du contrôle d’un ministre un phénomène, surtout dans un aéroport ? Sûrement, parce que nous ne sommes pas habitués à voir un ministre ou une grande personnalité se soumettre aux mesures de sécurité dans notre pays. Donc, les autorités violent les principes établis. Cela, malgré l’insécurité régnante. Des ministres ou de grandes personnalités sont exemptés de tout contrôle parce qu’ils ne sont pas susceptibles d’être une menace pour les autres. Cette considération est une erreur qu’il conviendrait de revoir, car on ne vit pas dans un état de guerre comme on vit dans un paradis.

Ly est à féliciter pour ce respect des lois de notre pays, mais ce que nous semblons oublier, il est vrai que difficilement un ministre décide de jouer un mauvais coup contre son peuple en transportant sur lui des choses nuisibles, mais il n’est pas impossible qu’un ministre soit utilisé par des bandits contre son gré. Qu’on se rappelle l’attaque perpétrée le samedi 14 avril 2018 contre le camp de la MINUSMA à Tombouctou, 6e région du Mali. D’après les informations, l’un des véhicules des assaillants était aux couleurs des FAMA et le second était au sigle de la MINUSMA. Dans ce comportement laxiste que nos services de contrôle développent avec l’encouragement des autorités qui ne les habituent pas à leur contrôle, si ces véhicules avaient tenté de pénétrer par exemple dans un lieu public à Bamako, ils allaient réussir ; on allait leur céder le passage parce que la couleur et le sigle sont naturels et ne peuvent jamais tromper.
L’attentat contre le Radisson Blu de Bamako en 2015 devrait également nous servir de leçon. Car, d’après certaines sources, des assaillants sont arrivés dans un véhicule comportant une plaque diplomatique.

Dans un état d’insécurité, les exceptions se taisent et nul ne doit être exclu du contrôle de routine dans nos services. Cela est nécessaire pour la sécurité des personnes et de leurs biens.

En plus de cet aspect, ce voyage du ministre en France entre le 15 et 18 juin dernier pour prendre part à la 53e édition du Salon de Bourget nous livre un autre message : celui de l’État de corruption de nos institutions et de nos agents de contrôle. Nos autorités abusent de leur pouvoir en se montrant trop permissives voire au-dessus des lois établies pour la sécurité de tous. Du côté des agents de contrôle, c’est le complexe. Psychologiquement, on se dit qu’un ministre ou une haute personnalité ne doit pas être soumis à des contrôles. Cela, parce que ces agents ont peur de perdre leur travail. Alors à ce titre, ce contrôle du ministre des Transports au lieu d’être un phénomène extraordinaire constitue plutôt une honte nationale parce qu’elle montre l’état de dégradation de nos institutions ; un État permissif.

Toutefois, l’exemple du ministre Ly, au-delà des simples félicitations, devrait interpeler la conscience de tous les Maliens ainsi que des autorités elles-mêmes pour que si réellement la sécurité constitue une préoccupation majeure que des instructions soient données demandant l’abrogation de toute série d’exemptions en matière de contrôle de routine. Nos ministres ont également intérêt à exiger aux gardiens de leur famille de ne céder aucune dérogation à quiconque veut avoir accès à leur maison y compris eux-mêmes. Il faut toujours être sur ses gardes. En tout cas, le ministre Ly a montré la voie. Si tout le monde faisait comme lui, les ministres seront non seulement en phase avec les difficultés des citoyens, mais aussi ils contribueraient à la sécurisation des personnes et de leurs biens.

Fousseni TOGOLA
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