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Ousmane Christian Diarra, SG du SYNAC : « La République n’a jamais eu d’égards pour nous »
Publié le mardi 25 juin 2019  |  Arc en Ciel
Réunion
© aBamako.com par A S
Réunion des maires et préfets sur le processus électoral
Les locaux de la délégation Générale aux élections ont abrité la Réunion des maires et préfets sur le processus électoral.
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Le secrétaire général du syndicat autonome des administrateurs civils du Mali (Synac), Ousmane Christian Diarra, dans l’interview qu’il nous a accordé, revient sur les menaces grandissantes qui planent sur les Sous-préfets et Préfets de la région de Mopti et sur leurs familles, les fausses promesses des autorités sur la mise à disposition d’agents de sécurité.

Arc-en-ciel : Vous venez d’appeler les Sous-préfets et Préfets à quitter leur poste et à se replier sur Mopti et de travailler à partir de là-bas. Quelles sont les raisons ?

Ousmane Christian Diarra : Le samedi 15 juin 2019, les deux syndicats : SYNAC et SYLMAT ont tenu une réunion conjointe au cours de la quelle, nous avons décidé de demander le repli de tous les Représentants de l’Etat des 8 cercles et 55 arrondissements de la région de Mopti dans la ville de Mopti. Les motifs sont simples. Premièrement : du début des rebellions à maintenant, précisément de 1990 à aujourd’hui, le 2e contingent des victimes se trouvent toujours parmi les Représentants de l’Etat, après naturellement les forces de défense et de sécurité. Et jamais, jusque-là l’Etat n’a pas eu un regard compatissant pour les Représentants de l’Etat. 2e motif, je ne sais pas si vous vous rappelez, le 18 juin 2018 sur notre appel, tous les Représentants de l’Etat de Kayes à Mopti se sont retrouvés au Ministère de l’administration territoriale pour remettre une déclaration au Gouvernement à travers le Ministre de l’administration territoriale, réclamant plus de protection, plus de sécurité pour les Représentants de l’Etat. Un an, jour pour jour, rien n’a été fait. A titre d’exemple concret sur les 55 Sous préfets de la région de Mopti, il n’y a pas un seul qui a un garde à sa disposition. Les 8 préfets, il n’y a pas un seul où un garde passe la nuit. Et il y en a qui n’en ont même pas au bureau pendant le jour.



Autre motif avec la volonté du Gouvernement de désarmer les différentes milices, ces gens ont décidé et ce n’est caché à personne (je rappelle que c’est nous qui administrons le territoire et nous savons de quoi il s’agit), ils ont décidé de s’attaquer à tous les symboles de l’Etat. Et dès lors, ce sont des menaces ciblées personnalisées que les Représentants de l’Etat reçoivent. Le samedi 15 juin 2019, le 1er adjoint au Préfet de Bandiagara a reçu un appel téléphonique nuitamment, l’avertissant qu’il sera égorgé avec tous les membres de sa famille. Nous disposons du message. Après l’appel téléphonique, c’est un SMS qu’on lui a envoyé pour lui certifié qu’il sera la prochaine victime avec tous les membres de sa famille. Nous, Représentants de l’Etat ou administrateurs civils, nous nous rappelons, comme si c’était hier des événements de mai 2014 à Kidal avec la visite controversée de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Cette visite prouve tout à nos yeux. Un Premier ministre qui est le Chef de l’administration qui se sent menacé et se dérobe de cette menace en laissent derrière lui les Représentants de l’Etat sans sécurité. C’est la preuve que la République n’a jamais eu d’égards pour nous. Nous, syndicats, chargés de veiller sur les intérêts matériels et moraux de nos militants, ne croiseront pas les bras devant de telles attitudes. Ça ne va plus se renouveler. Donc, nous avons décidé de demander à nos militants, non pas de replier à Bamako, mais de venir au nouveau régional où ils peuvent continuer à servir.

Arc-en-ciel : Ne pensez vous pas que cette décision va envenimer la situation sur le terrain et créer une certaine psychose au sein de la population ?

O.C.D. : On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. Ce n’est pas la présence symbolique du Représentant de l’Etat qui va atténuer les choses. C’est quand ils parviennent à jouer toute leur partition que les choses s’atténuent. Et, l’Etat n’a rien fait pour donner les moyens à ses Représentants pour qu’ils jouent toutes leurs partitions. Nous insistons dessus, sur les 55 chefs d’arrondissements de la région de Mopti, il y a un seul qui a un secrétaire à plus forte raison un garde. Comment ce seul agent peut assurer la sécurité ou atténuer les choses ? C’est l’Etat qui doit veiller sur la sécurité de tous les citoyens et sur ses Représentants. Si tel n’est pas le cas, l’instinct de survie nous commande de replier.



Arc-en-ciel : Est-ce le rôle des syndicalistes de demander aux représentants de l’Etat de quitter leur poste ? Est-ce que vous avez le droit de prendre cette décision ?

O.C.D. : Naturellement, nous avons tous les droits tendant à la protection des intérêts de nos militants. Nous ne sommes pas hors de la légalité. Avant cela, nous avons demandé aux autorités de façon solennelle et tout le Mali est au courant d’assurer la protection des Représentants de l’Etat. Ça n’a pas été fait.

Lors de nos différents dépôts de préavis de grève, on a toujours renouvelé la même demande, aucune suite n’a été donnée. Donc, nous pensons que l’Etat n’a aucun égard pour cette cause. Et c’est à nous de prendre notre responsabilité. Nous en avons assez de pleurer nos morts et de voir des veuves et des orphelins dans la misère sans compensions. Notre rôle, c’est de veiller à cela.

Arc-en-ciel : Si ma mémoire est bonne, vous avez demandé à l’Etat de ne pas faire de nomination aux postes que les administrateurs civils doivent occupés. Et aujourd’hui, vous demander à vos membres de quitter leur poste ? Qu’en pensez-vous ? Je prends l’exemple du Gouverneur de Kayes dont la nomination a fait beaucoup de bruit.

O.C.D. : Justement. L’Etat ignore à notre sens, ignore les attributions de ses Représentants. On a pas besoin d’être civil, ou militaire pour administrer un territoire. Mais, les textes sont clairs. Ils disent que sont nommés Gouverneurs, les fonctionnaires de la catégorie A, peuvent aussi être nommés les officiers supérieurs des forces armés et de sécurité. Donc si l’exception devient la règle, où va le monde ? Nous déplorons le manque de professionnalisme de ses gens. Nous ne sommes pas dans une administration de 1800. Nous sommes dans une administration moderne et pour cela, il faut des gens qualifiés. Nous en avons fait la formation, nous avons l’expérience et il n’y a pas un seul Gouverneur administrateur civil qui n’a pas derrière lui au moins35 ans de service.



Arc-en-ciel : Pourtant, nous sommes dans une période d’exception où ce sont des attaques un peu partout ?

O.C.D. : Le Gouverneur pas besoin d’être militaire, policier ou gendarme pour pouvoir gérer la police administrative. En ce qui concerne la situation de guerre, le Gouverneur fut-il Général n’à rien avoir dedans. A mon avis, le fait de révoquer le Gouverneur de Mopti, je persiste et je signe s’il n’a pas fait rétention d’information, c’est qu’il y a eu abus et n’est en rien responsable de la situation de Sobane Da.

Arc-en-ciel : Après votre appel, l’Etat, dans un communiqué a demandé à ses représentants de rester à leur poste sous peine de se voir appliquer les textes. Que dites-vous ?

O.C.D : En attendant une réunion que nous allons tenir pour réagir à ce communiqué, tous ce que je peux dire, c’est qu’il est un non événement pour nous. Nous n’avons aucune considération pour ce communiqué. Je m’arrête là pour le moment.

Arc-en-ciel : Qu’est ce que le Peuple malien va pensez de vous ?

O.C.D. : Je voudrais dire simplement au Peuple malien de comprendre notre position. C’est nous qui administrons le territoire et c’est nous qui savons ce qui est en cours. Les informations que nous avons sont sûres et certaines. A temps opportun, nous allons les exhiber au Peuple.

Je donne un exemple. Le 3 mai 2019, le Sous-préfet de Boura dans le cercle de Yorosso a reçu un SMS de menace contre sa personne.

Arc-en-ciel : N’importe qui peut envoyer des SMS non ?

O.C.D. : Non ! C’est très clair et c’était très précis. La personne a envoyé un SMS de menace. Aucune disposition n’a été prise. Le 15 mai 2019, la menace a été exécutée. Le Sous-préfet de Tilemsi a reçu une menace précise avec le nom de celui qui le menaçait. Le 1er adjoint de Bandiagara a reçu un appel téléphonique et son Préfet aussi a reçu ensuite un SMS. On ne me dira pas que ce sont des mensonges. Le 1er adjoint n’avait même pas un chien de sécurité à plus forte raison un agent pour assurer sa sécurité.

Arc-en-ciel : Est-ce que vous pensez qu’avoir un agent à ses côtés peut empêcher ses menaces ou ses envoies de SMS ?

O.C.D. : Dans le cadre organique, il est prévu au moins six agents par Représentants de l’Etat. S’ils ne peuvent pas le faire, ils n’ont qu’à prendre les dispositions. De toutes les façons, la décision que nous allons prendre sera rendue publique lors d’un point de presse solennelle.

Arc-en-ciel : Le mot de la fin

O.C.D. : je dis que comme tous les autres citoyens maliens, les Représentants de l’Etat jouent leur partition, l’Etat doit jouer son rôle, et sortir des faux fuyants, par des menaces.

Propos recueillis par

Amadou Sidibé

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