Face à la dégradation de plus en plus marquée de la situation sécuritaire, avec une forte menace sur le tissu social suite à la multiplication des attaques contre les populations civiles particulièrement celles vivant dans la 5è région administrative, les responsables de la Coordination des associations des ressortissants des cercles de Mopti résidents à Bamako (CAREMB), sont sortis de leur silence.
C’était à la faveur d’une conférence, tenue hier à la Maison de la presse, en présence de plusieurs leaders religieux notamment le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), Chérif Ousmane Madani Haïdara, du Cardinal Jean Zerbo, du révérend Dr Nouh Ag Infa Yattara, ainsi que du représentant des élus locaux des communes de Mopti, Aly Dolo.
Le porte-parole du CAREMB, Me Kassoum Tapo, a expliqué que la rencontre avait pour but de tirer la sonnette d’alarme sur l’évolution inquiétante de l’insécurité dans la région de Mopti, et particulièrement dans les quatre cercles de la zone exondée. Pour exhorter à l’union sacrée, l’ancien ministre a rappelé une citation du roi Gbezo : « Si tous les enfants du pays venaient par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé ». Il a ensuite invité toutes les initiatives à se mettre ensemble pour définir ce qu’elles peuvent faire.
«J’espère de tout mon vœu qu’avec la bénédiction de nos leaders religieux, cet appel à l’unité sera entendu». Me Kassoum Tapo a expliqué qu’il s’agira de concevoir un programme d’actions, un chronogramme pour que l’ensemble des forces vives (autorités politiques, religieuses, coutumières et sociales) des huit cercles de la région de Mopti se retrouve pour la recherche de solutions.
«Et qu’ensuite, nous nous retrouvions tous à Mopti dans un grand forum, un dialogue fraternel qui réunira tous les fils de la 5è région, et qui aboutira à une Charte qui sera fondée sur les valeurs profondes de notre société», a-t-il annoncé.
Pour lui, «la solution ne viendra ni de l’armée, ni de la communauté internationale, mais de nous-mêmes ressortissants de cette région ; nous n’avons que Mopti».
Me Tapo a adressé un deuxième message à la communauté nationale et internationale afin qu’elle se mobilise pour prévenir une situation de catastrophe humanitaire. «Depuis 2012, nous avons assisté progressivement à la disparition de tous les services sociaux de base (école, santé, administration, justice) dans la plupart des communes de Mopti», a-t-il déploré.
Pour sa part, le secrétaire général de la CAREMB, Mamadou Togo, a invité les Maliens à se donner la main pour éviter que la digue de Mopti ne cède et pour que le Mali ne cède pas. A sa suite, le président du HCIM, ainsi que tous les leaders religieux présents ont tour à tour appelé à l’union sacrée autour de la patrie.
Les questions des journalistes ont porté sur les actions futures de la CAREMB, la date de la prochaine rencontre qui aura lieu à Mopti, la possible implication des groupes d’autodéfense dans la recherche de solutions.
La possibilité de dialoguer avec tous les ressortissants de la région y compris les groupes extrémistes et la nomination de l’ancien président de la transition le Pr Dioncounda Traoré comme Haut représentant du président de la République pour le Centre, ont également été évoqués au cours des échanges avec la presse.