Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre LACROIX, et le Secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), Pedro SERRANO, ont effectué du 19 au 21 juin, une visite conjointe au Mali. La restitution de cette visite était au cœur des échanges entre les membres de la délégation et les hommes médias, ce vendredi 21 juin, à l’hôtel Sheraton de Bamako.
Au cours de cette rencontre avec les hommes de médias, M. LACROIX a indiqué que la situation au centre du pays a atteint ce qu’on pourrait appeler ‘’une cote d’alerte’’ avec ces horribles massacres des dernières semaines, des derniers jours. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus pour montrer que nous sommes solidaires, nous sommes unis et pour montrer que nous sommes prêts à augmenter nos efforts pour soutenir les efforts maliens », a dit M. LACROIX à la presse. Toutefois, le Secrétaire général adjoint a rappelé avec insistance que la solution doit être malienne. « L’Accord est une solution malienne, et il faut aujourd’hui une solution malienne aux conflits du centre du pays », a-t-il dit.
Selon lui, il s’agit d’arrêter la spirale de la violence dans le centre du Mali, à travers une stratégie intégrée en soutien aux initiatives du gouvernement malien.
« Notre action commune doit aider à donner un élan décisif aux actions du Président Ibrahim Boubacar KEÏTA et de son gouvernement en faveur du retour de la paix, de la réconciliation nationale et du développement », a-t-il ajouté.
S’agissant du G5, M. LACROIX a déclaré que l’appui de l’ONU à cette force régionale reste intact et déterminé. « La stabilisation du Sahel nécessite une mutualisation des moyens et la présence de cette force sur le terrain est plus que jamais indispensable », a dit le chef des opérations de paix de l’ONU.
Alors que le gouvernement du Mali a plaidé lors de l’Assemblée générale de l’ONU en faveur du renforcement du mandat de la force onusienne pour qu’elle soit capable de traquer les terroristes, le chef des opérations de paix de l’ONU a tranché.
« Le mandat de la MINUSMA est déjà robuste, comme on l’a vu à Aguelhock. Nos moyens ne seront pas augmentés. Le défi, c’est de faire en sorte que nous puissions faire mieux. Il faut mutualiser les moyens, les capacités les renseignements, et être plus dans la prévention. On ne peut pas mettre un Casque bleu dans chaque village. Il faut appuyer le reploiement de l’armée malienne dans le centre et le nord du pays ».
S’agissant du dialogue avec les djihadistes, là aussi, il n’a pas fait la langue de bois : « Nous allons nous inscrire dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord ; il est difficile de dialoguer avec les éléments qui ne sont pas maliens qui sapent les efforts de paix. Il faut un renforcement de la justice pour combattre l’impunité face aux violations des droits de l’homme ».
De son côté, Pedro SERRANO a indiqué que l’UE a un partenariat très fort avec l’ONU et le Sahel. Aujourd’hui, a-t-il fait savoir, il y a un désir pour l’UE de voir comment on peut aider le Mali à faire face à cette situation.
« La sécurité au Mali est stratégiquement importante pour la sous-région et même l’Europe », a-t-il prévenu.
Le G5 Sahel est un catalyseur de coopération régionale. Dans le cadre du G5 Sahel, nous allons appuyer les capacités des écoles de formation militaire dans les différents pays. Cette force est obligée de travailler avec les forces des pays membres.
Pour sa part, le chef la MINUSMA, Mahamat Saleh ANNADIF, a réfuté tout lien entre la violence au centre avec le renouvellement du mandat de la MINUSMA.
« Il est dangereux de faire cette allusion », s’est-il insurgé. S’agissant de la question d’échec de la MINUSMA, il a indiqué que le premier échec, c’est d’abord celui du Mali.
« On a de la chance, on a un accord. D’autres l’ont cherché et ne l’on pas trouvé. Certes, sa mise en œuvre est difficile, mais continuons de nous impliquer pour sa mise en œuvre. Car la lutte contre le terrorisme est un combat complexe ».
Lors de cette visite au Mali, les deux responsables de l’ONU et de l’Union européenne ont rencontré le Président Ibrahim Boubacar KEÏTA, le Premier ministre Boubou CISSE et d’autres membres du gouvernement. Ils se sont aussi entretenus avec les autres parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation et ont rencontré des femmes leaders de la société civile pour discuter du rôle et de la participation des femmes au processus de paix.MM. LACROIX et SERRANO ont également visité le quartier général de la force du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) à Bamako.
Après Bamako, MM. LACROIX et SERRANO se sont rendus jeudi à Mopti, pour constater la situation dans la région et les mesures prises pour y faire face la violence intercommunautaire. Sur place, la délégation a visité des infrastructures construites et renforcées grâce à l’appui des Nations Unies et a rencontré les autorités politiques et administratives et la société civile locales.