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Ménace du ministre Boubacar Bah: la réplique des administrateurs civils
Publié le mercredi 26 juin 2019  |  Info Matin
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© aBamako.com par fousseyni
Journée nationale des Communes du Mali
Bamako, le 22 decembre 2017 le président IBK a présidé la Journée nationale des Communes du Mali au palais des spotrs. Photo: Boubacar Bah dit Bill, président de l`AMM.
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Malgré la menace de sanction disciplinaire brandie par le ministre l’Administration territoriale et de la décentralisation au corps préfectoral en cas de manquement à son devoir, à travers son communiqué en date du jeudi 19 juin dernier, les deux syndicats Syltmat et Synac, ont renouvelé leur appel à leurs militants qui ne sentent pas en sécurité au centre à rejoindre des zones sûres. C’était ce samedi 22 juin 2019 à la Bourse du Travail lors d’une conférence de presse. Les raisons d’une fureur des administrateurs civils !

Le Syndicat libre des travailleurs de l’administration territoriale (SYLTMAT) et le Syndicat national des administrateurs civils (SYNAC) ont conjointement animé une conférence de presse samedi pour désavouer la ‘’sortie malencontreuse’’ de leur ministre de tutelle, Boubacar Alpha Bah, qu’ils considèrent comme un non-événement. La conférence était animée par Ousmane Christian Diarra du SYNAC et Olivier Traoré du SYLTMAT. Face à ce qu’ils considèrent comme un appel au suicide, le corps des administrateurs civils et des travailleurs de l’administration territoriale, par la voix de leurs responsables syndicaux, se réservent le droit d’attaquer désormais en justice toute autorité par la faute de laquelle la vie d’un de leur militant serait en danger.

Défaillance des autorités

Se considérant comme le deuxième contingent en termes de pertes en vies humaines après les forces armées et de défense, dans les crises sécuritaires successives, les représentants de l’État (Gouverneurs de Région, membres des Cabinets des gouverneurs, préfets, préfets adjoints et sous-préfets) estiment que ‘’l’évocation sélective des dispositions des statuts des fonctionnaires et du corps préfectoral qui, au demeurant, imposent à l’État la protection de tous ses agents dans l’exercice de leur fonction, ne saurait émouvoir les administrateurs’’.

« Comme tout le monde, les CEN SYNAC et SYLTMAT ont noté, mais sans surprise, qu’au lieu de s’engager résolument à assumer pleinement leur rôle régalien de protection et de sécurisation de leurs représentants, les responsables du département de l’Administration territoriale, ont opté plutôt d’emprunter la voie facile de la menace et de chercher à faire vibrer la fibre patriotique de l’opinion publique, qui du reste, est fatiguée de compter et pleurer les morts par manque de précautions prises », a martelé le secrétaire général du SYNAC, Ousmane Christian Diarra.

Selon le conférencier, l’appel ‘’au sacrifice ultime’’ lancé par le ministre dans son interview comme dans le communique, est devenu ‘’le quotidien de beaucoup de nos compatriotes et auquel peu de donneurs de leçons s’engageraient résolument, prouve que les autorités ne disposent d’aucune solution pour assurer à leurs représentants les conditions minimales nécessaires leur permettant de jouer pleinement leur rôle de coordination de l’action publique au niveau des circonscriptions administratives’’.

Leçons de patriotisme ?

« Ils appellent à être le capitaine qui quitte le dernier, hymne national brandit, alors qu’au moment de la « distribution » de médailles, ils ne les trouvent pas si méritants pour être décorés (exceptés les gouverneurs, moins dix représentants de l’État sont décorés sur toute l’étendue du territoire !) », a déploré le conférencier, faisant allusion aux préfets, qui ont perdu la vie à Kidal lors de la visite de Mara en 2014, passés depuis aux oubliettes.

À ces appels au suicide, selon M. Diarra, le SYNAC et le SYLTMAT répondent simplement, mais avec fierté et dignité que les représentants de l’État, de par leurs carrières et leurs parcours faits de sacrifices, d’abnégation, de don de soi, de défense de l’intérêt général, de méconnaissance absolue de luxe et de confort dans leur vie quotidienne, n’ont de leçons de patriotisme à recevoir d’aucune autorité de ce pays. Et pour cause ? Les Administrateurs civils et représentants de l’État du Mali sont les plus mal logés, les moins bien traités en termes de salaires, de moyens de déplacement, de gestion de carrières et les plus méprisés dans la sous-région !

Malgré cette triste réalité, a indiqué le responsable syndical, les CEN SYNAC et SYLTMAT n’ont pas hésité à sursoir à l’obtention de primes et indemnités, en levant leur mot d’ordre de grève, en position de force, pour éviter un blocage des institutions par le non tenu de l’élection présidentielle !

Les raisons d’une demande de repli

Selon le conférencier, après la grande insécurité avec armes de guerre, les représentants de l’État sont de plus en plus exposés à la nuisance du développement du communautarisme exacerbé par les notabilités locales, les ressortissants résidant à Bamako, à l’agressivité des associations de jeunes instrumentalisés par le manque de perspective d’avenir, à la montée en puissance des religieux et surtout au manque de culture institutionnelle et administrative de certains hommes politiques prompts à sacrifier les intérêts locaux ou personnels au détriment de l’intérêt général.

Face à ces nouvelles donnes, les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme et réclamé plus de protection en faveur des représentants de l’État qui sont des cibles privilégiées dans un pays en pleine anarchie où l’autorité est très mal perçue par la plupart des citoyens, a-t-il indiqué. Car au moindre mécontentement contre l’État ou tout autre service, les foules furieuses prennent en cibles les représentants de l’État, d’où la multiplication des cas de tentatives de lynchage, de saccages et de vandalisme des bureaux et logements. Comme ce fut récemment le cas à Kani-Bonzon, Kéniéba, Diré, Sangha.

À cette nouvelle forme d’insécurité se sont ajoutés l’assassinat ciblé, les attaques ciblées, les menaces annoncées et exécutées, selon le conférencier.

À titre d’exemples, le 3 mai 2019, le sous-préfet de Boura, dans le Cercle de Yorosso, a reçu un message SMS de menace de personnes se réclamant d’Al Qaïda. Comme promis, la menace fut exécutée le 15 mai sans qu’aucune disposition adéquate ne soit prise.

À Bandiagara, il n’est un secret pour personne que tous ceux qui reçurent un avertissement, à partir des listes dressées par les différentes milices, ont été froidement abattus s’ils n’ont pas fui la ville. L’exemple le plus notable est celui du président local des commerçants, égorgé en plein marché au vu et au su de tous, le 11 juin 2019 !

Le 15 juin 2019, le premier adjoint de Bandiagara recevait à son tour des menaces précises contre sa personne et celle de sa famille, par appel téléphonique puis par SMS.

C’est dans ce contexte d’un nouveau mode opératoire d’assassinat ciblé et annoncé à l’avance que les deux CEN ont demandé le repli de leurs militants, en attendant le désarmement promis par les plus hautes autorités.

Démarches infructueuses

Depuis la création des deux syndicats en 2000, les cinq préavis de grève déposés, la manifestation pacifique du 18 juin 2018 ayant abouti à la remise d’un mémorandum ainsi que la grève de 10 jours observée du 25 juin au 04 juillet 2018 avaient tous comme points communs la demande de sécurisation des représentants de l’État dans l’exercice de leur fonction.

Pour rappel, suite à la recrudescence des menaces et agressions contre les représentants de l’État, sans réaction appropriée des autorités nationales, le SYNAC et le SYLTMAT avaient fait appel aux représentants de l’État, le 18 juin 2018, pour remettre un mémorandum demandant au gouvernement la sécurisation de ses représentants, suite à l’assassinat en son domicile du Sous-préfet de Ouinerden le 18 mars 2018, à l’enlèvement du préfet de Ténenkou, le 08 mai 2018, à l’agression suivie d’incendies des logements et bureaux du préfet, du premier adjoint au préfet de Kéniéba et du sous-préfet de Kani-Bonzon le 11 juin 2018.

Un an après cette manifestation pacifique, aucune mesure particulière n’a été prise. À la date d’aujourd’hui, aucun représentant de l’État, hormis les gouverneurs de Région, ne dispose d’une protection adéquate au bureau et à domicile. Aucun sous-préfet (environ 300) dans le pays ne dispose d’un agent de sécurité rapproché.

Par conséquent, les CEN SYNAC et SYLTMAT ont demandé de nouveau à tous leurs militants dans les huit cercles et 55 arrondissements de la région de Mopti à rejoindre la ville de Mopti ou toutes autres localités plus sécurisées, jusqu’au désarmement total de toutes les milices ou jusqu’à la prise de mesure de protection sécuritaire par les autorités compétentes.

Par Sidi DAO
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