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Non-opérationnalisation de la Force G5 Sahel: la main invisible de puissances étrangères
Publié le mercredi 26 juin 2019  |  Info Matin
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© AFP par SEBASTIEN RIEUSSEC
Le G5 Sahel à Sévaré, au Mali, le 30 mai 2018.
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Malgré les attaques terroristes persistantes dans quatre des cinq pays membres du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali et Burkina Faso) et la volonté affichée des chefs d’État membres de l’organisation à faire face au phénomène, la force du G5 Sahel mise en place, dans ce sens, peine à se déployer et à faire face à sa mission. Dans les coulisses, plusieurs motifs sont avancés, dont le non-payement régulier des cotisations par l’ensemble des pays membres, la volonté de certaines puissances à faire main basse sur certaines contributions des partenaires. Des obstacles d’un engagement !

Sur les 414 millions d’euros promis lors de la Conférence de Bruxelles en février 2018, l’ONU annonce que 190,7 millions ont été déjà décaissés actuellement. La France annonce un chiffre beaucoup moins important avec seulement 93 millions qui ont été recouvrés. Du côté du G5 Sahel, le Secrétariat Permanent déclare n’avoir reçu qu’environ 20 millions d’euros en équipements et services. Au-delà de cette cacophonie des chiffres, la question de fonds décaissés ou non, cache en elle-même un autre problème qui est la complexité et l’opacité du mécanisme de financement, selon Narcisse OREDJE du Tchad.

L’UE et ses pays membres, la France en tête, préconisent que tous les financements transitent soit par le canal européen qu’est l’African Peace Facility, soit par la France. C’est ainsi que les 100 millions de dollars de l’Arabie Saoudite sont versés à la France qui à son tour doit les rendre aux pays du G5 Sahel sous forme d’équipement et matériels militaires. Cette volonté de l’ancienne métropole, la France, est très mal appréciée par les pays du G5 Sahel qui se plaignent déjà de la qualité de certains équipements livrés par la France. D’autres observateurs y voient déjà une main invisible de la France de torpiller une initiative africaine pour en tirer le plus grand profit.

En tout cas, pour les pays du G5, qui ont décidé de mettre sur pied un fonds fiduciaire censé recueillir toutes les contributions, ce mécanisme est inconcevable. Selon des sources bien introduites, les USA et la France préfèrent chacun de leur côté, convertir directement leurs contributions en matériels, équipement et formation des troupes sur le terrain. Ils avancent à ce sujet, la crainte de l’utilisation des fonds à d’autres fins. À l’heure actuelle, l’on indique que d’autres donateurs hésitent entre ces différents canaux de financement.

À part les problèmes de financement et de leadership, il est à se demander si les États membres du G5 sahel ont la volonté de se mettre ensemble pour combattre le terrorisme. Dans sa récente parution, la lettre du Continent révèle que depuis 2016, le Tchad n’a versé aucun fonds de sa contribution annuelle de 400 millions de FCFA.

Face à ces facteurs qui handicapent l’opérationnalisation du G5 Sahel, la Force Barkhane reste incontournable pour bloquer des groupes terroristes surarmés et très mobiles sur le terrain. Bien qu’engagée sur le terrain avec l’opération Barkhane, la France est vue comme un partenaire qui défend ses intérêts économiques, à travers le commerce d’armes qui n’avantagent guère l’avancée du processus de paix, comme l’on peut le constater, depuis 2013 qu’elle est au Sahel. Toute chose qui explique d’ailleurs, de plus en plus, la montée en puissance du sentiment antifrançais dans notre pays, ces derniers mois.

Par ailleurs, l’Algérie et la Libye sont deux maillons importants qui peuvent contribuer à stopper l’expansion du terrorisme, mais ils ne sont pas membres du G5 Sahel. Si leur absence est à déplorer, la situation sécuritaire en Libye pose des soucis supplémentaires puisque l’État y est absent. Partageant de larges frontières avec le Niger et le Tchad, deux pays membres du G5 Sahel, la Libye est actuellement sous l’emprise de plusieurs groupes armés aux motivations douteuses. Combattre le terrorisme au Sahel sans résoudre la question libyenne est donc peine perdue puisque en interne, il est impossible de contrôler les frontières afin de contrecarrer les mouvements des groupes armés, a fait constater un observateur. Il est donc évident qu’à chaque fois que les terroristes seront traqués, ils se replieront en Libye avec la possibilité de nouer des alliances avec d’autres groupes, ce qui les rendra encore plus forts.

Par Sidi DAO

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