Le mardi dernier, au Palais de Koulouba, s’est déroulée la cérémonie officielle d’installation du triumvirat dans le cadre du Dialogue politique inclusif, que le gouvernement s’apprête à organiser. Plusieurs acteurs politiques, pourtant attendus, ont tout simplement boudé l’évènement.
Présidée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, la rencontre s’est déroulée en présence des membres du gouvernement, ceux de la classe politique issus de la majorité, des membres de la société civile malienne, des corps diplomatiques. Et bien sûr,le fameux triumvirat : l’actuel médiateur de la République, Baba Hakim Haïdara, l’ancien Premier ministre, Ousmane IssoufiMaïga, et Animata Dramane Traoré, ancienne ministre de la culture.
Le gouvernement, conformément à sa feuille de route, issue de l’Accord politique de gouvernance, tiendra très bientôt des réflexionssur l’avenir de la nationale malienne et ses choix. Un exercice auquel le peuple malien, dans son ensemble, devrait être associé afin de garantir son caractère inclusif.
Mais, d’ores et déjà, sans grande stupéfaction, des voix discordantes se font entendre. D’abord, sur le choix unilatéral des membres du triumvirat, opéré par le président de la République, sans consulter l’opposition politique ; mais aussi, le contenu des termes de référence de ce Dialogue politique inclusif qui devrait baliser le chemin de lendemains meilleurs.
En tout cas, mardi dernier, le Malien lambda a dû constater l’absence du chef de file de l’opposition, SoumaïlaCissé, et de certains acteurs politiques et de la société civile, à la cérémonie d’installation des membres du triumvirat. Une absence dont les raisons en disent long sur la déception du peuple malien vis-à-vis du pouvoir en place.
«L’absence de Soumaïla Cissé, qui, pour certains, s’est fait représenter par l’ancien ministre Salikou Sanogo, explique le fait que les préoccupations majeures et attentes du peuple ne seront pas à l’ordre du jour de ce Dialogue politique inclusif. À vrai dire, l’ancien ministre Salikou Sanogo, était à la cérémonie au nom de l’URD et non du chef de file de l’opposition qui a reçu une invitation personnelle. Aussi, l’absence de certains acteurs politiques, Choguel Kokalla Maïga du MPR, Djibril Tangara du parti FCD et autres, explique le fait qu’ils ne voudraient pas être responsables de la mauvaise vision ou volonté du pouvoir.
D’ailleurs, le caractère inclusif de ce dialogue est déjà mis à mal par le fait que l’opposition n’a pas été consultée, d’abord,sur le choix des membres du triumvirat, mais aussi, sur le contenu des termes à débattre au cours des prochaines assises»,confie un membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FDS).
Des inquiétudes non prises en compte par l’aîné des Maliens, qui, au cours de la cérémonie d’installation des membres du triumvirat, s’est livré à une scène théâtrale sans pour autant expliquer à son peuple l’arrière-plan de ce Dialogue politique inclusif.
Et notre interlocuteur d’ajouter : «Tout porte à croire que le président de la République et le gouvernement veulent tenir ce Dialogue politique dans la seule optique de faire passer la révision constitutionnelle. Et, pour nous, membres de l’opposition, le peuple a des préoccupations plus importantes et pressantes que cette révision constitutionnelle.»