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Pour circonscrire le conflit arme dans le centre du pays: Les différentes sensibilités religieuses maliennes appellent à l’union sacrée
Publié le samedi 29 juin 2019  |  Aujourd`hui
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Face à la situation sécuritaire très précaire dans le centre de notre pays, le président de la Coordination des associations des ressortissants des cercles de la région de Mopti résidant à Bamako (Caremb), Me Kassoum Tapo, a animé, le lundi 24 juin dernier, à la Maison de la Presse, une conférence de presse pour appeler les fils du terroir à l’unité sacrée afin de mettre fin à toutes ces tueries dignes d’une autre époque. Pour la circonstance, il était entouré du président du Haut conseil islamique du Mali (Hcim), Cherif Ousmane Madani Haidara, du Cardinal Jean Zerbo, du Révérant-pasteur Dr Nouh Ag Infa Yattara.

Dans son intervention, le président de la Caremb, Me Kassoum Tapo, a appelé à l’union tous les enfants de la région de Mopti pour mettre fin aux différentes tueries. Selon lui, tout le monde est interpellé face à cette situation qui détériore cette belle région, Mopti. À en croire Me Tapo, il a entrepris plusieurs actions pour l’apaisement et la cohésion sociale au centre du Mali.

Me Tapo estimera que l’ancien président, Amadou Toumani Touré, peut bel et bien résoudre cette situation. Ainsi, il dira qu’une délégation de la Caremb s’est même rendue à Dakar afin de solliciter l’implication du président ATT pour la gestion du conflit qui secoue le centre du pays. A ses dires, ce dernier a accepté les propositions. Avant ATT, Me Kassoum Tapo a noté qu’il avait entrepris des démarches auprès de plusieurs cadres peuls comme Dogons pour une solution rapide à cette crise.

Pour Me Tapo, il n’est pas question pour eux d’être spectateurs des bilans macabres de ces tueries, parce qu’il faut trouver une solution urgente à cette crise. « Koulogon, Ogossagou, Sobane, Sobane… ces tueries doivent cesser. La solution à toutes ces tueries ne viendra pas de l’armée malienne ni des forces étrangères, mais du peuple malien. Ma conviction, je suis persuadé que vous la partagez tous ici, est que la solution ne peut venir que de nous. Elle ne viendra pas de l’armée ; elle ne viendra pas de la communauté internationale, la solution, c’est nous, c’est vous, les enfants du terroir de Mopti. Nous n’avons que Mopti, c’est notre terroir où sont couchés nos pères, nos mères, où j’espère, nos enfants vont retourner demain et nous espérons, nous-mêmes, retourner être couchés là-bas », a-t-il laissé entendre.

Il a aussi invité les uns et les autres à taire leur égo au nom de la paix et de la cohésion sociale. « Qu’on se retrouve ensemble, sans aucun leader. Je n’ai aucune prétention d’être le leader de quoi que ce soit », précise-t-il.

De l’avis de l’avocat, il faut identifier tous les problèmes des différents cercles et tenir un forum à Mopti. « Nous définirons ensemble ce que nous devrons faire. Nous allons concevoir ensemble un programme d’action, un chronogramme pour aller dans chacun des huit (8) cercles de la région de Mopti… », a-t-il annoncé. Il proposera également d’identifier tous les problèmes des cercles exondés et inondés de la région de Mopti. Avant de recommander la tenue d’un grand forum à Mopti dans le cadre d’un dialogue fraternel. Car, la situation humanitaire est catastrophique dans la région de Mopti.

Pour sa part, le président du Hcim, Cherif Ousmane Madani Haidara, a déploré les tueries au centre du Mali. Pour lui, ce problème est d’ordre national. « Tout le monde doit se donner la main pour combattre ce mal », laisse-t-il entendre. Aux dires du guide spirituel des Ançardine, il n’y a ni de conflit ethnique ni de conflit religieux au Mali. « Nous ne faisons pas face à un conflit Peul-Dogon. Ce n’est pas une guerre ethnique. Les forces du mal ont su profiter pour ethniciser le conflit. Ne tombons pas dans leur piège. Les forces du mal veulent, après avoir ethnicisé le conflit, nous conduire à une guerre religieuse en s’attaquant à la communauté chrétienne », précise-t-il. Car, selon lui, ce sont les mêmes personnes qui tuent les membres des deux communautés Peulh et Dogon. Avant de terminer, le guide Chérif Ousmane Madani Haidara a rassuré du soutien et de l’accompagnement des religieux maliens auprès de Me Tapo pour la paix dans la région de Mopti et partout au Mali.

Les leaders religieux doivent être des sentinelles

Quant au Cardinal Jean Zerbo, il dira qu’il est inadmissible que les populations innocentes soient tuées gratuitement. Pour lui, en tant que leaders religieux, ils doivent être les sentinelles de ce pays. Il estime que le plus grand danger dans un pays, ce sont la méfiance et le manque de confiance entre les populations.

En ce qui concerne le Révérant-Pasteur, il a rassuré qu’ils continueront toujours à faire des prières pour le Mali. « Nous allons continuer à être des sentinelles. Nous n’avons d’autre pays que le Mali. Nous sommes obligés de vivre ensemble », dira-t-il. Avant d’inviter tous les Maliens à se donner la main pour la paix au Mali.

Pour le secrétaire général de la Caremb, Mamadou Togo, la région de Mopti est à un tournant décisif de son histoire. Selon lui, il faut tout faire pour éviter que d’autres tueries se fassent au centre du Mali. « Nous devons cesser de pleurer nos morts pour sauver les vivants. Il est temps d’arrêter les tueries insensées, barbares », a-t-il dénoncé.

Il estimera que seule l’union de tous les Maliens pourra combattre ce mal qui ronge la région de Mopti. « Nous devons nous donner la main pour chasser ceux-là qui nous mettent en brouille. Toutes les ethnies du Mali doivent conjuguer leurs efforts pour bouter hors de notre territoire les intrus qui sont venus et qui nous causent tant de problèmes », martèle-t-il. Et d’ajouter que l’État doit faire mieux pour protéger les citoyens et leurs biens. À en croire Mamadou Togo, la famine guette les populations de la région de Mopti. Il ainsi invité l’État à trouver une solution rapide et durable. « L’État doit endiguer ce qui se profile à l’horizon pour nous, la famine. Le berger ne pourra pas, si on continue à ce train, amener ses animaux au pâturage. Le paysan ne pourra pas cultiver le champ. Et si ces deux activités s’arrêtent, c’est l’arrêt de tout pour nous les populations. Nous refusons de croire à un conflit peul-dogon. Il n’y a pas de guerre ethnique. Que tout le monde le comprenne, que tout le monde réfléchisse qu’il n’y a pas de guerre ethnique dans la région de Mopti », précise-t-il.

Boubacar PAÏTAO

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