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Inaïssa Touré, actrice comédienne : “Nous déplorons la fermeture des salles de cinéma et de spectacle au Mali”
Publié le dimanche 30 juin 2019  |  Mali Tribune
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Dans l’entretien ci-dessous, l’actrice comédienne, Inaïssa Touré, nous amène dans le monde du 7e art au Mali. Elle nous fait découvrir les difficultés des conceptions artistiques avec la population malienne et l’inertie des autorités dans la promotion de l’art et la culture.

Mali Tribune : Pouvez-vous nous parler de l’art théâtral et la différence entre un humoriste, un comédien et un acteur ?

I. T. : Au Mali, tout est confus concernant l’art théâtral, le cinéma et les spectacles d’humour. Il y a des acteurs de cinéma, des comédiens et aussi des humoristes. Les humoristes font rire les gens et sont plus stars que nous les acteurs comédiens au Mali (Ndlr). Moi, je ne suis pas humoriste, je suis actrice comédienne, c’est-à-dire que je joue dans des films et des théâtres. Dans l’art théâtral, il y a des comédiens comiques et des comédiens tragiques. Moi je suis comédienne tragique, voire dramatique. Je ne peux pas faire rire les gens mais je peux les faire pleurer. Par contre Habib Dembélé, malgré sa polyvalence, sait plus faire rire les gens que les faire pleurer. Il est humoriste, comédien comique.

Mali Tribune : Quand on parle de l’art théâtral, cinéma et autres, il y a forcement un public à l’attente. Quelles sont vos principales difficultés avec votre public cible ?

I. T. : Il y a ce souci de la mécompréhension de l’art théâtral par la population malienne. Le théâtre se vit, il ne se filme pas, il se vit en ‘’live’’. Nous, nous avons eu cette malchance d’être avec une population qui a connu l’art avec des gens qui faisaient du ‘’Kotèba’’, c’était du théâtre rural. Certains privilèges suffisaient à ces acteurs. Ce n’était pas comme aujourd’hui où l’artiste a besoin de vivre de son art. Avec l’intégration de l’art dans le programme scolaire malien en 2014, on espère que les mentalités vont changer d’ici 10 ans.
Il y a aussi un deuxième problème : la langue. Dans les autres pays voisins, tout le monde parle le français. Si tu prépares un spectacle, tout le monde s’y retrouve mais ici au Mali, on a un gros problème de langue. Les sponsors (ONG et autres), exigent le français. Le public cible ne comprend pas la langue française. Donc on a de grandes difficultés à faire converger les deux, sponsors et public.

Mali Tribune : L’autorité politique vous accompagne-t-elle comme il se doit ? Sinon, quelles sont vos attentes aujourd’hui ?

I. T. : Les autorités maliennes ne se soucient pas du tout de leurs artistes. Tout ce qu’ils disent à propos de leur culture n’existe pas dans leur comportement. Ils mettent des gens dans des fonctions culturelles qu’ils ne méritent pas. Des gens qui méconnaissent la culture malienne et qui ne s’en soucient même pas.
Ce que nous déplorons aujourd’hui, c’est la fermeture des salles de spectacle et de cinéma au Mali. D’ailleurs il n’y a pas de salle spécialement conçue pour le théâtre au Mali. On veut des salles, de théâtre et de cinéma, l’entreprenariat culturel passe obligatoirement par des espaces culturels.
Le manque d’espace d’expression nous censure vraiment. Nous voulons que l’État rouvre les cinémas qui sont fermées au Mali. Si on ouvre ces salles de cinéma, nous en tant qu’artistes, nous serons obligés de produire pour que les salles fonctionnent. Beaucoup d’entre nous abandonnent l’art par manque d’espace d’expression.

Entretien réalisé par
Koureichy Cissé
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