Il y a deux ans dans cette chronique nous écrivions : « … Le fait d’envisager un 2e mandat pour un président qui a du mal à terminer le premier, est en soi une provocation et un mépris pour le peuple. Car, il est évident que les Maliens ne peuvent plus supporter deux ans de plus d’un règne aussi prédateur qu’inefficace. Le Président le sent tellement qu’il a voulu anticiper et organiser la transition maladroitement dans son projet de révision constitutionnelle», chacun peut témoigner de la suite…
Le temps est venu de décortiquer comment la gouvernance IBK a organisé la faillite du Mali, et de nous dire pourquoi cet homme et son clan ne peuvent plus continuer à diriger notre pays à moins que nous soyons des adeptes du suicide collectif.
Le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita, aurait pu rester dans les mémoires comme l’homme de la résurrection nationale. Le contexte de la crise l’y aidait, après l’effondrement de l’Etat suite à l’occupation due, aux effets conjugués du coup d’Etat, de la jonction entre la rébellion touareg et l’infiltration des groupes djihadistes en 2012.
Mais, dans son ivresse du pouvoir, il a faussé le destin du pays qui est en passe de devenir une entité chaotique ingouvernable. La surdose de la mal gouvernance a conduit à la socialisation de la corruption et surtout rendu l’Etat invertébré.
En vérité, c’est la failli du pays que le Pouvoir IBK a méthodiquement organisé en détruisant la vitalité de toutes les institutions de médiation sociale et de toutes les institutions nationales.
Un pouvoir sensé, animé de patriotisme aurait saisi le contexte de la solidarité internationale soutenue autour du Mali, pour transformer la manne providentielle et la compassion exprimée en prospérité durable et en s’organisant mieux.
Il y avait de quoi espérer la grande réforme de l’Etat, d’en finir avec la politique de promotion du communautarisme, de renforcer les politiques publiques en cours d’exécution en particulier dans les domaines des infrastructures routières, d’équipement et de communication, de l’agriculture, de l’emploi, de la recherche scientifique et des technologies, de la culture, de la santé avec la modernisation des hôpitaux et de la crise du logement etc.
Seulement voilà, IBK n’a pas de projet, pas de vision donc pas d’architecture adéquate comme réponse à la crise du pays, car une vision conduit toujours à une architecture capable de la matérialiser.
Il n’avait que la disqualification des politiques passées dont il est par ailleurs comptable, des petites phrases, qui le rattrapent par ailleurs, confortant ses électeurs dans leur ignorance du contexte national et international. Il n’est pas venu pour assumer le pouvoir, mais pour le consommer. Il ne gouverne pas, il gère son fauteuil.
L’argent du contribuable a servi à l’enrichissement personnel, de magot de négoce pour un deuxième mandat alors qu’il peinait à finir le premier. Jamais l’avenir du Mali n’a été autant compromis et peut-être même son existence.
Depuis plus de cinq ans, le pouvoir est sans égard pour son peuple qui se réveille chaque jour avec son lot scandale financier, moral et politique. La dilapidation des ressources nationales a été rendue possible par l’écrasement de l’État totalement « patrimonialisé » et, l’Administration clochardisée. Le régime, a en effet rétablit dans un décor de démocratie factice, les mécanismes archaïques du pouvoir absolu. Il a de fait mis fin à toutes les institutions de concertation qu’il avait trouvées. Il n’est comptable devant personne et n’a de comptes à rendre à aucune institution nationale.
Au Mali, sous IBK le pouvoir personnel est doublé d’un immobilisme institutionnel à nul autre pareil. Toutes les institutions nationales sont intellectuellement corrompues de l’intérieur, voire tout simplement corrompues. L’illustration est magistralement fournie par la Cour Constitutionnelle et l’Assemblée nationale qui continue à siéger en toute illégalité.
En absence de liberté et d’autonomie pratiquée, les institutions républicaines, publiques et sociales sont devenues des coquilles vides. Dans un tel contexte, il n’y a pas eu de représentation véritablement démocratique pour limiter les dégâts.
Il en est du même de la mise en cause de la séparation des pouvoirs par la gestion familiale et clanique du pays, les rôles s’interfèrent en toute évidence. L’exécutif s’empare du pouvoir législatif (transformé en boite à lettres) et du pouvoir judiciaire. Les cercles de pouvoirs occultes se créent en dehors des institutions et s’imposent à celles-ci. Ce danger du pouvoir familial se révèle à l’asservissement du personnel qu’il place à la tête des institutions. Par exemple le président du pouvoir législatif dépendant et inféodé à la famille ne peut être qu’un auxiliaire. Dès lors, la mission parlementaire est neutralisée.
Le pouvoir juridictionnel, vient d’ôter à la nation tout espoir de neutralité et d’efficacité à l’occasion des élections présidentielle et son avis sur la prorogation du mandat des députés.
Le seul pouvoir qu’il a mis du temps à apprivoiser semblait être la presse qui l’a payé le prix fort au fur et à mesure qu’elle découvre les scandales. A ce jour, seuls quelques titres et personnalités tiennent encore face à l’assaut.
De cette crise des institutions, des prédateurs de tous poils en ont tiré fierté et puissance. Ils se sont dit avoir la main mise sur la Cour constitutionnelle, le ministère de la sécurité intérieure, de l’administration territoriale, de la défense et de celui de la justice, point d’inquiétude. Ces entités ont constitué le palais sur lequel ont atterri avec certitude toutes les mauvaises intentions, tous les attentats contre la démocratie et la nation.
Voilà comment la corruption interne des institutions conduit à organiser la faillite, économique, politique et sociale du Mali. Voilà comment la gouvernance IBK a organisé la faillite du pays. Peu lui importe que la démocratie se réduise à une lamentable image caricaturale. De cet échec d’un homme, on est vite passé à l’abandon du pays à la dérive.
Le Mali de 2019 est un Etat en décomposition, un pays à l’abandon avec la complicité active d’une minorité de l’élite, avide d’argent de luxures, agrippée à son quotidien en abandonnant toute ambition pour sa nation, voire même son groupe ethnique.
Le grand danger a été que le pouvoir IBK a toujours couvert sa faillite en promouvant une communication par laquelle du « bon usage du terrorisme », la menace terroriste, est instrumentalisée pour justifier de l’Etat, son reniement de toutes ses responsabilités dans le domaine de la sécurité et de la défense de l’intégrité territoriale du Pays. Pire des conflits intercommunautaires sont quant à eux instrumentalisés, voire organisés à des fins de conservation du pouvoir. Ce faisant il a mis le pays et la nation en péril, c’est pourquoi aucune solution de sortie de crise ne peut se faire avec la prééminence de IBK au pouvoir.
Dans la prochaine livraison nous proposeront l’esquisse d’une transition pactée.